Moscovici non crédible.
Que les rosés ne s’affolent pas, l’Européen ordinaire ne l’est pas non plus
Ce n’est pas de sa faute mais de ceux qui manipulent la démocratie à leur aise, le citoyen est fort peu mis à contribution pour donner son avis sur ce qui le concerne tous les jours.
Il a voté pour la désignation de son candidat à l’Europe, à la suite de quoi on ne lui demande plus rien. La désignation des Commissaires et du président lui échappe, la politique même de l’Europe est à peine débattue à Strasbourg. C’est le parlementaire européen qui prend le relais, lui-même en décrochage par la suite. La démocratie ? On délègue puis on part à la pêche cinq ans.
L’équipe Juncker est essentiellement formée par les candidats désignés par les partis au pouvoir des États membres. Juncker lui-même est un compromis entre Madame Merkel, François Hollande et David Cameron. À la suite du dosage des partis regroupés dans des groupes, on assiste à des accords du type « si tu me laisses tranquille pour mon candidat, je serai gentil avec le tien ».
Mais voilà que des États ont déposé leurs candidats comme des enfants abandonnés jadis aux portes des églises.
C’est tellement compliqué de faire un gouvernement européen avec un ensemble aussi disparate de commissaires, que Barroso a été réélu en son temps, rien que pour cette raison.
Les auditions de plusieurs membres de l'équipe Juncker se sont terminées par un désaveu à peine déguisé des parlementaires européens. C’est le cas de l’Espagnol Canete et du Français Moscovici. C’était si tendu que Juncker a prévu une réunion de crise mardi pour tenter de dénouer un bide probable lors du vote d'investiture de l'exécutif prévu le 22 octobre.
Nous regardons placidement ces turbulences comme si elles ne nous concernaient pas. Or, elles nous concernent au premier degré, le financement de tout ce cirque, c’est nous. Les directives européennes qui en découlent touchent jusqu’à notre manière de vivre et notre porte-monnaie, il va de soi.
On se souvient de la propagande pour l’Europe jusque dans les petites classes de l’école primaire avec le soutien des partis. C’était avant le gros plouf de la crise de 2008. Depuis, plus de propagande, rien que des témoignages des exaltés de l’idée européenne d’avant qui espèrent nous masquer la réalité d’aujourd’hui.
On comprend que dans ce foutoir, Marine Le Pen avance comme dans du beurre. Cependant, elle n’est pas gênée, tout en tapant tant qu’elle peut sur l’Europe, d’organiser ses fins de mois avec l’argent qu’elle retire de son mandat de parlementaire européen, comme son père, du reste.
Voilà l’Europe bien mal en point, avec ses ennemis extérieurs et intérieurs, ses compromissions et ses bidouillages, avec la réputation de jeter l’argent par les fenêtres et de surpayer ses fonctionnaires dans un espace européen où des pans entiers de la population tombent dans la misère.
Il est vrai que le candidat espagnol fleure bon la combine, Miguel Arias Canete, désigné pour le portefeuille de l'Energie et du Climat, a des participations de famille dans le secteur pétrolier. Sa déclaration du patrimoine n’était pas correcte et, pour tout dire, il n’inspire confiance qu’aux membres de son parti, le PPE.
Jeudi, l'audition du Français Pierre Moscovici s'est transformée en débâcle, avec un portrait de la France réalisé en filigrane de celui de son candidat.
Le socialisme n’a plus la cote en Europe, alors que ses partis ont cru qu’en faisant allégeance au système libéral, la droite les considérerait comme des leurs, et que l’électeur socialiste, bon enfant, n’y verrait pas malice.
Il faut croire que les déclarations solennelles d’une social-démocratie libérale au cœur des leaders socialistes européens n’étaient pas suffisantes.