L’Ukraine, c’est quoi ?
Tandis que des intégristes se sont rassemblés en un califat sur trois États et que nous aidons les États-Unis à les combattre, dans la peur d’une menace islamiste, nous regardons s’embraser d’un œil impassible l’Est de l’Ukraine dont les séparatistes sont soutenus ouvertement par la Russie.
Inutile de dire que l’Ukraine pro-européenne est bien plus proche de nous, puisqu’elle a une frontière avec l’Europe, que l’Irak ou la Syrie.
Ce week-end encore des combats violents ont mis aux prises la faible armée ukrainienne aux forces spéciales de Moscou déguisées en défenseurs des « Républiques populaires » de Donetsk et de Louhansk.
Pendant que les rebelles reçoivent des renforts massifs de Russie, nous envoyons des vivres et munitions de l’autre côté de la Méditerranée afin de suivre la ligne politique de Washington. Sans vouloir minimiser le danger afférent à la naissance d’un État criminel dans cette partie du monde, nous allons jusqu’à oublier les intérêts stratégiques de l’Europe, à propos des événements qui se passent à ses frontières. C’est à croire que les américanolâtres de Bruxelles ont envahi l’Europe rond-point Schumann pour nous faire oublier nos intérêts immédiats !
Les routes du Donbass ne suffisent plus à canaliser tanks et camions de l’Armée russe et nous faisons semblant de croire Poutine qui jure ses grands dieux qu’il n’y a pas un seul soldat russe dans cette région ukrainienne ! L’été dernier, quand les séparatistes étaient en passe de perdre militairement, la Russie a soutenu massivement les chefs de guerre du Donbass. Comme les protestations étaient molles du côté de Barroso, les Russes se sont dit que c’était le bon moyen de noyer dans l’oubli leur mainmise sur la Crimée et les voilà quasiment installés dans l’Est de l’Ukraine aussi, à quelques heures de train de la frontière polonaise.
Sommes-nous à ce point obnubilés par la guerre que les Américains soutiennent de leur aviation en Irak que nous ne voyions pas le regain de tensions, alors que la Russie fait semblant de donner des gages pour rassurer ses partenaires étrangers de ses bonnes intentions. Ensuite, quand ce n’est pas suffisant, elle use de son droit de veto au Conseil de sécurité et on n’en parle plus !
Puisque nous paraissons nous être rendus à ses raisons, pourquoi avoir couvert avec des accents dignes de la guerre froide la révolution à Kiev, contre l’ancien président pro-russe ?
Serait-ce que les grands financiers occidentaux auraient donné des consignes de modération, afin de protéger le business des gaz et carburant avec la Russie ?
Vous avez sans doute remarqué comme le ton a changé dans les gazettes et que cette guerre à notre porte est en passe de devenir une guerre oubliée et avec elle, toute cette population ukrainienne qui rêvait d’Europe, comme nous n’en rêvons plus depuis longtemps !
La preuve que nous continuons à être des marionnettes de Washington et que l’Europe n’est que la succursale US, voilà qu’à Pékin Sergueï Lavrov, ministre des affaires étrangères du Kremlin a dit à John Kerry qu’une implication des Etats-Unis dans un règlement du conflit serait « un pas dans la bonne direction ». Autrement dit le sort de l’Ukraine ne se jouerait qu’entre ces deux pays, étant sous-entendu que la Russie est en train de sombrer dans la crise et la récession et qu’elle a besoin des USA pour s’en sortir.
Les Européens ont l’air de quoi dans cette situation grotesque ?
La proximité du G20 en Australie, les 15 et 16 novembre, y est-il pour quelque chose ?
Voilà bien encore une preuve, s’il en était besoin, que l’économie est parvenue à maîtriser complètement la démocratie et avec elle, tous les naïfs qui vivent encore de l’espoir qu’elle leur rende enfin les services qu’ils en attendent.
Impuissance de l’Europe, établissement de l’éclatante primeur de l’économie sur la démocratie du social, voilà les messages que nous délivrent la situation en Ukraine.
Que dire de plus, sinon que la politique extérieure à la Belgique est en tout point conforme à la bassesse servile de ce gouvernement kamikaze. Ce n’est pas de l’Europe dont nous recevons vraiment les grandes directives, mais des quelques grandes puissances extérieures que sont les multinationales au service exclusif des propriétaires.