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Les gros sans Grèce.

On n’avait jamais vu la chancelière Merkel aussi agressive, lors de son interview à propos de la Grèce.
– Sie dürfen die Eurozone zu verlassen. (Ils peuvent quitter la zone euro).
La simple disposition démocratique qu’un parti ayant obtenu le plus de voix accède au pouvoir, irrite aussi bien la droite que la gauche bien pensante, lorsqu’il s’agit d’une gauche non conventionnelle. Le parti Syriza pourrait bien l’emporter ce 25 janvier, lors d’élections anticipées en Grèce. C’est moche pour la rente universelle.
Revoilà à nouveau tous les réflexes antistaliniens qui resurgissent comme au temps de la guerre froide. Ces malotrus pourraient envoyer paître les mesures de restrictions et de taxes massives dont le peuple grec est accablé, sans résultat sur la dette.
L’Europe prétend contraindre à une politique d’austérité sans fin un peuple à genoux, alors que des sacrifices considérables consentis on fait pire qu’avant.
Faut-il rappeler qu’un quart des travailleurs n’a pas d’emploi (1 jeune sur 2 !), n’a plus accès aux soins et vit sous le seuil de pauvreté ?
Le redressement qui devait être au bout de cette purge ? Un seul chiffre et on aura compris : le PIB a reculé en Grèce de 26 % depuis 2010 !
Qu’à cela ne tienne : les menaces pleuvent. Les banquiers adressent des mises en demeure. Les chefs d’État se réunissent. Il n’est pas question que ce pays parte ainsi sur ses chaussettes sans payer un droit de sortie.
Alexis Tsipras, le leader du parti Syriza, a beau s’écrier que la politique de l’Europe est dans une impasse, qu’elle pousse plus à la faillite qu’à la réussite, rien n’y fait. L’Europe se dévoile telle que l’ont voulue les libéraux : une entreprise soi-disant démocratique et qui n’est en réalité qu’une succursale du commerce et de l’industrie. Les pays de l’Union sont dorénavant des sous-agences, des gérances à souveraineté limitée.
On pourrait même faire la comparaison, avec l’URSS qui s’était entourée des républiques socialistes annexes. Ces dernières avaient à peu près les compétences que les pays de l’UE ont vis-à-vis de Bruxelles.
Si la Grèce disait adieu à ses mentors, Merkel n’enverrait pas des tanks comme Staline en Tchécoslovaquie, mais des huissiers chargés de recouvrer des créances, appuyés par la cohorte des autres et la Belgique en tête du peloton, comme il se doit.
Il aurait l’air de quoi Charles Michel, lui qui serre la vis tant qu’il peut en Belgique, si les Grecs nous envoyaient nous faire mettre ?
Les marchés donnent déjà le ton, puisque la bourse d’Athènes s’est effondrée à la suite de la « mauvaise » nouvelle de l’avancée de Syriza. Qui dit que les manipulateurs du fric ne s’intéressent pas à la politique ?

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La frousse que la Grèce ne donne des idées à d’autres aussi mal en point qu’elle, procure des cauchemars aux libéraux, socio-démocrates et partis chrétiens confondus, tous ralliés à l’orthodoxie mondiale du capitalisme triomphant.
C’est qu’en Espagne, le parti Podemos est bien placé dans les sondages. Ce parti est le poil à gratter de l’officiel parti socialiste espagnol. Si lui aussi se mettait à gamberger après les Grecs ?
À force de prendre les électeurs pour des abrutis, il se pourrait bien que ceux-ci finissent par se fâcher.
Les partis conventionnels de l’UE se partagent le pouvoir. Ils sont assidus à la table aux agapes succulentes de l’État providentiel pour eux seuls. Ils se méfient. Même quand l’opulence se cache afin d’éviter de faire jaser, il arrive un moment où c’est difficile de masquer la manière dont on vit. Surtout, que la vanité finit par faire oublier la prudence. Ce joli monde s’étale dans les magazines et à la télévision. Ils se montrent : le père De Croo chez lui, Louis Michel devant sa cheminée monumentale, Reynders devant sa maison de campagne, etc.
Des mauvais esprits ont tôt fait de comparer la différence entre deux sortes d’« assistanats » : le leur, fastueux, honoré, etc. et l’autre, la nouvelle fournée de pauvres diables pour le CPAS ou la rue.
Franchement, nos élites auraient intérêt à ne pas trop râler à propos de la Grèce. Ils éveillent l’attention. Le peuple est américanisé, certes, mais il y a toujours un risque. Il est encore trop proche des partageux qui ont coupé le kiki de Louis XVI.

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