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Je débranche !

Les médias continuent à se ficher royalement du monde en se désolidarisant du public resté coincé par défaut d’argent ou simplement par goût sédentaire, entre ses quatre murs.
Les bouchons sur les routes font le quart de l’actualité avec pour leader, ce que chaque belge qui met une roue dehors connaît par cœur : le tunnel de Fourvière. Ses 1863 mètres auront été le sommet de l’actualité estivale.
Pour le reste, la pluie et le beau temps, les frasques et les frappes de l’armée d’Israël, les exactions du nouveau calife de Bagdad toujours maintenu en-dehors de la ville du même nom, les avions qui se donnent le mot pour qu’il en tombe un du ciel chaque semaine et l’affaire russe en Ukraine, le tout bâclé et mal expliqué par des journalistes pressés par le minutage serré et on aura une première idée du grand désintérêt des foules qui restent, de la part de ceux qui partent et des commentateurs qui les accompagnent, comme le griffon de la mémère.
Reste l’affaire du Suédois et de Kris Peeters. On ignore où ils en sont, s’ils s’enfilent comme des phoques ou s’ils guindaillent à Anvers avec De Wever fin saoul sur le port.
Justement, la seule info qui fait l’unanimité : tout le monde s’en fout.

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Pour le show et le spectacle sous bobines, c’est le public stoïque qui est embobiné, rien que des navets hollywoodiens dont les seuls titres de gloire sont d’être passés une bonne demi-douzaine de fois, des spectacles rebidouillés au vu de leurs échecs des années précédentes et des feuilletons aux acteurs dont le plus jeune est mort il y a vingt-cinq ans. Parfois un chef d’œuvre, passé entre les mailles du mauvais goût des survivants des chaînes, rappelle qu’il existe des centaines de films qui à peine montés n’ont pas de salle et pas de public et qui gisent pour pas cher dans l’arrière boutique d’un producteur.
Et c’est là qu’on voit le mépris de ces entrepreneurs de spectacle pour le public restant. La saison estivale ne devrait-elle pas servir à montrer d’autres têtes aussi talentueuses que celles qui courent les plages branchées, plutôt que leurs doublures, incapables de faire de l’ombre aux producteurs partis sous les Tropiques ? Mieux, ne les choisit-on pas pour leur médiocrité insane ?
Expérimentale, pourquoi pas, la saison d’été servirait au moins à quelque chose.
Il est vrai que les spectacles, les films, les infos sont voués à la complaisance, été comme hiver, des Instituts de la statistique qui disent les goûts les plus populaires. C’est ainsi qu’au top d’audience, ce sont ceux au sommet de la vulgarité, qui seront les chouchous.
Étrange unanimité entre les vacanciers en perpétuel rêve de transhumance et les grincheux solitaires et désargentés.
Mais quel est donc le défaut de cette société qui glisse vers le n’importe quoi et le manque d’instruction ?
La bêtise n’est pas mon fort ronchonnait Paul Valéry, serait-ce qu’elle aurait gagné la partie ?
Ce sujet est tabou et inabordable. En effet, celui qui réclame contre elle passe plus volontiers pour un prétentieux, que pour un homme de goût. Cependant, la philosophie peut tout et quelques philosophes se sont déjà répandus dans des livres savants sur la bêtise, sans pour autant avoir été mis au pilori. Je songe à Belinda Cannone « La bêtise s’améliore ». Au moins cette philosophe joint l’intelligence à la beauté et pourrait sans honte montrer ses jambes chez Arthur ou Sébastien. Successeur sans faille de Michel Adam (Essai sur la bêtise), le flambeau est entre de bien ravissantes mains.
Cela ne redonnera pas du sens, de l’émotion et de l’intérêt aux spectacles que ceux qui restent nous proposent, mais, tout de même, il est réconfortant de ne pas se sentir seul dans « l’univers impitoyable » d’un Dallas perpétuel.

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