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Intellection.

Tout le monde le sait, la différence d’un blog d’un article de presse tient dans la liberté d’expression. Je ne parle pas du blogueur pré pubère qui se lance (Il a raison. Ne faut-il pas un début à tout ?). Non, des textes d’inconnus feraient le bonheur des meilleurs journaux. Sont-ils trop indépendants pour tenter leur chance ? Ou plutôt suffisamment sages pour savoir que les rédactions ne veulent pas de cette liberté là ?
C’est qu’ils s’emportent facilement. L’indignation est une seconde nature. Cela les amène à hausser le ton. Ils décochent des flèches à nos illustres à qui les entreprises de presse déroulent des tapis rouge. Ils ne seront jamais désignés par les journaux comme faisant partie des meilleurs de la Toile. Ils s’en fichent d’ailleurs.
En France, malgré des feuilles satiriques ou d’opposition systématique, c’est le même rejet. L’évidence saute aux yeux davantage en Belgique. Monarchistes et de centre droit, les journaux francophones défendent tous la démocratie bourgeoise et le capitalisme orthodoxe.
L’irrévérencieux n’a jamais fait carrière chez nous.
Qui lit la presse française d’il y a cent ans est saisi de la différence, aux alentours des années 1880 jusqu’à passé 1900, des hebdomadaires du type « Gil Blas » étaient plus littéraires, moins cireurs de pompes. On y lisait les finesses d’un Jules Renard ou les imprécations d’un Léon Bloy. Le lecteur était bien plus fin et intelligent qu’il ne l’est aujourd’hui. L’enseignement a quitté les rivages humanistes pour se lancer dans les techniques rapportant du fric.
Les débuts du Journal Littéraire de Paul Léautaud fourmillent d’exemples. Le « Mercure de France », de Vallette, directeur, et des extraordinaires littérateurs qui fréquentaient le bureau du secrétaire amoureux des chats, essaimaient partout dans la presse sérieuse.
Quand on voit ce qu’on brasse aujourd’hui… quelle misère !
On dirait que MM. du Soir, de la Libre, de la Dernière Heure cherchent par-dessus tout d’imiter la langue de bois des écoles de marketing. Les journaux sont devenus des monuments d’hypocrisie.

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Comme un remord, de la plume d’un des leurs s’échappe parfois un « Louis II » pour désigner Charles Michel, par contre, pas de Charles-le-Chauve. J’en suis flatté. C’est quand même avoué indirectement qu’on lit les blogs qu’officiellement on ignore. La semaine dernière un habitué des journaux a osé « Suédoise-kamikaze ». Ça m’a fait plaisir. Marc Eyskens les balaie d'un geste de mépris. Il a une formule-anaphore « tout ce qui est excessif est insignifiant » (Il la répète souvent). Désigner quelqu’un par une disgrâce personnelle, fait vulgaire, certes, j’assume.
On pourrait faire remarquer deux choses à ce vétéran du CD&V. La première - Ses allocations et indemnités parlementaires qui ont adouci sa vie, sont considérées aujourd’hui comme excessives par les citoyens et, cependant, elles sont loin d’être insignifiantes. La seconde - Ne devraient être respectés que les gens respectables. Si la satire est vulgaire, sans doute s’adresse-t-elle à des personnages qui le sont encore plus, non pas dans leur maintien, mais dans leurs motivations.
Je n’aime pas les laudateurs, ceux qui respectent l’autorité, parce qu’elle est l’autorité. Je déteste cette autorité qui s’attribue des mérites qu’elle n’a pas et tranche de situations qu’elle ne saurait comprendre, tant elle est détachée des réalités.
Il y a plus d’irrespect, d’indécence et de vulgarité chez un parlementaire qui retire de la bouche d’un pauvre, le pain noir dû à sa citoyenneté, que sa désignation par des sobriquets comme « Charles-le-Chauve » ou Louis II ».
Jamais ces messieurs de la représentativité nationale de quel que niveau que ce soit ne le reconnaîtront, si les citoyens les moins fortunés vivent quasiment de la charité publique, ils sont les moins bien placés pour en discourir, car eux aussi vivent des largesses des électeurs, largesses qu’ils ont outrageusement aménagées pour eux-mêmes en revenus confortables, sans pour autant être responsables devant la loi, de la gestion du pays. Évidemment, il y a un monde entre deux indemnités, inutile de faire un dessin.
Ceux qui ont aboli des monarchies de droit divin, pour instaurer le suffrage universel dans des Républiques, ont eu aussi des sobriquets et des noms détestables, alors qu’ils étaient estimables et, pour la plupart, ont vécu simplement du plus modeste salaire, se gardant de piller les caisses de la Nation.
Ce que nos mirliflores ne seront pas et ne seront jamais.
Ce sont des professionnels d’un genre particulier. Le suffrage dont ils sont issus les dispense de briguer une indemnité comme les simples chômeurs. Ils déterminent par des votes, entre eux, de l’importance de leur salaire. Ils exercent un métier. C’est tout.
Alors, je désignerai ces traîne-culs des noms qu’il me plaira.

Commentaires

bravo

Quel plaisir de vous lire, cher Duc ; je ne m'en lasse pas ! Quelle analyse fine et juste de la médiocrité de ce peuple "belgifié", comme aurait dit l'ami Léon T.!

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