L’attentat de trop.
Je me disposais d’écrire sur la sortie du livre de Houellebecq « soumission ».
J’allais trouver curieux que beaucoup ne l’ont pas lu, comme moi qui n’en sais que ce que les journaux publient, et qui vont pourtant faire semblant....
Et puis voilà l’attentat contre Charlie-Hebdo et la mort de douze personnes, dont huit journalistes !
Deux ou trois fous furieux armés, comme ceux de Daech le sont habituellement (il paraît que ceux-ci sont d’Al-Qaïda ?), sortent d’une voiture, font irruption dans la salle de réunion du journal, la suite c’est d’une petite voix que le président nous raconte les faits.
Les criminels en fuite, la police impuissante… la consternation, etc.
Qu’est-ce qu’on peut dire en pareil cas ?
Ce qu’on entend d’habitude à la suite des grandes catastrophes, l’unité de la nation, la France est diverse, mais tous les citoyens sont français, derrière le président.
Quelqu’un qui soulèverait la moindre petite interrogation, par exemple : l’hebdomadaire était menacé depuis les caricatures de Mahomet. Il avait déjà été victime d’un attentat. Des truands avaient incendié ses locaux. Depuis, la préfecture laissait deux fonctionnaires de police en faction devant le siège du journal.
Jusqu’à présent tout le monde est d’accord. Voyons la suite : quand on voit les bouts de scènes filmés par les riverains, l’arrivée dans la petite Citroën d’énergumènes, deux ou trois, armés de kalachnikovs, résolus, gesticulants, qu’est-ce que les flics dans la rue foutaient ?
Paix à eux, ils sont morts. J’aimerais comprendre. Ils n’ont pas eu le temps de dégainer ?
Ils ont quand même à la ceinture une arme de poing genre colt 45, neuf balles dans le chargeur de 8 mm. Ces machins là, bien en pogne, ça peut faire mal !…
Pendant le flux ininterrompu des mêmes nouvelles qui tournaient en boucle, j’en ai surpris une assez surprenante « Venue en renfort, la police a reculé devant les armes supérieures employées par les tueurs ».
Je sais, ce n’est pas le moment de la critique, mais quand même, voilà qui n’est pas rassurant.
Pour calmer les esprits (le deuil est trop récent) on voit des cars déversant cinq cents CRS, tandis que le speaker claironne triomphant, que c’est pour renforcer la vigilance maximale dans la capitale. On les voit descendre des cars à la file indienne, équipés comme pour aller en découdre au barrage de Sivens, avec une longue matraque et une toute petite gaine, contenant un tout petit révolver, genre 6,35 de salon.
Évidemment, la police reculant, les deux ou trois djihadistes, après avoir clamé que la rédaction de Charlie criblé de balle, avec douze morts et beaucoup plus de blessés sur le carreau, l’avait été au nom d’Allah, les voilà repartis comme ils étaient venus. Ils changent de voiture deux rues plus loin. Peut-être ce soir, se tapent-ils la télé pour revoir leurs exploits.
On comprend que le déroulement de la scène, les couacs et les atermoiements vont, après le deuil et le recueillement alimenter la presse internationale, sur le peu d’efficacité de la police française. Pas demain, c’est jour de deuil national, mais après ? ...il faudra encore se faire les enterrements grandioses et les discours.
Si les dessinateurs – tout au moins un – avaient survécu, on voit d’ici la page de couverture du Charlie-hebdo de la semaine prochaine : deux brigadiers jouant une belote sur le siège arrière du véhicule de la préfecture.
– T’as entendu, on dirait des coups de feu ?
– Non, c’est Charb qui pète un coup…
Évidemment, l’inspecteur Callaghan n’était pas là.
Le danger demain et les autres jours, ce ne sont pas les fous d’Allah qu’il faut le plus craindre, mais ceux qui avaient déjà demandé qu’on se modère lors des caricatures de Mahomet (Chirac). Les trouilards sont capables de récidiver et de profiter de l’occasion pour porter atteinte à la liberté d’expression, au nom de la décence, du respect des croyances et surtout au nom de la pétoche qu’ils doivent avoir.
Oui. Charlie-Hebdo doit poursuivre ses publications. Des journalistes doivent remplacer les morts.
Que pouvons-nous faire, pour les aider ?
J’avoue, depuis longtemps je ne lisais plus Charlie-Hebdo, pas par manque d’intérêt mais par manque de temps. Je vais remédier à cela. S’il reparaît, je l’achète la semaine prochaine et les semaines suivantes.