Nécrologie à la Une !
Ah ! je n’en peux plus, c’est trop !
On délire à propos de Jean-Luc Dehaene, son œuvre, sa carrière, son « génie », l’homme providentiel, le sauveur du royaume, etc. !
Entre deux indécences, celle de parler d’un mort sans délicatesse et celle de l’adulation imbécile de la presse et des milieux politiques, comment se taire ?
J-L D est le type même de l’avocat n’ayant pratiquement jamais exercé son métier, trouvant certainement plus intéressant de commencer une carrière d’homme de cabinet dans un parti, le CD&V, montant peu à peu les échelons, raflant tous les emplois, s’enrichissant et cumulant sur son passage, devenant comme tous les ténors des partis, des phénix de la Nation, vivant d’elle et assurant leur bien-être, puis leur fortune dans des formations « incontournables », parce qu’elles ont dans leurs rangs des leaders « incontournés » et qui sont à la base de cette démocratie devenue détestable, par l’abus de leurs présences.
À part cela, dans le privé, les meilleurs hommes du monde. Celui-ci était rond de propos et de corps, avec quand même dans la recherche de la sympathie du public, quelques regards meurtriers et quelques répliques acides qui lui échappaient.
Il aura donc vécu et bien vécu à nos crochets. Que dire de plus, nous qui ne le connaissons pas dans le privé ?
Simone Weil a écrit « Toute forme de récompense constitue une dégradation d’énergie ». Elle ne s’adressait qu’aux êtres d’exception, pas à celui-ci, d’une avidité breughelienne, finissant une carrière bien remplie de nos sous, dans la banque et dans les administrations de sociétés où finissent souvent les grands commis de l’État.
Par son physique et la manière de rafler les places, J-L Dehaene offre beaucoup de similitudes avec Louis Michel, qu’on aurait pu croire fini, après sa carrière de Commissaire à l’Europe, mais qui poursuit sa sinécure au parlement de ladite, avec l’enthousiasme d’un jeune premier, dévorant avec appétit, rémunérations et avantages, en se donnant l’air de se sacrifier au bien général.
La martyrologie est longue de ces sacrifiés à la noble cause, toujours partants quand il le faut, aimant les spots et les interviews, héros, en quelque sorte, à la mesure des imbéciles bon-enfants que nous sommes.
Le grand public n’est pas suffisamment éclairé de la manière dont ceux qui sont aux places alpha peuvent offrir des carrières de remplacement ou de complément dans des banques et des Administrations, à des confrères momentanément malheureux ou en bout de course. Il y a dans le partage du fromage, un consensus des partis qui en dit long sur le copinage et que le suffrage universel ne peut empêcher.
Comment justifier cette nécrologie à rebours, pour un type que personnellement je ne connais pas et qui est seulement coupable d’avoir aidé un peu au désastre dans lequel cette démocratie se trouve et avoir modestement augmenté mes taxes et redevances à l’État des émoluments et gracieusetés que la Communauté belge lui a alloué sa vie durant ?...par un extrait du Journal Littéraire de Paul Léautaud (Vol VII, page 142) où il associe un dénommé Davray (auteur mort en 1944) à sa réflexion.
« Je sais très bien que l’État social est une partie où les malins amusent le plus grand nombre, pour faire pendant ce temps leurs petites affaires. On donne au peuple des joujoux : religion, héroïsme, gloire, beaux crimes, glorifications civiques, grands discours, etc. etc., et on s’enrichit sur son dos. Ce n’est pas Davray qui me l’apprendra. Je suis au contraire par excellence l’homme qui n’a jamais été dupe, même jeune homme. Maintenant comme je le dirai à Davray : "Il y a des gens qui voient toutʺ (parce qu’ils travaillent dans leur petite sphère, avec les malins) et ils ne disent rien, occupés uniquement de soigner leurs intérêts, et ceux qui ne voient peut-être pas tout, mais qui disent ce qu’ils voient, sans aucun souci d’intérêt ou de dommage. Vous êtes des premiers et je suis des seconds. »
Maintenant, si vous avez envie de verser une larme à la lecture d’une belle nécro, au Soir, il y a d’excellents journalistes qui font cela très bien.
Commentaires
En ce moment pénible, je vous conseille d'aller faire un tour sur le blog d'une autre amoureuse du débat politique.
http://tantalisme.blogspot.be
Postée le: joseph Meyer | mai 16, 2014 11:21 PM
Tout comme vous, cette personnalité / personnage politique ne m'a jamais impressionnė. Dans le privé, il n'aurait pas fait cette carrière aussi excubérante acceptée par les partis tradionnels mollasses.
Postée le: Henry | mai 17, 2014 02:25 PM