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Nombrilisme au centre.

Sans l’avoir imité par un discours daté, Élio Di Rupo a quand même rallié l’option centriste de François Hollande. A-t-il demandé l’avis du bureau du PS ? Sans doute, mais comme un chef qui a besoin d’approbations et pas d’avis contradictoires. Rallié est beaucoup dire. Elio avait précédé de beaucoup son auguste modèle.
De toute manière, personne n’en a rien su et, comme ce dont on n’a pas à se vanter est en général la chose la mieux gardée, le bureau du PS n’a pas colporté le nouvel esprit sur le boulevard de l’Empereur, où, chacun sait, qu’il y a toujours un journaliste à faire les cents pas.
Il faut croire que cette option n’a pas soulevé de vague. Les non-dits vont vite et les interprétations davantage. Il s’agit de garder le cap d’après le cap et ainsi de suite, jusqu’au grand timonier, avec toujours la pogne sur la poignée de l’attaché-case que le supérieur direct confie à l’inférieur immédiat, ainsi en est-il dans le parti des Frères et des Camarades, jusqu’au sommet de la pyramide.
Tous au PS dépendent du chef et tout découle de lui. Un cercle restreint approuve et ose quelques objections pour faire comprendre qu’il existe. Le reste a les oreilles de la NASA à l'écoute de l'univers. Il s’agit de bien interpréter. Malheur à qui outrepasse et pire, néglige, les ordres non-exprimés, les indications non-avouées.
Seule la FGTB a l’autorisation de remuer les branchies sous l’eau pour ne pas décourager la base en apnée perpétuel.
Mais le parti a encore dans chaque ville et dans les bourgs, des Comités d'arrières salles de café, qu’on appelait jadis les Maisons du Peuple. Le centrisme y a été très bien appris et les Comités se sont ralliés à l’inimaginable. Ceux qui, de près ou de loin, n’avaient pas besoin du parti pour aller à la soupe et à qui le centrisme ne plaisait pas, se sont inscrits au PTB.
La défection n’est pas encore chiffrable. On le verra après le 25 mai. Cependant d’après l’avis des experts, elle ne devrait pas aller au-delà de 5 % au pire. On penche plus souvent pour 3 %. Ce qui, en comparaison des vives déceptions ressenties à la base, n’est pas trop grave. Les camarades centristes ne s’en ressentiront pas trop. Le centrisme, façon montoise, ne tournera pas au jeu de massacre.
Reste que si le PS tombe dans l’opposition, on se demande après sa déclaration d’amour pour la classe moyenne, comment il va faire pour opposer aux centristes de la nouvelle majorité des idées contradictoires ? À un départ du fédéral, il est impensable que le PS sorte aussi du régional. Magnette et Demotte peuvent se tenir à la rampe de l’escalier, Supernova disponible, tout peut leur arriver.

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La grande réputation de Di Rupo pour le vol à voile et la prise de vent en politique n’est plus à faire, mais quand même, il va falloir qu’il étudie sérieusement les discours de Hollande pour les adapter au cas de la Belgique et cela sans tomber aussi bas dans les sondages, que le président français.
Ces élections sortent quand même de l’ordinaire.
Nous allons avoir en Wallonie le CDH, le PS et le MR, sans oublier le FDF, quatre partis qui se disputeront le même électeur centriste ! Di Rupo l’a dit, il proposera à l’artisan et au commerçant un pacte social de progrès et au travailleur une soupe à peu près identique. A peu de choses près, les trois autres en feront autant, même si on y parle un peu moins du chômeur, dont Di Rupo a encore le front de vouloir défendre les intérêts.
Ce serait le puzzle fatal pour le PS, si l’électeur n’était pas un animal casanier qui n’aime pas la nouveauté. Aussi les trois familles centristes se regarderont-elles en chien de faïence et les troupes camperont-elles sur leur position. A ce jeu, le FDF devrait faire chou blanc en Wallonie.
Dans le micmac, les écologistes sont à part. Quoique la maison produise autant de Chicaneau qu’il y a de tendances, le parti est sur des positions plus à gauche et innovantes que le PS. Il ne devrait pas trop ressentir les effets du ras-le-bol de l’électeur.
L’électorat centriste est donc déchiré entre un tropisme de droite et un tropisme de gauche. On va vers une coalition originale de ces tropismes, contre la N-VA en face.
Reynders et Di Rupo sont des artistes. Lutgen devra faire gaffe, son compas a déjà ripé avec Anne Delvaux. Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude.
Pour les Francophones, ce sera un combat naval : un coup dans l’eau, foutaise des centres.
La prise de Jérusalem se fera ou ne se fera pas, par Saladin d’Anvers.

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