Le bal des voyous.
Il faut saluer Madame Dominique Demoulin pour avoir fait débattre ce dimanche midi de la nouvelle règlementation du chômage et l’exclusion à dater de ce 1er janvier 2015 d’un nombre conséquent de chômeurs.
La concurrence n’était pas encore revenue de vacances et c’est tant pis pour la RTBF.
Bien entendu, le sort de la plupart des exclus va se trouver dramatiquement assombri par ce nouveau recul des aides que nous devons aux plus faibles d’entre nous. C’est une sensibilité que n’a apparemment jamais eue le gouvernement de Charles Michel. Son représentant sur le plateau, Monsieur Borsus paraissait par moment assez embarrassé des questions que les chômeurs posaient, ainsi que les membres présents des CPAS et des partis d’opposition.
L’espoir de redonner du travail à ceux qui en cherchent par ces mesures, fait partie des grosses ficelles de Borsus. Il est difficile d’imaginer qu’il est plus facile de trouver un emploi lorsqu’on est sans ressource que lorsqu’il reste encore assez de sous dans le portemonnaie pour se déplacer en bus ou en train.
En réalité, ceux qui sont poussés vers la sortie devront se débrouiller seuls et sans aide du FOREM.
C’est une catégorie de citoyens qu’on abandonne, comme on a abandonné les SDF sur les trottoirs. Croit-on pouvoir régler de la sorte le sort de ces chômeurs qui vont se retrouver dans une condition pire que les immigrés recueillis en Méditerranée par la marine italienne, puisque ces immigrés reçoivent des soins, de la nourriture et un hébergement ?
Quand on entre dans ce « dégraissage », le pouvoir ne s’arrêtera pas en si bon chemin, demain, il s’attaquera aux pensionnés, et puis qui encore ?
Il faut faire des choix et la politique n’est pas faite par des enfants de chœur ; mais ceux qui pour protéger leurs privilèges de classe s’attaquent aux plus faibles de nos concitoyens, se déshonorent pour tout autant que l’honneur ait encore un sens pour ces gens là !
Et les plus acharnés sont messieurs De Croo et Michel dont les familles et eux-mêmes vivent et prospèrent depuis longtemps des deniers publics.
Ce qui n’a pas été dit ou à peine ébauché par Borsus est à peine croyable, tant cela laisse sous-entendre la vilenie des partis de ce gouvernement. Ces partis tablent sur la nécessité de trouver un emploi pour bouffer. C’est-à-dire que De Croo, De Wever et Michel se sont acoquinés sur cette pensée que les chômeurs de longue durée sont des fainéants et qu’en leur retirant le pain de la bouche, ils vont tout de suite se « bouger le cul ».
C’est d’autant plus dégueulasse d’imaginer ce scénario que si on a lu ma chronique d’hier, on arrive à la conclusion que c’est le système libéral à bout de souffle, qui crée du chômage et que mathématiquement, même si, de-ci, de-là, quelques centaines d’emplois pour toute la Belgique ne trouvent pas preneur (il faut savoir lesquels), c’est 600.000 emplois qu’il faut créer.
Or, ils ne pourront pas les créer. Les mesures envisagées ne sont que des sanctions infligées à des pauvres par des sadiques qui palpent au bas mot 20.000 euros à la fin du mois. Ce sont des imposteurs qui font croire n’importe quoi à la population. Je le pense de plus en plus, nos dirigeants, s’ils sont inconscients, sont stupides et il faut les remplacer ou ce sont carrément des voyous, au même titre que des maquereaux qui mettent de pauvres filles au tapin en les battant comme plâtre, pour leur prendre le plus de sous possibles du commerce de leurs charmes.
Madame Dominique Demoulin ne pouvait pas faire que le débat débouchât sur une question capitale. Elle aurait été du domaine d’un autre débat. « Est-ce que l’économie belge telle que nous la trouvons en 2015 pourra – avec le gouvernement Michel – créer 600.000 emplois d’ici la fin de la législature ou, tout au moins, en créer la moitié ? »
Je pense que non.
Et si elle ne le peut pas, et que ce gouvernement en rejette la responsabilité sur l’économie mondiale, de deux choses l’une : la démocratie n’existe plus, puisque le pouvoir échappe aux citoyens. Pour reprendre la main, quelle attitude prendre ?
Faut-il privilégier la lâcheté, se glisser dans le trou et toucher le fond le plus tard possible ? C’est la politique libérale ! Ou dénoncer la supercherie et chercher autre chose ?
On butte toujours sur le même mur : celui de la critique du système !
Et c’est une attitude pour le moins suspecte de voir que ces messieurs de pouvoir tressent des couronnes de laurier à ce qui nous étrangle !
Pourtant, une économie qui produit 600.000 chômeurs en Belgique et 3 millions et demi chez nos amis français, une économie que l’on sait depuis longtemps incapable de résorber ce déficit humain, est une économie qu’il serait temps de réformer.