Une dictature comme les autres.
S’il y a bien une chose incompréhensible, c’est l’inadéquation entre les désirs de la population qui devraient se concrétiser dans le choix des électeurs et le personnel politique choisi.
Aucun homme politique n’aurait été élu, chez les libéraux, avec un programme sur le saut d’index, la retraite postposée et la préretraite, les restrictions aux allocataires sociaux, l’alliance avec la N-VA, etc. Charles Michel l’a bien compris qui s’est fait élire sur la détestation de la N-VA et qui est resté dans le flou sur les efforts des électeurs pour 2015.
De même, faire une campagne électorale au PS avec les mesures prises par Di Rupo concernant le chômage, aurait conduit à un désastre aux élections.
Si ce qui se passe n’est pas de la malhonnêteté intellectuelle, je me demande ce que c’est !
Si encore, ces hommes de parti une fois au pouvoir s’étaient expliqués, voire avaient présenté des excuses, on aurait pu comprendre la démarche.
Le moindre observateur se serait au moins interrogé sur la capacité d’analyser la situation de l’homme dont il a aidé l’installation, par sa voix.
Ne vaut-il pas mieux passer pour un naïf que pour un voyou ?
À ces constatations, on voit les limites du suffrage universel et la transmission des pouvoirs du peuple pour une longue période à des gens qui se croient autorisés de suivre une autre politique que celle qui les a fait élire.
Le comble, c’est la même situation devant laquelle se retrouverait l’opposition si elle était au pouvoir, puisqu’elle s’est accordée avec la majorité sur le système. L’économie vue par le FMI et le CAC 40 semble être la seule feuille de route pour tout le monde.
C’est ce que pense l'alliance de plusieurs mouvements qui a perturbé avec plus d’un millier de manifestants le sommet européen qui s'est terminé jeudi.
La technique d’attrape-nigauds des campagnes électorales belges semble être de la même farine dans tous les pays d’Europe affiliés à l’UE.
L’Union Européenne apprendrait-elle à nos techniciens du verbe, l’art de combiner la parole doucereuse et l’action douloureuse ?
Les conclusions du conseil sont formelles : il faut accentuer l'austérité et terminer les négociations du TTIP (traité de libre-échange transatlantique) en 2015 !
Les électeurs avec une large majorité dans tous les partis (même ceux de la N-VA) n’ont pas voté pour un pareil programme.
Il existe des alternatives, d’autres équilibres économiques, d’autres sources de financement de la dette publique que le duo Charles Michel-Bart De Wever suit à la lettre. Mais nos têtes de gondole n’osent pas les évoquer, même pas l’opposition !
C’est invraisemblable une situation pareille !
Ces gens essaient de nous convaincre d’une chose avant les élections, pour nous faire avaler une autre, dès qu’ils sont élus !
Ils ne tiennent pas un langage de vérité avant, parce qu’ils craignent qu’un concurrent mange le morceau et rafle la mise. Plus simplement, nous prennent-ils pour des imbéciles ?
Je veux bien que l’on puisse chipoter sur un programme et qu’il ne soit jamais accompli à 100 %, mais c’est autre chose de proposer un programme et de faire le contraire !
Pourquoi ne pas dire " En vérité, mes chers compatriotes, nous ne sommes plus que des courroies de transmission pour appliquer un programme fixé dans le cadre européen : une austérité sans exemple, pour les plus pauvres."
On n’a jamais vu autant de mauvaises fois réunies par un système que l’on porte toujours au pinacle des droits de l’homme et qui s’appelle la démocratie et dont on dit qu’il est le meilleur au monde… et tromper aussi hardiment autant de gens !
L’étonnant, c’est qu’on s’étonne du désintérêt général pour l’Europe, les partis, la chose publique, les élections, enfin tout ce qui a trait au vivre ensemble !
Et si on commençait à se poser des questions sur les noms divers dont s’affublent les dictatures ? Par exemple, le plus en vogue actuellement, ne serait-ce pas la démocratie ?
La démocratie, une dictature comme les autres ?
Dommage que l’on ne puisse pas demander l’avis d’Aristote.