2014, fin du millénaire précédent.
Les grandes manœuvres des élections prévues le 25 mai commencent. Di Rupo fait le difficile et ne veut pas de Michel pour débattre, il aime mieux Reynders !
Les chichis et les chipoteries ne font que commencer. Les urnophages ont des vapeurs, se conduisent comme les vedettes du showbiz.
Moisissures du microcosme avec ses codes et son langage, dont le premier principe est de répondre abondamment à une question embarrassante, sans que l’on entre vraiment dans une réponse claire, ils incarnent la démocratie !
C’est ce que leur apprennent les écoles de communication qu’ils fréquentent ou que leurs attachés à titres divers apprennent pour eux.
C’est tout ce côté « appris » qui est détestable dans l’attitude des candidats de mai et c’est ce que nous allons devoir subir pendant deux petits mois.
Déjà on se fait une idée du « storytelling » préparé au boulevard de l’Empereur par le supplétif d’Élio, en cas de pertes en voix. Quel que soit le résultat – les sondages prévoient une érosion des socialistes en Wallonie et à Bruxelles – Paul Magnette récitera sa leçon « On était tellement haut qu’on ne pouvait que baisser un peu. Cela n’empêche que nous sommes toujours et de loin le premier parti de Wallonie ».
Il faudra bien un jour que les hiérarques socialistes et libéraux se fassent à l’idée que leurs trucs et leurs interprétations des événements, s’ils ont été bien assimilés des leçons de marketing, sont également bien connus du grand public pour la bonne raison que ces écoles se font une gloire d’expliquer en quoi consistent leurs cours, à tout qui prend la peine d’ouvrir un journal.
L’enfumage autour des échecs et des « réussites », des défaites qui deviennent des « presque victoire » contre un adversaire de mauvaise foi, et des réussites toujours éclatantes. On en a tous marre, le disque est rayé.
Et puis viennent les attitudes.
Charles Michel joue la bille nette de l’honnête homme. Il regarde la caméra en avançant ses arguments, comme un bon chien regarde son maître. Pas un poil ne dépasse et on devine que lorsqu’il prendra un coup de vieux, il portera la barbe de son père.
Reynders ne peut se débarrasser de son côté fanfaron. C’est le seul à placer un mot qui sera publié dans les gazettes. Il joue gros à Uccle. Apparemment pour lui, le comité d’accueil n’a pas d’autre pointure que celle d’Armand De Decker qui s’est toujours maintenu en élaguant le buisson qui entoure le bel arbre. Le rival de Didier est ailleurs. C’est Vincent De Wolf, du même parti, candidat aussi à la présidence du gouvernement bruxellois.
Monsieur de Mons finit son mandat de premier ministre sans grande illusion de pouvoir remettre ça après le 25 mai. En homme prudent, il a assuré ses arrières. Magnette doit s’éclipser à Charleroi pour laisser le trône à qui de droit. Pourtant, comme on est reparti pour un an de discussion pour former le gouvernement, Di Rupo pense encore avoir une chance. Il ne le dit pas, mais Elio est avare. Il retient tout ce qu’il peut, ne cède qu’à contre cœur. Sa fausse humilité le sert dans ce jeu. On se dit, il est fini. À 63 ans, au contraire, Di Rupo se voit dans la belle maturité. Il repousse la perspective de présider le doudou à Mons comme Bourgmestre pendant dix ans. Cet homme est trop ambitieux pour s’arrêter aux poils de la queue du dragon.
Lutgen a tout le physique du chasseur qui tire le faisan avec ses voisins châtelains ; mais sans rompre avec ce côté parvenu qui déplaît aux notables. Il n’a pas vraiment marqué sa première année de présidence, sinon par quelques couacs, dont, en bonne camarade, Joëlle Milquet s’amuse.
Enfin, les écolos montent aux créneaux comme les « gendarmes » ces insectes de Provence qui vont toujours par deux. On les voix très bien dans une friture, lui aux marmites, elle au sachet, la mayonnaise à 50 cents, l’huile certifiée naturelle. Le plus terrible, c’est qu’ils ont raison presque sur tout, alors que le système économique les condamne à n’être d’accord sur rien, leurs tentatives débouchant sur des aggravations des taxes qui arrangent bien les autres partis. L’électorat, une fois sur deux, les prend en grippe, pour les mêmes raisons.
Est-ce que toute cette fantasmagorie tiendra encore le coup longtemps ?
Sans doute la législative qui vient. Mais après ? Ce qu’il représente est déjà tombé dans le folklore. La démocratie a besoin d’autre chose. Et ce n’est pas ce petit monde qui le sait. Lui, il se contente de durer, d’arranger ses phrases, d’attendre l’événement et non de le précéder. Il est fardé, poli, malhonnête mais sérieux, intéressé mais dissimulé. C’est l’Ancien Régime qui est venu au spectacle. Il nous scrute à la lorgnette, depuis les loges-salons des derniers feux de l’opulence.