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Des QI comme du reste…

Le dernier film de Luc Besson « Lucy » fait un carton aux USA. Le cinéaste en revient à d’anciennes théories sur les capacités du cerveau selon lesquelles nous n’utiliserions que 10 % de son potentiel.
C’est bien dans le caractère de l’homme de s’imaginer plus riche en neurones qu’on ne pense. On se demande même, en voyant la situation dans le monde, les affrontements guerriers, ces imbéciles courses à la prospérité personnelle au détriment des autres, si l’homme moderne dispose de 10 % de ses capacités intellectuelles, 5 % seraient bien suffisants.
À vrai dire, de l’homme de la rue, au brillant professeur de Berkeley, chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il a et cela dans la complète incertitude sur les capacités supérieures ou inférieures du professeur de Berkeley à l’homme de la rue.
Et c’est ce qu’il y a de plus troublant dans les capacités du cerveau. Il n’y a pas une seule forme d’intelligence à partir de laquelle s’établit une hiérarchie, mais des formes d’intelligence. Ce qu’on distingue dans le cursus couronné par un diplôme, c’est la capacité d’adaptation de l’individu au terrain sur lequel il se présente.
Autrement dit, on juge l’aptitude, pas l’intelligence.
La codification de l’intelligence dans des canaux professionnels n’est qu’une commodité pour ranger les humains dans des hiérarchies et des capacités supposées. C’est, en quelque sorte, une justification péremptoire des salaires, afin de clore aussi vite que possible, la contestation.
Si l’apprentissage, c’est-à-dire la capacité d’adaptation à une discipline relève d’une certaine forme d’intelligence, elle ne peut en aucun cas se substituer à toutes les autres et toucher à l’universel. C’est, du point de vue pratique, une manière de construire une société hiérarchisée de capacités supposées, les unes ayant été décrétées « supérieures » aux autres, sans mesure réelle, sans contrôle externe et par des règles arbitraires.
Cela veut dire que pour vivre dans une paix sociale relative, nous avons adopté un code à l’usage dans un lieu déterminé.
De l’usage de ce code, il appert qu’il vaut mieux entrer dans un apprentissage intellectuel que manuel, le travail du premier étant mieux rémunéré et mieux considéré que le second. Bien que certains métiers manuels requièrent un plus long et difficile apprentissage que le premier, sans oublier que neuf fois sur dix, la pénibilité est plus grande. Il y aurait même un rapport entre la pénibilité et le salaire. En effet, ce sont les métiers les plus pénibles qui sont en général les plus mal payés. Ces bizarreries sont consécutives à ce code hiérarchique contributif à la société telle qu’elle est aujourd’hui.

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Le défaut tient dans l’interprétation des intellectuels de leurs surcapacités aux autres catégories. Tel aura tendance à sous-estimer – même s’il s’en défend – ceux qui n’auront pas la maîtrise de son jargon. Un autre aura l’impression que sa richesse de vocabulaire est le fait d’une capacité intellectuelle plus grande, etc.
Tout s’inverse et se remet en question dans un schéma inhabituel, lorsque la société bascule à la suite d’un séisme, d’une guerre ou de tout autre facteur de première grandeur la modifiant.
Le côté manuel inventif prend parfois le dessus et montre une forme d’intelligence supérieure à celle qui portait auparavant cet attribut.
Les classifications tant du niveau social que du niveau salarial par diplôme et hiérarchisation des métiers sont donc des moyens artificiels déduisant à tort des niveaux de capacité et d’intelligence ne reposant que sur des conventions.
Il faut rester prudent en la matière. En tout état des cadres, des salaires et des diplômes, on finit toujours par être le sot d’un autre, dès lors qu’on s’imaginait apriori lui être supérieur.

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