Un dimanche malgracieux
Commencer par l’euthanasie dans son bidule « Controverse », c’était un sujet à tuer tout le monde. Euthanasiée aussi la RTBF qui avait choisi l’emploi pour blablater dimanche.
Les deux « forces vives » victimes de la journée sans autos, les voisins sont venus à vélo. Ils ont pris le micro avec l’intention de ne pas le lâcher. Ce en quoi ils ont particulièrement réussi. Domino devrait avoir devant elle un tableau d’interrupteurs et couper l’intarissable ou pire, celui qui coupe tout le monde.
Mais, qu’est-ce qu’on est cornichons en Belgique ! C’est le gratin qu’on voit tous les dimanches midis débattre de nos problèmes comme si c’étaient les leurs ? La honte ! Donnez-nous les invités d’Yves Calvi et de Caroline Roux de France Inter, alors, oui, je le jure, je ferme ma gueule.
Chez les RTBF, Thierry Bodson, secrétaire régional des guichets wallons de la FGTB, s’est beaucoup rapproché des grands ancêtres dans son élocution hésitante sur le mot le plus employé dans ses bureaux : « l’emploi ». On se rappelle Lambion, Robert Gillon, Michel Daerden avançant résolument « l’empoi » éliminent le « L » trop bourgeois vieux style, dans leurs effets de tribune, montrant ainsi qu’ils voulaient aller au plus vite dans la recherche d’un travail pour leurs affiliés.
Bodson y arrive, c’est très bien pour son avancement.
Après avoir anesthésié tout le monde à RTL, Domino a mis en selle sur un vieux percheron de manège, un autre débat « La fin des privilèges des pensions ». On croyait qu’on allait parler des pensions surfaites des « héros » de la Nation qui nous coûtent la peau des fesses, et qu’on reverserait le gras sur les petites pensions.
Eh ! bien pas du tout. Il n’était question que de prolonger le travail pour faire reculer le droit à la retraite. On n’a pas encore fini de parler de ce nouveau canard boiteux.
Pendant ce temps, imperturbable, dans un décor aussi lugubre qu’une cave du namurois envahie par les eaux, le téléspectateur avait l’occasion de jeter un œil sur les deux malheureux chargés de faire oublier Maroy et Gadisseux, c’est dire l’exploit à la portée du premier stagiaire venu.
Mais où vont-ils les chercher ? Si au moins à la RTBF, on avait remplacé Maroy par Jehanne Montay, cela aurait eu l’air de quelque chose. Les placards de la RTBF doivent regorger de gens qu’on ne voit jamais, sans doute sont-ils trop intelligents pour le quarteron de minables qui viennent nous prévenir que si ça va mal, ce n’est pas de leur faute, mais de la nôtre. Si j’étais ministre, je regarderais à deux fois d’accepter une invitation dans ce foutoir. Les cons y font tâche d’huile et tout le monde boit la tasse.
Au palais des glaces de RTL, Madame Demoulin a au moins le mérite d’être seule face à la meute, la même, du reste qu’en face. Les autres sont deux : un homme et une femme, même pas crédibles pour une partie de bunga-bunga.
Non, dans notre malheur, nous n’avons pas mérité que nos désastres soient à ce point modifiés, ridiculisés et analysés par des « forces vives » aussi médiocres et probablement fort peu au courant de la vie au quotidien de cinq millions de pauvres, répondant à des journalistes dont on se demande s’ils n’ont pas fourni les questions à l’avance à leurs invités.
Que le détenu pour crimes sexuels soit ou non euthanasié, il aurait été plus intéressant d’envisager un suicide assisté de ces deux émissions « politiques » du dimanche matin.
Est-il possible que nous manquions à ce point d’intelligences pétillantes, d’orateurs dévoués à la défense des peuples, de philosophes sceptiques et critiques et que nous soyons obligés, par défaut, de nous farcir des tatoués du libéralisme mondialisé, incapables de penser à autre chose que ce qu’ils ont gravé sur leurs fesses ?