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Les partis contre le peuple.

Aux réactions négatives de l’Europe au vote des Suisses sur la fermeture des frontières aux flux migratoires, une question, une seule, est à vraiment poser en Belgique et en France.
La démocratie doit-elle être conduite par les responsables des partis et de leurs ministres ou bien est-ce le peuple, régulièrement consulté qui trace les grandes lignes de la politiques que ses mandataires exécutent ?
Vue ainsi la question paraît saugrenue et pourtant elle est moins farfelue qu’il y paraît.
Il n’est, ni plus ni moins question que ce que les uns et les autres entendent par démocratie.
Entre diriger un pays d’après des lois votées « entre soi » ou se fier à l’avis du plus grand nombre, il y a un monde de différence.
En Belgique, on procède à une consultation tous les quatre ans sur la politique générale des quatre années suivantes, étant entendu que cette consultation n’a qu’une seule utilité, déterminer d'après le nombre de voix, le quota des partis qui se répartiront les sièges au parlement.
Le citoyen n’a même pas son mot à dire sur les places qu’occuperont les candidats à la représentation. C’est le rôle des présidents de parti. Autrement dit, le « vrai » vote a lieu entre une dizaine de citoyens, qui désignent ceux qui seront élus, parmi les candidats.
Évidemment pour appâter l’électeur, les postulants proposent aux citoyens des projets : l’aménagement des villes, les infrastructures, la politique d’immigration, le chômage, etc. sous forme de promesses électorales.
Mais, ces propositions ne seront jamais tenues dans les gouvernements en exercice, tous de compromis. Il faut aussi compter avec les lois européennes que l’on ne peut enfreindre sans pénalité, la mondialisation de l’économie, informelle et vague, mais qu’on ne peut contourner.
Autrement dit la démocratie par délégation de pouvoir aux partis politiques n’est pas à proprement parler une réelle représentation des citoyens. Elle n’indique pas la politique qui sera suivie par les « élites ».
D’où un nombre, de plus en plus considérable d’électeurs qui estiment que ce système ne fonctionne pas bien, ou pas du tout. Dès lors, ils s’en détachent, s’en désintéressent, votent à tort et à travers pour n’importe qui, à défaut de rester chez eux ce dimanche-là, attendu qu’en Belgique, l’absentéisme est pénalisé.
La demande de référendum, à l’aide d’une certaine procédure, est une démocratie plus directe, plus imprévisible aussi, dont les élus ont du mal à admettre le bien fondé ; alors qu’il procède du principe même de la démocratie, à savoir que c’est la majorité qui exerce l’autorité et que c’est elle qui détermine les politiques à suivre.
Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, qu’on imagine à tort ou à raison que les référendums sont des sources de manipulation du peuple, une fois la chose plébiscitée, il faut que majorité et minorité s’accordent et que les élus travaillent selon les indications qu’ils ont reçues.
On aura compris tout de suite que des mégalomanes comme Di Rupo, Magnette, Reynders, Michel, Milquet, Lutgen et consort sont hostiles à cette démocratie-là.
Ils ne le disent pas ouvertement, mais chacun l’aura compris, ces gens ne font pas confiance au peuple. Ils sont trop imbus de leur personne pour imaginer que la multitude leur est supérieure. Ils ne parlent que de suffrage, de respect de l’urne, mais ils n’en croient pas un mot.
Les Suisses ont voté pour interdire les minarets. Quelle qu’ait été la raison de ce choix, influencée ou non par la droite, eh bien ! c’est comme ça. Il n’y aura pas de minaret en Suisse.
Ils viennent de voter une fermeture des frontières à l’immigration, qu’elle soit d’origine européenne ou extérieure à l’Europe. Il faudra donc que Berne revoie tous les traités en vigueur avec l’Europe. La Suisse risque de tout perdre par l’effet de guillotine, et alors ?
Puisque c’est une majorité de citoyens qui le souhaite, l’exécutif devra négocier ce qu’il pourra sauver des accords avec l’Europe.
On parle déjà d’une entente tacite des « élites » pour atténuer les effets du référendum. Un peu comme on a fait avec le Traité de Lisbonne que les peuples ne voulaient pas trop. En Belgique, Di Rupo l’a ratifié d’autorité au nom de son pouvoir délégué des citoyens. Tour de magie qui vaut pour d’autres pays, d’abord refusant et puis l’adoptant par lassitude des peuples. Peut-être que les Commissaires européens sont de mèche avec les responsables suisses pour faire en sorte que le dernier référendum soit contourné, amoindri… escamoté !

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On peut détester la politique référendaire, trouver que, vu la montée des extrêmes droites, on n’a pas fini d’en voir des raides et des pas mûres, cela s’appelle quand même une démocratie moins suspecte que celle de la supernova Di Rupo qui nous prend pour des immatures incapables d’assurer leur avenir.
Il n’est pas dit que si nos démocraties par délégation l’avaient été par référendum d’initiative populaire dans les débuts de l’Europe, celle-ci n’aurait pas un autre aspect et d’autres fonctions que celle qui s’est construite monstrueusement dans notre dos.

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