Une affaire presque entendue.
Un électeur qui entre à la N-VA en sort moins vite que s’il était à l’Open-vld, en raison de convictions nationalistes plus tranchées, attiré par une direction fascisante. Il doit adhérer à la N-VA comme les anciens militants socialistes – aujourd’hui disparu – entraient en politique croyant ainsi changer profondément les choses.
Pourquoi, cette redoutable formation n’est plus écartée du pouvoir ?
Le parti de De Wever avec 33 % des voix, est plus difficile à marginaliser. Et surtout, parce que la société bourgeoise espère récupérer ce parti de droite, comme elle a récupéré le parti socialiste de Di Rupo.
Il était prévisible dans une situation économique détestable, qu’un parti vierge de tout gouvernement soit plébiscité pour conduire une autre politique fédérale. La N-VA a deux choses qui plaisent à la Flandre. Elle est nationaliste et propose des solutions à l’allemande pour sortir de la crise. Sans sa participation, le danger était qu’à la législature suivante, la N-VA obtienne la majorité en Flandre, rien qu’en constatant la profondeur de l’échec d’un remake du gouvernement qui s’en va.
Est-ce une erreur cette participation de la N-VA ? Bart De Wever a-t-il une autre tactique en tête que celle de jouer le jeu d’une droite forte qui – si elle réussit comme l’entendent les banques – risque de donner raison aux partis concurrents ?
Ce parti entre au gouvernement grâce au changement de stratégie de Bart De Wever, au moment où le MR de Charles Michel a besoin de résultats et ne supporte plus de rester à la porte des gouvernements régionaux de Bruxelles et de Wallonie.
Ce qui ressort de cette première semaine de gouvernement, c’est la carence de la N-VA en cadres « convenables », c’est-à-dire conformes aux personnels bien lisses et bien insipides des autres formations.
Du président de la Chambre aux trois ministres de la N-VA, ces premiers couteaux de Bart sont à peine « dégrossis ». Ils descendent si fraîchement des tréteaux de la surenchère nationaliste, qu’ils se croient encore devant un public à l’image de leurs idées. Ce staff de la N-VA est loin évidemment des jeux de concessions réciproques. Ils sont persuadés que la Wallonie est un boulet, que la Flandre éternelle était en droit de préférer l’Allemagne jusqu’en 44 et que la défaite nazie fut un désastre pour la Flandre. Ils disent le contraire. Il y en a même un qui a présenté ses excuses. Ils n’en pensent pas moins et attendent l’occasion de le prouver.
Les récentes protestations des partis francophones sur les propos de Theo Francken, le soutien des autres compères de la N-VA et celui impérial du président du parti (1), sont des signes avant-coureurs de ce qui va probablement se passer.
Bart De Wever pourrait très bien, plus tôt que prévu, chercher un prétexte pour que les trois compères claquent la porte du gouvernement.
L'explosion du chômage, l’opposition francophone à la vision du « progrès » à la flamande et l’impossibilité d’un consensus avec la population wallonne pourraient faire un effet boule-de-neige et produire une opinion favorable des militants de la N-VA, à la liquidation immédiate de la Belgique.
Pourquoi De Wever ne rêverait-il pas à cela maintenant ? La N-VA n’est toujours pas un parti normal dans le paysage politique belge. Consciemment ou pas, sa diabolisation par les partis francophones de l’opposition sert sa cause.
Le problème, c’est le double discours que doit tenir le président de la N-VA : souhaiter la réussite aux affaires de Charles Michel et espérer les faux pas pour en profiter et sortir du bois. Tiendra-il encore longtemps ? Le naturel peut revenir au galop.
On sait comme ce parti nationaliste et conservateur a des exemples de duplicité pleins ses tiroirs. L’histoire de Bob Maes n’est que la pointe de l’iceberg.
Savez-vous que les archives concernant les rapports des Belges avec les Allemands, ainsi que les dossiers des Belges condamnés pour collaboration sont toujours interdits d’accès, sauf autorisation rarement accordée ?
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1. Ce dimanche sur l’antenne de la VRT, Bart De Wever a remis ça et ajouté que même le roi avait collaboré avec Hitler. Ce qui est une vérité incontestable, mais qui n’enlève rien aux responsabilités de Michel, trop passif et soumis à l’Anversois.