Vivent les affaires courantes !
On est embêté. Enfin « on », ils sont embêtés. Nous, nous sommes seulement dans l’embarras, du fait qu’ils soient embêtés.
Et si le scénario catastrophe se reproduisait, comme ce fut le cas : 541 jours sans gouvernement, enfin presque, puisque c’était le terne Leterme qui était chargé des affaires courantes ?
Une aubaine pour quelqu’un qu’on ne voulait plus et qui palpa un an et demi de salaire pour quasiment se les rouler !
Jusqu’au 6 décembre 2011 sans rien ni personne pour nous empoisonner l’existence, ce fut pour les citoyens les jours les plus heureux de leur vie. Pensez donc de 2010 à 2011 le déchaînement en Europe, les libéraux d’ailleurs renflouaient leurs copains des banques. Reynders la ramena un peu pour les imiter ce qu’il fit, il paraît qu’en urgence c’était permis ? Mais ce prurit libéral se termina là.
Partout commençaient les restrictions, avec au bout de la misère à gogo. Tandis que nous, bien peinards, on regardait Leterme bombarder d’SMS sa charmante, en pantoufles depuis les bureaux de la rue de la Loi. Il était serein, décontracté… il classait le courrier, avec en poche deux billets pour voir le dimanche suivant le Standard jouer en championnat !...
Pendant ce temps, kermesse générale, sans réforme, sans changement de règle, sans nouvelle mesure, sans idée saugrenue comme de faire payer l’automobiliste aux kilomètres parcourus, emmerder les chômeurs, relever les taux de ceci, chipoter la TVA, et pas un Wathelet à l’horizon en train de réfléchir aux pneus neige, une Onkelinx à nous dorer la pilule… et avec ça une dette stable, des emprunts à un taux préférentiel et l’admiration des autres Européens dans un noir pétrin !
Le pied !... Ce n’est qu’après, Roublardo à la manivelle qu’on a perdu le triple A !
Est-ce que ces temps heureux reviendront après le 25 mai ?
Pascal Delwit se creuse la cervelle pour les lendemains qui déchantent. Delpérée ouvre les gros bouquins consacrés aux différentes Constitutions. L’esthète de Mons enfile son veston devant une glace pour vérifier l’élégance de son geste. Reynders offre son chef-d’œuvre sur Bruxelles aux réunions du MR.
Tous ont une idée fixe, tout de suite nous emmerder dès le 26.
Un seul espoir : l’état de santé de l’ex-gros. Ils interrogent discrètement les médecins. Si Bart n’était pas prêt pour dans 100 jours ? C’est quand même la deuxième fois qu’il se pointe à l’hosto ! S’il avait quelque chose de grave ?
– C’est qui son médecin ?
– Le professeur Duchemol.
– Un oncologue ?
– Non.
– Merde !...
La Belgique serait sauvée, le CV&P revigoré, Herman De Croo tout à la joie d’Alexandre, Maggy De Block femme de l’année et peut-être l’esthète de Mons reconduit !
En attendant Noël, c’est le slalom autour des désastres et des responsabilités, le pays au bord de tout, mais surtout au bord du précipice.
Évidemment, eux ne sont pas responsables. Ils sont terriblement jaloux de leurs prérogatives, heureusement pour leur réputation qu’elles s’arrêtent quand la connerie est découverte. Ils n’entendent pas recevoir des conseils. Leurs seuls guides : eux-mêmes !
Sinon, à quoi ça servirait d’avoir des diplômes à tapisser les murs des ministères ?
– Quand on est docteur en chimie, madame, on doit réussir les mélanges qui gagnent, doser les partis, sauver le royaume. On est équipé pour ça au PS. On a notre petit docteur Folamour !
Les 541 jours séparant la démission du gouvernement Leterme II de la formation du gouvernement Di Rupo constituent la plus longue crise politique de l'histoire contemporaine européenne, mais c’est aussi la période la plus heureuse de toute l’Histoire de Belgique.