Charles : une erreur de casting !
Vous devez être au courant ? C’est quand même vous, cher public aimé, qui avons payé la bouteille de champagne bue par Louis Michel et sa charmante épouse, à l’occasion du triomphe (soyons modeste) de Charles. L’intéressé l’a avoué dans les studios de la RTBF ce samedi.
Résumons l’interview.
Le seul moment de vraie émotion a été de « …voir que le fils dépasse d’une certaine manière le père et surtout ce qui m’a le plus ému, c’est que ce soit le parachèvement ou la conclusion d’un travail assez remarquable qu’il a exercé d’abord dans le parti mais aussi pendant ces négociations. J’ai été fort impressionné par la manière sobre, calme, conviviale avec laquelle il a noué des accords."
Nous sommes prévenus, nous ne méritons pas le fiston.
D’habitude, celui qui nous a déjà coûté la peau des fesses est plus prudent. Toujours bien planqué à l’affût des bons deals, il n’entre pas dans sa manière habituelle d’exposer ainsi les siens. L’émotion sous les effets du Don Pérignon, peut-être ? Ce fin jouisseur doit avoir une belle cave !
Mais aussitôt il se reprend. Il revient à son rôle de faux modeste.
C’est un maître, malgré un physique de viveur, il entre dans la peau du stylite. Il joue les émaciés, au point qu’on en oublie la graisse.
Charles est toujours le bénéficiaire de la bienveillance paternelle : "Son ambition était de devenir vice-premier ministre et chef de file gouvernemental du MR au gouvernement. Mais à partir du moment où le contexte fait que l’on doit assumer cette responsabilité, on le fait. Mais manifestement, à le voir, il le fait déjà avec un certain plaisir."
Ce faisant « papa Doc » cloue au pilori Reynders en faisant semblant qu’il ne croit pas à la souffrance de Didier, devant le triomphe de Charles. Oui ! Didier souffre, il voudrait être ailleurs, mais il ne le peut plus. Le piège s’est refermé. Fait comme un rat, il doit tenir le cerceau de fleurs sous lequel Alcibiade succède à Corydon. Être quelqu’un au MR, c’est tout un art ! Mais le rester c’est encore plus fortiche !
Mais voilà que celui que le grand et le petit commerce admirent, Louis, père heureux, s’ébroue et jette un regard gourmand sur ceux qu’il feint d’aimer.
Il en faut un peu pour l’opposition, on pourrait jaser dans les classes moyennes, s’il n’y avait pas au moins une petite vanne sortie des lèvres serrées de l’amateur des vins rémois, sur Magic Élio.
Ce n’est pas difficile de dire du mal de Di Rupo. Le tour de force, c’est de se contenir et de ne pas forcer le trait. "Je pense que si ce gouvernement réussit, les rapports entre la Flandre, la Wallonie et Bruxelles peuvent être fondamentalement différents que ce qu’ils sont aujourd’hui. C’est pour ça que je regrette les propos de Mr Di Rupo quand il tient ce genre d’analyse. D’une certaine manière, il alimente une division dans le pays. »
Le bougre s’empresse d’ajouter, des fois qu’on n’aurait pas compris : « Je sais bien que ce n’est pas de la malveillance de sa part, mais d’une certaine manière, il attise ou il souffle à nouveau sur les braises communautaires. »
Charles est non seulement le génie des possibles, c’est aussi le faiseur de miracle qui verra Bart De Wever manger le bon pain communautaire dans les mains du roi.
Voilà bien l’aveuglement d’un père ! Qui ne verrait à sa place le triomphe de la N-VA ? Jean Jambon n’a nul besoin de recourir à l’émeute pour arriver au confédéralisme, puis à l’autonomie de la Flandre ! C’est de lui que viendra le coup de bambou que Charles ne voit pas. C’est simple, il s’agit d’appliquer à la lettre le programme du gouvernement pour voir aussitôt la profondeur du fossé qui sépare Wallon et Flamand. Et qui tombera dans le trou et la Wallonie avec lui, mais le Grand Charles Michel, bien entendu. Ça Reynders l’avait prévu. C’est toujours handicapant d’exercer un pouvoir quand on est ébloui par sa propre gloire. Louis Michel sera en partie responsable de ce qui va arriver au fils !
Dans son interview la détestation du socialisme et de Di Rupo est un fait saillant, mais celui qu’il abomine le plus, au point qu’il n’arrive plus à garder son ton bonhomme, c’est quand il cite « Monsieur Lutgen ».
"Bien entendu, c’eut été mieux si la représentation francophone avait été plus forte, mais ça nous le devons à la désertion de Monsieur Lutgen. Il aurait pu venir défendre son point de vue avec nous… Ça n’aurait pas fait une majorité mais cela aurait été beaucoup plus représentatif. Mais Monsieur Lutgen n’acceptera jamais rien de difficile… Pour ça, il faut être courageux. »
Ah ! la nostalgie du bourgeois pour le grand rassemblement des gens raisonnables contre le grand complot rouge ! Qu’un ancien allié naturel déserte la boutique, c’est le pire de tout.
Le reste de l’interview est un coup d’encensoir à Reynders, son amitié indéfectible pour le fiston adoré. Comme si Didjé ne préparait pas une excuse publique lorsque Charles Michel, tombé de haut, s’apercevra qu’il n’a été qu’une marionnette de la N-VA !
Le plus effrayant, c’est de voir dans quelles mains d’irresponsables nous tombons ! Tous les excités du MR se congratulant et serrant la main du Grand Homme, comme s’il était Napoléon au pont d’Arcole, quel spectacle ! Je suis saisi d’un pessimisme noir pour l’avenir. Ces imbéciles d’un seul coup ivres de bonheur face aux Flamands, drôlement plus intelligents ; plus calculateurs, plus froids… il y a de quoi avoir peur. Et Chastel président du MR !
On n’est plus au triomphe du petit Chastel à Charleroi face aux socialistes maffieux.
Pauvre Belgique !