« Le poids des enthousiasmes. | Accueil | Reynders & Leterme disaster ! »

Un sacré menteur !

On ne sait qui coaching la fine farine du PS. Les barons du boulevard de l’Empereur sont tous plus ou moins aguerris à la technique qui consiste à manier la langue, pour ne pas dire ce que le mauvais esprit du public attend qu’ils disent. Ils ont ce qu’on appelle des experts en communication. Ces gens sont chargés de lisser les personnages au point d’effacer toutes les aspérités et ne laisser que des reliefs convenus.
La grande fadeur, l’insipidité habituelle et le conformisme, ils n’ont rien trouver de mieux pour tuer la démocratie et nous prendre pour des imbéciles.
Contourner les questions difficiles est un art qui consiste à empiler des mots sur des mots sans importances, l’essentiel étant d’être présent sous les feux des projecteurs. Apparaître souriant, avec l’air de toujours avoir raison et surmonter les pires vannes d’un adversaire avec ce petit air dédaigneux et supérieur qu’affectionne Reynders et Magnette, c’est l’ABC du métier.
Les colériques et les spontanés du verbe n’ont pas de place dans les salles où la politique grand public se fait à fleuret moucheté.
La surprise a été d’entendre un professionnel de la langue de bois, se lâcher devant Vrebos lors d’une interview. Nous n’en croyions pas nos yeux, Élio Di Rupo en colère !
Et tout ça pour quoi ? Pour défendre « l’honnêteté et la transparence » du choix de son parti pour le cdH au sud du pays, en faisant référence à Charles Michel prié de ne pas insulter le PS.
Sans concurrencer une personne de mes amies, psychiatre de qualité, la colère la plus crédible est celle qui feint l’indignation, pour clamer haut et fort un mensonge nécessaire et qu’on finit par trouver vrai. (Voir le mensonge de Cahuzac)
Explication.
Bien sûr que le PS et le CDH se sont entendus comme larrons en foire et bien avant le résultat du scrutin, quel qu’en ait été le résultat. En effet, il était impossible, même si au pire, l’un et l’autre avaient perdu des plumes, qu’ils n’aient pas été de toutes manières majoritaires en Région wallonne.
Les deux partis, quoique avec des intérêts différents sont fait pour s’accorder. Le CDH est un parti d’appoint. Autrement est le MR avec ses fortes personnalités et ses ambitieux potentiels.
Il n’est pas question de programme dans tout ça. Le CDH est malléable, le MR l’est moins. Le PS veut garder la main sur la Région.
Là-dessus, Di Rupo voit rouge (il ne voit rouge qu’en ces circonstances). Il lui est impossible d’expliquer ce qui précède aux électeurs. Il incorpore donc ce fait dans sa réponse et s’emporte afin de pouvoir mentir « vrai ». Le tout est de savoir s’il a maîtrisé son emportement, à savoir s’il était calculé ou si la perspective de mentir tout en sachant que Lutgen et Michel le savaient, n’a pas suscité en lui une colère « vraie ».
Tout cela relève d’une psychologie particulière au monde politique.
Le juge de paix, c’est l’électeur, pas celui tout particulier qui pèse le pour et le contre et se détermine en fonction de ses affinités et de ses réflexions, mais l’électeur stupide qui vote sur une apparence, sur un état d’esprit et sur une image de ceux qui pourraient alternativement passer pour des favoris. Or, cet électeur stupide est le plus grand nombre. C’est lui le patron, le majoritaire, qu’il s’agit de berner essentiellement, les autres ne comptant guère étant considérés comme perdus.
La colère de Di Rupo pourrait alors passer pour néfaste à son image, d’autant que sa colère était plus une crise de nerf dont les machos créditent la gent féminine. On l’a bien entendu, lorsque chez lui, dans les aigus, la mezzo-soprano perce sous le baryton.

1kkqqrino.jpg

Je ne vais pas faire le coup d’une psychologie de bazar en rappelant l’histoire du chevalier d’Éon ; mais, bon sang, cette crisette-là devait lui ressembler étrangement.
Les faits sont à lire dans votre journal favori.
Di Rupo : « Il n’y a pas de jeux (politiques) ! Il faut cesser de venir avec ce poker menteur. Qui ment ? Est-ce que j’ai menti ? (…) Nous avons été d’une honnêteté totale : nous étions d’accord avec le CDH, nous l’avons dit au citoyen. J’en ai un peu assez ; je me suis battu des milliers d’heures pour garder ce pays uni ».
À cette dernière figure de style « en milliers d’heures pour garder ce pays uni », Di Rupo revient à la raison politique qui veut que l’on fasse diversion sur ses points forts, il n’aura disjoncté que quinze secondes « en vérité totale » !
Mais il a disjoncté !

Poster un commentaire