Trop de bon sens nuit !
Les débats politiques sont à la mesure des candidats du 25 mai. On a rarement vu autant de tempêtes dans un verre d’eau et autant de bruit pour rien.
Un lecteur moyen pouvait se dire lundi en dépliant le journal, ils ont eu deux jours pour réfléchir, peut-être aura-t-on droit à l’énoncé d’un programme sérieux ?
Quelle erreur !
Melchior Wathelet, tête de gondole humaniste à la Chambre pour la province de liège, reproche au MR et à Charles Michel d’avoir choisi le thème du « bon sens » comme slogan de campagne !
Du point de vue strictement personnel, que ces deux hurluberlus s’empoignent pour une question de bon sens, alors qu’ils en manquent tous les deux, évidemment, c’est curieux.
Qu’ils s’interpellent parce que l’un veut faire une politique que l’autre trouve hasardeuse ou mauvaise – et vice versa – cela se comprend, mais qu’ils s’attachent à un mot et son qualificatif comme étant significatifs d’une politique, voilà qui est extraordinaire !
Il paraît que le Wathelet fait dans le bon sens depuis deux mois !
Vous me direz, deux mois, c’est peu et si Michel s’y met lui aussi, même avec deux mois de retard, on peut dire que le bon sens est à tout le monde et qu’il n’est jamais trop tard pour s’en prévaloir.
Oui, mais à bien y regarder, le citoyen qui attend du bon sens va être déçu.
La querelle s’apparente au bon sens, par contraste au mauvais sens. C’est comme si Wathelet reprochait à Michel de remonter le sens interdit dans sa voiture de fonction.
C’est évident que puisque ce sens là est unique, il n’appartiendrait qu’à un téméraire de le franchir à ses risques et périls.
Ce serait alors une fausse gentillesse de Wathelet qui ne voudrait pas que son collègue libéral remontât la chaussée dans le sens interdit.
Cette grave question ontologique appelait le philosophe autorisé du parlement wallon, Willy Borsus, de revoir le problème du bon sens.
Faut-il le partager ou le garder pour soi ?
Il paraît qu’au parlement wallon le bon sens ne se partage pas, comme les olives sont les fruits exclusifs de l’Olivier PS-Ecolo-cdH, Borsus ira faire son huile ailleurs.
C’est le bon sens même.
Mais le MR ne l’entend pas de l’oreille droite, comme il l’entendrait de l’oreille gauche. Il a aussitôt rappelé que le bon sens fédéral n’est pas le même que le bon sens régional sur la tarification progressive de l’électricité, par exemple.
Notre philosophe libéral entendait ainsi prouvé que s’il existait deux bons sens à ce niveau là, il devrait pouvoir être possible d’avoir deux bons sens différents au niveau de MM Wathelet et Michel.
On voit comme la campagne électorale est bien lancée et comme les débats vont pouvoir être suivis passionnément par les électeurs.