Hollande président de personne…
…ou presque !
La chronique d’hier « La gauche peut mourir » a été écrite bien avant l’annonce de la démission du gouvernement Valls. Elle est prémonitoire en ce sens qu’elle annonçait un premier pas d’une sortie sans gloire de Hollande.
Que dire, sinon que ceux qui n’ont jamais défendu les idées de la gauche et qui n’ont pas voté Hollande vont se placer comme un seul homme sous la bannière de la nouvelle équipe Valls. Ils donneront un satisfecit à une politique qu’ils condamnaient hier.
Pourquoi ?
Parce que le risque est grand que le socialisme à la française se détricote à un moment où, au pouvoir, il fait activement la sale besogne de la droite.
L’opinion vient de l’UE, de Bruxelles, de Merkel et des économistes des banques, Hollande va dans le bon sens : Betbèze (Cercle des économistes) « une phase longue de modération des salaires », Etienne de Callataÿ, de la banque Degroof, « il n’y a pas de politique de rechange », Élie Cohen, soutien au pouvoir d’achat « est-ce bien nécessaire », Jacques Attali « Il faut augmenter la TVA de 3 points », etc.
Vous n’êtes pas de leur avis ? Alors, vous passez pour irresponsable, un post-marxiste incohérent, plein de rancœur et de parti pris, selon Yves Thréard du Figaro. Essayez d’en placer une chez Hakima Darhmouch, pour voir ?
Quelle déception ce serait, pour ces gens-là, que le peuple ait enfin trouvé des défenseurs !
Vous voulez, au contraire, avoir l’air d’en connaître un bout sur l’économie, c’est simple. Il faut hurler qu’on va dans le mur… à cause du coût du travail, de la fiscalité qui étouffe l’initiative industrielle, les rentiers qu’on appelle chômeurs et qui n’apportent rien.
Des ministres ne supportent plus la bêtise des économistes officiels et le disent haut et fort, c’est le signe d’un ras-le-bol qui appelle à la réflexion.
Un rappel à l'ordre, note Anne Sinclair dans le Huffington Post, « aurait été un aveu de faiblesse, ou une sanction de deux ou trois ministres dissidents, qui aurait été une mesure disciplinaire et non politique. » La suite est évidente : Anne Sinclair se place du côté de la droite et des économistes, dans cette aile du PS qui adjure Hollande de rester ferme sur sa ligne de conduite : ne rien changer et courir au désastre social. Dame, elle et les autres, défendent leur standing.
Voilà un pompier de service auquel on ne s’attendait pas. On s’aperçoit que les directions des partis socialistes d’Europe ont choisi leur camp.
L’argument des libéraux (les partis de pouvoir, le PS compris) pour la poursuite de cette politique dite de redressement, consiste à prétendre que les choix économiques ne relèvent plus des États, mais de l’autorité européenne. Nous revoilà dans la règle des 3 % avec les risques de déflation de la zone euro, et la perspective d'une Allemagne, touchée à son tour par une croissance faible.
Valls trouvera d’autres marionnettes pour remplacer celles dont le fil s’est cassé. Hollande, l’homme caoutchouc rebondira là-dessus et la France repartira bien un an durant, cahin-caha.
Sans rire, des journalistes que l’on croyait plus intelligents, souhaitent que Manuel Valls reforme un gouvernement cohérent et de combat.
Mais la confiance dans l’économie actuelle se fissure. Amont et Montebourg sentent le désastre pointer son museau et le disent. Aurélie Filippetti, a écrit une lettre pleine de dignité à Hollande "Il y a un devoir de solidarité – écrit-elle - mais il y a aussi un devoir de responsabilité vis à vis de ceux qui nous ont fait ce que nous sommes", qui choisit pour sa part « la loyauté à ses idéaux ».
C’est Mélenchon qui aura le mot de la fin : Hollande "a donc divisé la gauche, divisé sa majorité. Et maintenant, voici qu'il aura réussi à diviser son gouvernement!".
Se passerait-il enfin quelque chose en France, qui par ricochet secouerait notre lourdeur légendaire, quelque chose qui nous a toujours tant fait aimer ce pays ?