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Une affaire d’hommes !

Comme de bien entendu, le 11 h 02 du journal « Le Soir » confirme que la rédaction envoie régulièrement au casse-pipe d’onze heures des intervieweurs morts de trouille et/ou ne possédant pas leur sujet. Ce jeudi 28 août dépasse tout ce qui a pu être publié sur le NET d’amateurisme, depuis longtemps.
Le sujet était la désignation par la Belgique d’un Commissaire européen dans la nouvelle équipe de Junker, le nouveau caporal-chef de ladite en formation.
Non seulement l’intervieweur était inintelligible, mais encore ces questions étaient tellement mal posées qu’on aurait très bien pu laisser son compère occuper seul le petit écran.
Entendu, Reynders c’est le poids lourd compétent dont l’Europe a le plus affreux besoin.
Il n’empêche, malgré l’antagonisme historique entre les Michel et « Didjé », compte tenu de la minceur de la représentation des francophones dans la Suédo-kamikaze, le super poids lourd est de loin la personnalité du MR dont « personne ne peut se passer ». Il est presque, par devoir, enchaîné au futur gouvernement.
Or, le journaliste du Soir n’a même pas esquissé l’ombre d’une réflexion sur un fait : c’est bel et bien Reynders qui a postulé à l’Europe de sa seule autorité, et non pas Michel II qui l’y a contraint. Je suppose que si cela avait été le cas, Charles se serait arrangé pour ne pas réserver une chaise à Reynders à la table des négociations avec les Flamands.
La question majeure est donc bel et bien là.

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Ce constat ouvre un champ de réflexions plus plausible que toutes les fariboles du « spécialiste » du Soir : Reynders a postulé à l’Europe parce qu’il ne croit pas à la Suédoise et qu’il ne veut pas entacher sa carrière d’un flop qu’il pressent.
Ainsi, le personnage se dévoile hors des gloses admiratives : Reynders est un carriériste comme les autres, cyniquement attaché à remplir son compte en banque de toutes les « hautes » missions que le pays lui confie.
Son patriotisme est à la hauteur de son ambition : une affaire de fric.
On verra bien si je me trompe dans cette analyse, en suivant les événements dans la quinzaine qui vient.
D’aucuns diront : Reynders ne veut pas être le numéro deux dans une formation derrière Michel II. C’est possible. Mais, le jeu voudrait que Charles reste en-dehors du futur gouvernement en sa qualité de président du seul parti francophone et que Reynders joue le tout premier rôle dans la Suédoise. Craindrait-il de se faire tancer par son ennemi intime à la première bourde ou le premier mouvement de foule que ce gouvernement est très probablement condamné à provoquer, par les mesures impopulaires qu’il va nécessairement mettre en route ?
Il y aurait un peu de ça, sans doute, mais fondamentalement Reynders est convaincu que la Suédoise, même si elle réussit, laissera couvert de déshonneur et donc impopulaires, les ministres francophones qui en feront partie.
C’est là, le fond du problème.
Reynders est tout ce qu’on veut, il n’est ni plus bête, ni plus brillant qu’un autre, mais c’est un vieux routier carriériste, frotteur de manches au départ, jusqu’à l’arrogance suffisante d’aujourd’hui. Il a compris qu’il fallait se tirer au plus vite du traquenard où l’a placé un autre carriériste, mais moins chevronné que lui, Charles Michel.
C’est un peu l’arroseur arrosé. Reynders a été le premier à flirter avec Bart De Wever, mais c’était dans l’intention de piéger son président de parti. Il n’a jamais cru que Michel oserait engager le MR dans une aventure en solitaire avec les Flamands. Il pensait au contraire que Michel perdrait la face dans des conciliabules impossibles avec Kris Peeters.
Or, Michel a fait miroiter les avantages, dans le seul fromage à partager qui reste aux yeux des frustrés du MR. Ceux-ci l’ont approuvé à l’unanimité, c’est donc tout le MR qui est embarqué dans l’aventure y entraînant Reynders malgré lui. Une seule échappatoire : l’Europe !
Michel le sait. Son jeu est bel et bien de faire semblant de soutenir Reynders dans sa candidature à l’Europe, tout en le torpillant adroitement, afin de l’obliger de faire partie d’un gouvernement purement kamikaze et qui n’a aucune chance de durer.
On verra bien par la suite, si ce match qui se poursuit depuis près de trente ans entre les Michel et lui et qui a débuté quand c’était à qui serait le plus empressé de porter la serviette de Jean Gol, lequel de ses lutteurs mettra l’autre au tapis.
Ah ! pauvre rédaction du Soir… ah ! quel papier ces cons auraient pu faire… ah ! comme leur incapacité fait du tort à la presse belge toute entière.

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