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Le temps des voyous.

Les prévisions des spécialistes étaient plus modérées que celles des simples observateurs qui prédisaient un échec de la gauche au premier tour des élections municipales en France. C’est une véritable déroute pour le PS. Et elle s’est produite non pas à cause de la renaissance de la droite et de l’établissement définitif du FN parmi les grands partis, mais parce que le PS a perdu les voix de ceux qui ont élu Hollande et qui croyaient à une modification de la politique menée par Nicolas Sarkozy. Et ces voix là ne sont pas en si grand nombre que ça chez Copé ou Marine Le Pen, mais dans les abstentionnistes : près de 40 % !
Celui qui pense pouvoir accéder au pouvoir sur un programme et en tirer un autre aussitôt de sa manche en y étant, se trompe désormais. A ce point d’exaspération du public, ces changements de cap ne sont plus considérés comme des rectifications tendant à se mettre en adéquation avec l’évolution des circonstances, mais comme la marque d’une grave erreur de jugement, quand ce n’est pas une duplicité naturelle et un mensonge permanent.
A ce propos, le PS belge et son mentor Di Rupo sont à peu près logés à la même enseigne. Comment faire oublier aux citoyens qu’on a été chef d’un gouvernement qui n’a en rien diminué les écarts entre les riches et les pauvres et qui, au contraire, a accablé les chômeurs et les déshérités du système ? Là-dessus, faire un programme « socialiste » en contre de ce gouvernement, c’est risquer, comme en France, que ça ne passe plus.
Toujours est-il que voilà Hollande et Ayrault pris au piège. A force de décevoir leur électorat, ils se trouvent au milieu du gué et sérieusement déforcés pour atteindre l’autre rive, sur laquelle ils espèrent trouver, croissance et emplois !
Ils n’offrent plus que l’image navrante de ce qu’ils sont devenus : des libéraux qui courent après un mythe capitaliste et qui pour y arriver selon eux, doivent encre réaliser le plus pénible : des économies dans la Fonction publique et des modifications importantes dans les structures doublons : communes – régions – départements, sans compter des « nécessaires » remises à plat de certains droits et certaines pensions avantageuses et qui exaspèrent les retraités ordinaires, les chômeurs et les travailleurs du privé. Si l’on ajoute à cela l’opposition des syndicats à toute perte d’avantages à la SNCF et dans l’Administration, on n’a plus qu’à tirer l’échelle. Ils ne s’en sortiront pas !
Mieux, on pourrait se demander de quelle manière Hollande va finir son mandat et s’il ne vaudrait pas mieux qu’il ne le finisse pas !

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En ce dimanche du premier tour, le verdict est déjà tombé, un vote-sanction, nourrissant dans tout le pays un désaveu de la gauche au pouvoir a été émis. L’appel à se « ressaisir », pour soutenir la gauche en difficulté, ne sera pas entendu. Peut-être même que le second tour va faire tomber plus de têtes à gauche que la droite n’espérait.
Cependant que la droite ne pense surtout pas que l’électeur a un désir d’elle et un retour de Sarkozy. Elle aurait bien tort. Et les sièges retrouvés ne le seront, a contrario, que parce que la gauche a déçu. La droite au pouvoir, l’élection eût rétabli la gauche dans les mêmes conditions. C’est ça que Copé doit comprendre.
Ce n'est pas un désir d'alternance, qui s’est exprimé. C’est un désir de changement radical de la politique. Le danger serait que Marine Le Pen réussisse à faire croire qu’elle incarne ce changement. Ce serait le pire scénario qui ne mettrait pas six mois à se révéler le plus catastrophique de tous.
Quant au parti socialiste belge, qu’il fasse attention. Il est sur la même pente. Que ses mandataires aient trempé dans un gouvernement qui rogne sur les allocations de toute sorte, qui fait payer en impôt près d’un mois de la petite pension annuelle d’un ancien travailleur, je n’appelle pas ça des bons dirigeants, j’appelle ça des voyous.

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