Charles Michel s’angoisse.
Que se passe-t-il au MR ? Dans « Jeudi en Prime » de la RTBF, Charles Michel avait l’air bien paniqué de la « semi » décision du Ps de ne pas participer à un gouvernement Bart De Wever. Semi, parce qu’avec Di Rupo, on ne sait jamais, il peut dire et faire tout et son contraire, dans des volte-face téméraires, le tout en moins d’une semaine.
Si on comprend bien Michel, les principaux partis de ce pays sont obligatoirement tenus de participer à tout genre de gouvernement dans des quadripartites, voire plus, de sorte que les contraires s’annulant, tous les programmes exhibés aux élections et qui décident l’électeur à voter pour l’un ou l’autre, tombent à l’eau !
Et Michel appelle ça la démocratie !
En réalité, si Michel considère que pour sauver le pays, il conviendrait de ne pas avoir de politique du tout, autant revenir au temps de la Pangée où le monde n’était qu’une vaste plateforme de terre émergée, uniforme et plate. Si c’est l’image qu’il croit être la meilleure de la société belge, autant dire que les pauvres resteront bien pauvres et les riches, de plus en plus riches.
Prédire que le PS par son refus de collaborer avec Bart De Wever, va conduire à des ruptures graves est, au contraire, montrer du doigt une possibilité qui ne venait à l’esprit de personne, sauf à celui du MR et de Charles Michel. La volonté de maintenir coûte que coûte la Belgique dans un consensus mou est bien plus nuisible. Elle consacre définitivement la supériorité numérique flamande et sa façon de gérer une Belgique où ce qui est bon pour la Flandre, l’est pour le reste du pays.
Pour avoir expérimenté les débuts de cette arithmétique, en tenant compte avec les partis flamands au gouvernement du grand absent du pouvoir, Di Rupo a donné à la N-VA une aura exceptionnelle. Mais en fayotant avec la N-VA, le MR a-t-il oublié l’affiliation de Bart De Wever à l’ECR de David Cameron, s’affichant ainsi dans le camp des eurosceptiques ? Jumelé à son intention depuis toujours de faire de la Flandre un pays après avoir siphonné Bruxelles et raflé les industries en Wallonie, voilà bien l’allié rêvé pour Charles Michel !
Une nouvelle élection a rebattu les cartes.
Pourquoi les partis francophones devraient-ils entrer dans une coalition au risque de faire passer des lois et des projets inacceptables par tous les francophones, si l’on excepte les électeurs du MR ?
On se doutait bien de deux choses. La première : que le roi confie la mission d’informateur à Bart De Wever ; la seconde : que celui-ci ne sortira pas facilement de ce qu’il a promis à ses électeurs dans ses discours, sans se dédire gravement et se tirer une balle dans le pied pour les prochaines élections.
Il n’y a que Charles Michel qui se soit avancé avant tous les autres francophones pour entrer dans un gouvernement fédéral. Il y a été poussé par Didier Reynders, certes, mais ce n’est pas une raison.
Qu’il soit en outre frustré de ne pas participer aux gouvernements bruxellois et wallon, on le comprend, mais que peut-il y faire ?
En interne, il se pourrait que la désastreuse politique des Michel au MR conduise ce parti à revoir sa direction. Exit, les Michel, toutes les spéculations sont permises et les revanches envisagées.
On pourrait assister à la rentrée de septembre à des remous suite à des haines rentrées qui trouvent une occasion de signifier aux Michel qu’après avoir gagné en voix ces dernières élections, ils sont incapables de récompenser leur clientèle par des emplois politiques payants.
Et puis, Michel a tort de s’énerver. Il a au moins une année de tractations devant lui, de palabres de toutes sortes, d’échanges variés de stratégie. Et puis, il reste toujours la possibilité de battre le record de 542 jours qu’il a fallu pour mettre en selle Di Rupo, la législature précédente.