« Pièce en quatre actes. | Accueil | Aucune nouvelle ?... Okun. »

Un notaire de province…

Le principal responsable de la poussée des droites en Europe, c’est évidemment la situation économique aggravée d’un chômage massif irréductible. Les victimes de ce carnage auraient dû trouver une gauche socialiste contestant la marche aveugle d’une liberté d’entreprendre hors contrôle démocratique. Hélas ! on en est loin. La démocratie est fatiguée. On est passé à autre chose et personne ne sen est aperçu.
Que ce soit en France où il est aux affaires, qu’en Belgique où il est dans l’opposition, les partis socialistes se sont ralliés à l’économie de marché et donc à la politique libérale.
L’électeur déboussolé a perdu ses repères.
Seul le parti d’extrême droite de Marine Le Pen, en France, propose autre chose. Quelles que soient ses propositions, fussent-elles farfelues, invraisemblables ou irréalistes, par dégoût de la gauche libérale, par dépit d’une droite conformiste, le mouvement électoral conflue vers l’extrême droite.
Cela n’est pas trop important en Wallonie (1), la Flandre voit le phénomène N-VA donner la main au Front National français et conforter la thèse de l’affaiblissement des gauches.
La situation des socialistes français est intéressante, puisqu’elle déteint plus ou moins sur les socialistes de Belgique, avec un certain retard qui s’explique en partie par un mode de scrutin différent.
En analysant la situation politique en France, on peut induire une perspective annexe pour la Belgique.
Le PS français pourrait se retrouver, au scrutin des 22 et 29 mars prochains, sans aucun conseiller départemental dans plusieurs départements.
Le dernier sondage donne le PS en troisième position derrière l’UMP (25%) et le FN (28%), avec 17% des intentions de vote. Dans le Var, la Moselle, le Loir-et-Cher, les Hautes-Alpes ou le Loiret, les socialistes n’arrivent plus à recruter de candidats !
Ce n’est pas tant à cause des mauvais résultats de François Hollande et des prises de positions de Manuel Valls, tous les dirigeants des ministères et de l’Élysée se sont convertis à l’économie capitaliste. Le collaborationnisme culmine avec Manuel Valls qui « aime l’entreprise » et oublie les salariés.
Le PS sait qu'il va perdre ces élections et pourquoi il va les perdre. Cependant, le PS français au pouvoir s’obstine. Peut-être est-il trop tard pour faire machine arrière ?
Depuis quelques semaines monte la peur que le parti disparaisse carrément du conseil départemental, dans les territoires les plus à droite.
Voilà ce qu’encourt le parti au changement des objectifs, hors de la volonté de sa base et de son corps électoral.

2joysno.jpg

Les nouvelles formes de scrutin établies par l’équipe de Hollande, dans le but de faire monter le Front National et de réduire l’UMP, risquent de faire des ravages au PS, si le parti n'est que la troisième force au niveau national. En effet, ce mode de scrutin amplifie les résultats « moyens » au détriment des « petits » scores. Le PS en est à craindre de tomber bien bas.
Si mes souvenirs sont bons, en juin prochain aura lieu le congrès du PS. Les collaborateurs du courant Hollande-Valls affronteront le courant Hamon, Montebourg, Filippetti.
Si d’ici là, le chômage et la situation économique de la France ne sont pas favorables à l’équipe gouvernementale, le PS risque de voler en éclats.
Les paris sont ouverts. Les nouveaux alliés du capitalisme mondial ne pourraient être qu’un avatar honteux du socialisme.
Si le courant Hamon-Montebourg devait l’emporter en France, l’effet s’en ferait sentir jusqu’en Belgique. Les positions de Di Rupo en seraient fragilisées. Il serait peut-être remplacé par un tour de passe-passe dont le bureau est coutumier. Laurette Onkelinx aurait toutes ses chances plutôt qu’un Magnette, créature du stratège montois.
Dans l’immédiat, si le PS avait offert un autre visage que celui d’un président ressemblant à un notaire de province et tenant des propos de tabellion, Charles Michel aurait regardé à deux fois avant de saigner le peuple !
---
1. Le socialisme de collaboration libérale s’est maintenu en Wallonie pour les différentes raisons déjà évoquées dans d’autres chroniques. Di Rupo a accentué la tendance, et cependant les pertes en voix sont minimes. Cela est dû probablement à l’absence d’un leader charismatique comme Bart De Wever en Flandre et à la disparition d’un nationalisme francophone en Wallonie, ce dont personne ne se plaindra, dans la mesure où cette disparition n’attente pas à la dignité des Wallons.

Poster un commentaire