– Allo Dieu ?…
Nous revoilà parti derrière Obama avec nos F 16, ces ferrailles à deux ans de la casse, pour une campagne dont on nous dit qu’elle sera longue et qui risque de nous coûter cher, des dizaines, voire des centaines de millions d’€ ! On serrera les ceintures des vieux et des chômeurs, Michel et Reynders savent y faire. Nos dirigeants ont des principes : les engagements internationaux, la défense des libertés du monde occidental, mais ils s’arrêtent au sort des sans-travail et avant le désastre de l’exclusion des vieux et des faibles.
Obama s’est dit préoccupé, il avait sous-estimé le danger de l’EI. Et il continue à le sous-estimer et nous encore mieux, pour la raison bien simple qu’une guerre d’État contre État avait des règles, la troupe et les civils meurent pareils, mais dans le respect des traités, des villes franches, des prisonniers aux conditions de Genève, etc. Les généraux étaient réglos, les bombes sont conformes aux doses explosives prescrites.
Avec l’EI rien de cela. Il n’y a pas de règle. On tue et on égorge, puis on s’effarouche d’un bombardement. On viole et on pille, puis on en appelle aux Droits de l’Homme à propos d’un tir adverse qui fait des victimes dans les rangs des djihadistes gangstérisés.
C’est la première fois qu’un gang s’étend au point d’avoir des frontières et de se constituer en État pirate.
Que diable allons-nous faire en cette galère ? Les populations concernées ne pourraient-elle pas faire leur police elles-mêmes ? Nous voilà en train de nous interposer entre Sunnite et Chiite, entre les « bons » rebelles et les gangsters en Syrie. Nous nous mordons les doigts d’avoir occis des dictateurs comme Hussein, Kadhafi et même condamné Ben Ali, depuis que certains remplaçants sont pires encore.
Mais notre principale et grossière erreur, nous l’avons commise à l’intérieur même de nos sociétés satellisées au pouvoir économique mondial. Nous avons pensé et nous le pensons encore, que les masses islamisées que nous accueillons depuis trente ans seraient vite laïcisées à notre contact et, comme nous qui avons réussi à résoudre notre contentieux religieux en confinant les curés dans leurs églises, ces masses bientôt libérées du fatras et des contraintes qu’imposent leurs imans et leurs muftis, seraient disposées à soutenir le premier principe de tout État démocratique : la laïcité.
Dans cette opinion, nos grands responsables se sont abondamment répandus sur les bienfaits de notre société permissive, avec tellement de concessions à la religions musulmane, qu’on se demande si ces autorités ne bafouent pas l’ordre de préférence qui fait passer la laïcité devant tout.
Ils n’avaient pas vu que les masses musulmanes en Europe ont emporté avec elles mœurs et croyances et que nous avions affaire dans la majorité des cas, à des populations figées dans des traditions et habitudes de culte, comme nous l’avions été du moyen-âge à Pie XI.
La protestation des musulmans de France et de Belgique contre les criminels de l’EI ont fait plaisir aux démystifiés que nous sommes. Mais combien étaient-ils : pas plus de deux mille à Paris ! Je veux bien croire qu’ils auraient été plus nombreux, sans la peur au ventre. Comment doit-on considérer les abstentionnistes ? Ce serait ridicule de les supposer tous sympathisants du djihad en Irak. Fort probablement, il s’agit d’un nombre considérable de bons musulmans, trop bons peut-être, pour s’aventurer jusqu’à reconnaître le bien-fondé d’un État dans lequel la liberté de culte est possible, à condition de respecter toutes les croyances, sous la haute clairvoyance d’une démocratie laïque.
La situation en Europe est malsaine parce que trop de gens croyant bien faire et détestant le racisme ordinaire, comme nous le détestons tous, modulent nos usages démocratiques en faveur de l’obscurantisme d’un autre âge.
Une hostilité à nos concepts de liberté laïque s’est rendue visible par un contingent, très réduit fort heureusement, de combattants volontaires. De jeunes musulmans ont choisi de guerroyer avec le Daech, devenant ainsi les complices d’assassins, par détestation de l’Europe. Je veux bien que ce soit sous l’effet d’une propagande d’agents djihadistes, mais pas seulement. L’enthousiasme pousse parfois des croyants à des extrémités meurtrières. La religion catholique tout au long de l’histoire en a fourni des contingents, des Croisades à l’assassinat du chevalier de la Barre.
C’est un ennemi intérieur que nos F 16 ne peuvent bombarder. Les mesures préventives sont inadéquates. Nous ne pouvons pas ostraciser une religion, la montrer du doigt et l’accuser de tous les maux, après nous être ingéniés à lui offrir plus que de raison, comme si nous devions encore lutter contre la religion catholique, en l’affaiblissant par l’influence de sa rivale.
Il faudra revenir aux fondamentaux de l’État laïc, pour toutes les religions et cesser de croire que la liberté du culte passe devant la liberté du citoyen.
En Belgique, vu la mauvaise qualité du personnel politique, cela n’est pas gagné.