Le doux chant des lingots.
Les admirateurs des gens à pognon se frottent les mains en Belgique. Ils sont prêts à accueillir les « pauvres » riches qui pourraient prendre le chemin de l’exil. Plutôt la Belgique que la Suisse, non ? Ça paie pas d’impôt, mais ça chie dans la soie, ces bestiaux-là ! Nos officiels aiment le luxe et ceux qui vivent dedans.
La concurrence reste forte avec les Helvètes. On réussit quelques coups avec nos élégants dans les ministères, mais les autres restent au top.
Par l’effet d’une démocratie sans doute plus ouverte au beau monde qu’en Belgique, les Genevois, par initiative référendaire, vont avoir l'occasion de dire ce qu'ils pensent des conditions très avantageuses offertes aux riches étrangers. L’initiative cantonale en faveur de l'abolition des forfaits fiscaux, en même temps qu'une initiative nationale sur le même sujet aura lieu bientôt. Genève aura ainsi l'occasion de suivre la décision prise par Zurich en 2009.
Les forfaits fiscaux sont destinés à attirer des contribuables étrangers fortunés n’exerçant pas d’activité professionnelle en Suisse. Ces riches sont imposés sur leur train de vie et leurs dépenses locales. Un peu comme on le faisait en Belgique dans l’entre deux guerres, une taxe à la « tête du client », belle bagnole, maîtresse habillée par un grand couturier, château et piscine privée, ça vaut tant…. Voilà qui arrange les résidents qui ne sont pratiquement jamais dans leur propriété en Suisse. Comment taxer un Delon, un Hallyday ? Par exemple, pour le chanteur résidant à Gstaad (canton de Berne), il aurait payé 583.000 euros d'impôts en 2011. Soit seulement 10% de ses revenus gagnés la même année.
Les Suisses qui sentent passer la crise comme nous, la trouvent mauvaise. Ils ont décidé que chacun, selon ses moyens, devait contribuer à sortir de l’impasse dans laquelle les a fichus l’économie en train de battre de l’aile.
En 2014, la Suisse comptait 5.634 cas d'imposition à la dépense, dont 710 à Genève.
Bart De Wever et Charles Michel qui aiment tant les riches – ils viennent encore de repousser l’idée d’une taxe sur la fortune – s’attendent à un nouvel arrivage d’émigrés de luxe, en cas de victoire du "oui" suisse. Partis sur l’idée d’un nouvel exil, les riches étrangers trouveraient en Belgique un pays qui leur tend les bras, surtout que la N-VA, par ailleurs impitoyable pour les demandeurs d’asile et les chômeurs, adore ce parasitisme-là.
Le Plat Pays regorge d’expatriés français pour lesquels il n’y a aucune exigence, ni financière, ni linguistique. Les rentiers et les actionnaires qui n’ont que la seule activité de couper les coupons une fois l’an dans la banque de leur choix, grâce à l'absence d'impôt sur la fortune (ISF), trouvent un havre de paix fiscale à Uccle et à Knokke.
La Belgique aime tellement les oisifs aisés, qu’elle taxe surtout les revenus du travail. Si bien qu’à partir d’un certain niveau, ne rien foutre est même encouragé par Bart De Wever, pourtant impitoyable pour ceux qui n’ont pas de travail et qui en cherchent..
Nous avons l’air, comme ça de ne pas savoir où puiser des recettes à cause de notre extravagance politique avec cinq gouvernements au point que Moscovici, aux finances de la Commission européenne, nous somme de réaliser des économies, mais avec notre bonté fiscale à l’égard des gros magots, nous exonérons toujours les plus-values mobilières liées à la cession de titres d’une société, etc…
Et puis Bruxelles, la cosmopolite, est à deux tours de roue de Paris par le Thalys.
Ce référendum suisse, Charles Michel croise les doigts pour qu’il réussisse.
Mais, il faudra que son gouvernement joue serré avec les pressurés qui font des grèves et perturbent les séjours des bienheureux du CAC 40.
C’est que Michel a des concurrents à la résidence. Il paraît que l’Angleterre et l’Irlande sont très attirantes aussi, Monaco, quoiqu’on n’en fait plus la réclame ; dernier venu dans les paradis fiscaux à portée du chemin de fer : le Portugal.
Les retraités européens ayant des pépettes par millions y sont comme chez eux tout de suite. Pas de passeport, pas de formalités gênantes, rien que des courbettes de l’administration. Les résidents « non-habituels », les pigeons voyageurs à gros pognon sont totalement exonérés au Portugal.
De Wever s’inquiète, Charles Michel s’insurge à l’Europe, d’une concurrence déloyale du Portugal.
La Commission va revoir le cas…
Ah ! mais… la Belgique défend ses intérêts.
Et nous là-dedans, que fait-on ?
Rien. On bosse. On paie. Normal !