Où donner de la tête ?
…ou plutôt, comment ne pas la perdre !
On n’en a plus que contre le terrorisme. Si passer pour les successeurs des nazis ravi les salafistes, ils peuvent prétendre qu’ils ont réussi. À mi-chemin entre voyous de quartier et criminels psychopathes, leur préférence va à ces derniers.
Leurs « exploits » ont tendance à faire oublier que l’Ukraine est toujours en conflit interne et en même temps externe, puisque les populations en rébellion sont massivement soutenues en hommes et en matériel par la Russie contigüe.
L’Europe n’est pas blanche comme neige dans ce mic-mac à ses frontières.
On ne peut pas encourager les Ukrainiens à nouer des relations étroites avec l’Europe, en sous-entendant que leur pays pourrait faire partie un jour de l’UE, pour ensuite les laisser patauger dans leurs démêlés avec les Russes qui ne l’entendent pas de cette oreille.
Ce n’est pas d’aujourd’hui que les fortes minorités russophones coexistent avec le reste de la population ukrainienne. En établissant de nouveaux traités avec l’Ukraine après le départ du président pro-russe, l’Europe devait quand même s’attendre à une réaction de Moscou.
Depuis le début du conflit en Ukraine, les Russes ont aidé les populations insurgées, malgré les dénégations de Poutine.
L’Europe, il est vrai, a pris des mesures économiques coercitives, mettant dans l’embarras les populations russes pour leur approvisionnement et leur industrie. Ce faisant, cette politique n’a pas l’air d’apaiser le conflit. L’effet recherché est donc nul, tandis que par une sorte de boomerang, nos industries et notamment les vergers européens souffrent du manque d’exportation de leurs produits.
Les autorités ukrainiennes ont affirmé hier que deux groupes de soldats russes, constitués d'environ 700 hommes au total, étaient entrés lundi en Ukraine pour aider les rebelles prorusses de l'Est.
Il y aurait ainsi plus de 8.500 soldats sur le territoire selon une source locale qui reste à confirmer.
A Donetsk, on se bat dans la zone de l'aéroport depuis des mois. Les bâtiments et le terrain propre à l’aviation sont pratiquement inutilisables. Pourtant les rebelles soutenus ouvertement par les « conseillers » russes et utilisant le matériel de guerre de ce pays, poursuivent leurs attaques, comme si les pistes pouvaient encore servir !
En niant l’évidence de la collusion des rebelles avec les troupes russes, et le refus de Poutine de l’admettre, la Russie croit dur comme fer que sans armée et sans volonté centrale, l’Europe est condamnée à la négociation. Il est vrai, que l’UE est prise dans un faisceau de contradictions dont elle aura difficile de sortir.
Et c’est tant mieux pour la paix qu’elle n’ait pas d’armée, direz-vous. C’est bien connu, l’OTAN est plus au service des Américains et des Anglais, qu’autre chose. Le Pacte garantit quand même la sécurité des États baltes et de la Pologne. À l’Europe de se débrouiller avec les Ukrainiens.
Par contre la France est sur le point d’entraîner toute l’Europe dans un conflit contre l’État islamique, à cheval sur la frontière syro-irakienne et vivant de pillages, de rapines et de meurtres.
Est-ce une bonne idée de concentrer des militaires dans cette partie du monde et se désintéresser de ce qui se passe à nos frontières ?
Il faudrait savoir ce que l’on veut. En principe, le règlement du conflit russo-ukrainien est aussi urgent que de casser les reins de Daech et des autres roitelets sanguinaires plus enfoncés en Afrique.
Si on estime traiter d’abord le plus urgent des deux conflits, par sa dangerosité, c’est incontestablement le fanatisme religieux qui a le pompon. Mais le contentieux avec les Russes est d’une autre nature, tant ce pays est une grande puissance militaire encore aujourd’hui. Les Russes sont un peuple fier qui fait corps avec son gouvernement dans les moments difficiles.
Quoique les salafistes soient susceptibles d’embraser une Europe qui n’en peut, par le nombre croissant des adeptes d’une religion qui y prend corps par l’afflux de ses fidèles, le théâtre des combats à quelques tours de roue des frontières de l’Europe, vaut aussi bien qu’on s’interroge sur une affaire « de famille », en même temps.