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Barbakr…

Pendant que Michel joue à « coucou me revoilou » avec fausse barbe et sans perruque, que les pigistes qui doivent gagner leur vie en juillet et août s’amusent à nous parler du foot et des footeux, un drame mondial monte en puissance en Irak et en Syrie, un drame qui va avoir des conséquences directes pour nous continentaux européens.
« Les djihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (Eiil), engagés dans les combats en Syrie et en Irak, ont annoncé dimanche 29 juin le rétablissement du califat, le régime politique islamique disparu il y a près d'un siècle, et le changement de nom de l'organisation en « l'Etat islamique ». Cette information du journal Le Monde (au moins ils ont encore quelques bons journalistes) dit tout en très peu de mots.
C’est-à-dire que les frontières artificielles créées au temps « heureux » des colonies par la France et l’Angleterre (toi tu prends ça et moi je garde ça) et qui consistaient à tracer des grandes lignes droites à la règle, coupant des ethnies, voire des villages en deux (nous connaissons le procédé zig-zag grâce à notre frontière linguistique) est en passe de voler en éclat. Et ce n’est pas le porte-avion US, dénommé par ironie involontaire « Bush », qui va arrêter le mouvement.
Sous différents noms et avec parfois des acronymes incompréhensibles pour nous qui avons fait du mépris une sorte de spécialité, l’abcès s’est mûri et se désigne comme l’Eiil (prononcer « e î l »).
Ne croyez surtout pas que notre « civilisation » est impérissable. L’Histoire nous enseigne le contraire. C’est quand même Alaric un barbare germain, qui descendit les Alpes sur son bouclier avec ses braves, pour flanquer la pâtée aux Légions romaines et mettre par terre en une journée trois siècles et demi de haute civilisation.
Le califat – qualifions-le de criminel si ça fait plaisir - devrait s’imposer sur les régions avalées par l’Eiil en Syrie et en Irak, un immense territoire de la grandeur de la France, certes assez désertique, mais peuplé et parfois très peuplé par des gens de confession sunnite, ce qui donne une idée du ciment religieux qui les assemble. Malgré ce qu’on nous fait voir des horreurs perpétrées au nom d’Allah par des djihadistes, il sera bien difficile aux Américains, même avec des alliés inattendus comme les Iraniens, de galvaniser le gouvernement de Bagdad, assez corrompu et à courte vue, pour envoyer des Chiites guerroyer en terre Sunnite et s’y faire massacrer.
Une nouvelle guerre « sainte » en Irak ? Barak Obama n’est pas près d’y recourir. Les drones n’ont jamais occupé un territoire. Ils y sèment la mort, c’est tout. C’est-à-dire qu’ils y font des martyrs et de nouvelles recrues pour l’Eiil.
A terme, ce nouveau califat, si on ne trouve pas un moyen de l’étrangler dans l’œuf va considérablement modifier les rapports de force dans ce Moyen-Orient explosif. Israël, par exemple, qui n’a jamais abandonné le projet de l’annexion totale de la Palestine, qui ne cesse de grignoter du terrain en poursuivant le programme des « colonies », aura tout lieu de se reprocher son incapacité de rester à l’intérieur de ses frontières pour tenter de se faire oublier.
Du coup, avec les précautions extraordinaires que nous prenons en parlant de ce pays aussi artificiellement créé que le nôtre le fut en 1831, nous voilà rebondissant aux premières loges du drame qui se prépare
Le groupe djihadiste, avec lequel nous aurons peut-être un jour l’obligation d’en découdre, bénéficie du soutien d'ex-officiers de Saddam Hussein, de groupes salafistes et de tribus armées jusqu’aux dents par l’Arabie Saoudite. L’Eiil a mis la main sur Mossoul et sur une grande partie de sa province Ninive (nord), ainsi que sur des secteurs des provinces de Diyala (est), Salaheddine, Kirkouk et Al-Anbar (ouest), et se trouve à moins d’une centaine de kilomètres de Bagdad.
Des jeunes d’Europe et donc de Belgique, séduits par ce mouvement, débordent de Syrie et l’accompagnent dans son avance en Irak. Il y a chez l’homme qui désespère, un retour vers la vision d’un État absolument dans les mains de Dieu, qui, quelque part lui fait penser – à tort – que sa vie n’est pas inutile. Qu’il soit monstrueux ou sublime, ce retour que nous avons connu sous le nom de Croisade il y a très longtemps, tourneboule les esprits. Nous risquons de contribuer par notre laxisme à la naissance d’un nouveau Alaric qui pourrait s’appeler Abou Bakr Al-Baghdadi

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La Belgique joue mardi un match de la plus haute importance contre les Américains qui va être commenté et vu par des millions de Belges. Nous avons autre chose à faire que nous enquiquiner avec une affaire mondiale sur les bras. Nous avons un Bart et eux un Bakr. Et alors, qu’est-ce qu’on s’en fout !

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