La troisième gifle.
Ce dimanche 28 septembre, le Sénat français renouvelait la moitié de ses membres. C’est une lourde défaite pour le PS qui suit la politique de François Hollande, et le moyen de faire autrement ?
Voilà ce que c’est de tromper l’électeur et de conduire ce pays comme la droite le ferait. Jacques Attali a beau dire que la confiance dans le système politique pour remettre la France dans la voie du succès n’y est plus, c’est néanmoins uniquement la gauche, y compris l’extrême qui n’y est pour rien, qui prend la claque.
Admettons que Hollande était sincère dans sa campagne électorale et qu’il croyait mener à bien le programme qu’il avait annoncé à ses électeurs.
Oui, mais alors quel mauvais jugement dans l’appréciation de la situation !
De deux choses l’une, s’il s’est lourdement trompé dans son programme électoral et qu’au tout début de mandat il s’en est aperçu au point de faire autre chose que ce qu’il avait promis, il en aurait dû diffuser l’annonce et démissionner ou exposer les raisons de son erreur et faire parler les Français par référendum et en cas d’échec, en tirer les conséquences.
Ce qui arrive aujourd’hui est le juste retour des choses. Les Français ne font plus confiance à ce gouvernement. Et ils ont raison, Hollande ne redressera pas la barque. On ne sait pas ce qu’aurait donné la politique qu’il avait promise aux Français, mais on sait bien que celle qu’il a mise à la place ne vaut rien. C’est même à se demander si au bout de la législature, il y aura encore un parti socialiste en France après les élections de 2017.
Le PS belge est dans la même perspective, son programme est de droite. Sauf que Di Rupo n’a pas fait les promesses de Hollande et a été accueilli par la bourgeoisie belge avec un houf de soulagement. Mais comme Hollande, il a navigué dans un contexte identique. Le vrai pouvoir est entre les mains des grands maffieux de l’économie mondialisée. Di Rupo, comme Hollande, n’a pas la carrure pour appliquer une politique de gauche aujourd’hui. La seule politique de changement est celle préconisée par l’extrême gauche, avec une rupture du système.
Voilà pourquoi la politique n’a plus de sens, et que de ce point de vue, Attali a raison.
Au Sénat français, la droite reprendrait 16 sièges à la gauche, qui n'en avait que 7 de majorité.
Il faut donc bien avoir en tête que si le PS en est là, c’est aussi trop tard pour reculer. Hollande s’est engagé dans une politique qui le fait courir à l’abîme, et s’il n’en change pas, c’est qu’il ne peut pas faire autrement.
Quelques grosses pointures socialistes ont été battues. les adversaires du gouvernement y voient la sanction directe de la politique de la majorité.
Avec une majorité de sièges pour l'UMP, le prochain président du Sénat sera choisi dans les rangs de la droite. Une primaire se déroulera le 30 septembre. Jean-Pierre Raffarin va défier Gérard Larcher. Pauvre PS, on ne parle plus de lui au Sénat, sinon à revenir sur l’affaire Guerrini à Marseilles, exclu du PS pour des affaires qui ne sentent pas bon.
C’est le troisième revers de l’année, après les municipales et les européennes, pour la majorité présidentielle.
Même si la conduite du pays ne sera guère influencée par cet échec, les socialistes auraient tort de minimiser cette défaite, en évoquant l’argument qu’elle était inévitable, puisque cette élection est directement la conséquence des élections municipales perdues. Deux conséquences constitutionnelles à cela : en cas de carence de François Hollande, c'est un élu de droite qui assurera l'intérim ; le chef de l'État ne peut plus lancer une révision constitutionnelle, puisqu’il n’a plus la majorité au Sénat.
Jusqu’à présent les socialistes belges ont mieux manipulé l’opinion. Ils sont parvenus à faire croire que la politique du gouvernement Di Rupo était la plus à gauche possible. C’est quand même elle qui permet à la droite actuelle de former un gouvernement sur ses assises. Il suffira à Michel et les autres de la kamikaze de reprendre le travail de Di Rupo, d’approfondir le dessein initial, d’accentuer les retouches, tant pour les chômeurs que pour les pensionnés.
Di Rupo devrait être nommé MR d’honneur. Michel et Reynders devraient y penser.