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Au théâtre ce soir…

C’est une théorie que je rumine depuis un certain temps. Et si les politiques étaient tous victimes de leur rôle ? Le cinéma fourmille d’exemple. Il paraît que la plupart des acteurs qui ont joué Napoléon ne s’en sont jamais remis. Non pas qu’ils aient eu le complexe de la petite taille, engendrant le désir de se surpasser et de commander à tous, mais plutôt celui de supériorité, qui est une défense psychologique de compensation, les sentiments de supériorité combattant les sentiments d'infériorité.
N’est-ce pas ce qui est essentiel en politique : « L’art de paraître ce qu’on n’est pas, pour donner une image de soi, compatible avec le stéréotype de l’homme parfait qu’imagine l’opinion » ?
Mieux que l’exemple de Napoléon, celui de l’interprétation de Dieu ! Charlton Eston dans le rôle, il lui en est resté quelque chose. Il n’est jamais sorti de l’allégorie de celui qui donne son sang pour sauver l’humanité. Depuis, il en donna beaucoup, jusqu’à sa mort, mais c’était celui des autres. En échange de dollars en liasses, pour l’Amérique, pour l’Homme américain et surtout pour le droit de porter des armes à feu, Dieu descendait du ciel avec dans ses tablettes le Premier Amendement du Bill of Rights, sur le droit de flinguer qui vous porte préjudice.
C’est la scène permanente de la politique qui fascine, non pas la vision du spectateur qui s’attend à un spectacle et qui depuis longtemps fait semblant d’y croire pour ne pas gâcher son plaisir, mais celle de l’observateur qui depuis les coulisses nous refait le coup des psychanalystes de Vienne avant la première guerre mondiale. Des observateurs célèbres y attrapent le complexe qu’ils sont en train de décrire chez les autres. Michel Onfray, par exemple, s’est mué en Sigmund Freud qu’il déteste, en dépeignant Sarkozy.
Bien entendu les grands rôles de ce théâtre à part, qu’ils soient à peu près tous tenus par des avocats ou sortis des écoles de l’élite, parlent haut et fort des mœurs d’aujourd’hui, vont assainir les finances en s’attaquant au financier, etc. Par la loi des circonstances, ils font exactement le contraire, détruisent l’image d’eux-mêmes qu’ils ont mis trente ans à construire.
C’est le cas de François Hollande. Vous ne trouvez pas que le parti socialiste français est particulièrement ollé-ollé depuis l’avènement du président normal ? Un président qui chasse la femelle en scooter la nuit, une compagne jalouse qui écrit un livre le dépeignant comme un lombric lubrique, la ministre de la culture qui démissionne parce que son amant supposé démissionne aussi, un énarque banquier qui monte en grade à Bercy, un autre qui ne paie pas ses impôts, mais c’est tout le contraire de l’image que Hollande voulait donner de lui et ses boys ! Qu’il s’étonne de son manque de popularité, plus de 85 % des électeurs ne voteraient plus pour lui, l’étonnant, c’est qu’il ait encore 15 % d’irréductibles.
Le théâtre est là, les décors sont plantés, le sexisme ordinaire fait le reste. Les gens aiment regarder les affiches, les présentations des stars, les lampions et cette fiction d’une masturbation publique des gens de pouvoir, entretenue par Galla et Paris Match.

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À y regarder de près, la question est posée. Les partis socialistes sont-ils plus que d’autres happés par des questions de sexes et des renoncements d’idéaux ?
Ils sont en première ligne, mais les autres ne sont pas en reste. Les PS sont tout simplement montrés du doigt ces temps-ci plus que les autres, parce qu’ils sont en plein reniement de leurs idéaux, dont le plus important est l’abandon d’une idée collectiviste de l’économie, pour se rallier à la réalité capitaliste. Cette capitulation sordide arrive au plus mauvais moment, puisque le capitalisme bat de l’aile et retranche massivement aux foules ce qu’il donne aux dirigeants.
Quelqu’un a écrit, il y a longtemps, à propos des hommes politiques en vue « Ces grands malades qui nous dirigent ». On devrait réécrire aujourd’hui « Sunset Boulevard ou la déchéance de la politique à paillettes ».
Il n’y a rien de pire pour eux de poursuivre dans leur paranoïa inconsciente le jeu qu’ils jouent, rédempteurs de l’humanité, Napoléon de la stratégie, Parangon de toutes les vertus, défenseurs de la veuve et de l’orphelin, Reynders le Magnifique ou Di Rupo l’incomparable, Hollande le Surdoué ou Sarkozy le bûcheur, et se retrouver à la tête d’États en faillite, des millions de chômeurs sur les bras et la conscience d’avoir la responsabilité catastrophique de la société d’aujourd’hui. Heureusement qu’ils ont la grosse tête et qu’ils pensent tout le contraire. Cela les sauve de la mélancolie… N’attendez pas que, comme les poux, ils quittent la tête d’un chauve, en tous cas, ils nous resteront jusqu’au dernier cheveu.
Comme les cabots des variétés, que voulez-vous qu’ils fassent ?
Ils ne savent rien faire d’autre…

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