Une nouveauté le « golden hello » !
La Belgique, paradis de la finance, on n’y dénonce pas volontiers les salaires du privé, ni les primes d’accueil dans l’industrie, le commerce et les banques.
On a un petit aperçu de la délicatesse de Dedecker interrogé sur son salaire, quand il reprend la robe et le tiroir caisse d’avocat, pour voler au secours d’un milliardaire Kasakh. Il refuse absolument d’en parler. Ce grand homme d’État craint que cette révélation crée quelques crises nerveuses parmi la cohorte des demandeurs d’emploi.
Cette discrétion l’honore dans les salons d’Uccle.
D’autant que Charles Michel annonçait au même moment, devant un Kris Peeters jubilant, que le prochain index des salaires serait abandonné. Alors, vous pensez, après l’affaire Kubla, les arrhes du bel Armand mises sur la place publique ça l’aurait fichu mal.
En France, les scrupules ne vont pas jusque là et c’est justement ce qui fait polémique.
Fin 2014, Sanofi remercie son directeur général, Chris Viehbacher. En février, Samofi engage Olivier Brandicourt, PDG du groupe Bayer. Début des prestations en avril.
Voilà qui promet de sacré déplacement de fric. Tout de suite, on apprend que Brandicourt touchera 2 millions d’euros à sa prise de fonction et 2 autres millions en janvier 2016, ces sommes s’ajoutant à un salaire fixe annuel de 1,2 million d’euros et à une rémunération variable représentant entre 150% et 250% du salaire fixe.
Voilà qui laisse rêveur ! En France, on rémunère un patron avant qu’il ait commencé à diriger l’entreprise ! Quand on pense qu’on rouscaille en Belgique sur un courtage de Kubla et 750.000 € d’extra d’un parlementaire, pour une prestation d’avocat ! Alors qu’ils ont mouillé leurs chemises pour éponger l’oseille et le risque de finir en correctionnelle !
Plus sérieusement, les salaires des super-héros du capitalisme atteignent des niveaux extravagants injustifiables moralement. Et que ces Crésus puissent gonfler leur portefeuille avant même qu’un quelconque travail ait été accompli, c’est comme si Kubla percevait le juste fruit de sa mission, avant d’aller porter l’enveloppe bienfaitrice à Chantal Muzito, d’autant que la belle Zaïroise nie farouchement. Ce serait le déshonneur complet si Duferco pensait avoir été grugé par son facteur ! Et vous voudriez que, comme en France, on payât avant l’acte ?
Pourquoi un conseil d’administration recrute-t-il un directeur général à prix d’or, cette générosité pouvant être perçue comme une insulte aux licenciés de cette entreprise pourtant si florissante ?
Il paraît que cette pratique nous vient des États-Unis comme une «indemnités de prise de fonctions».
Pour rappel Sanofi est le quatrième groupe pharmaceutique mondial et comme l’a dit Ségolène Royal, les rémunérations exagérées de Brandicourt contribueront à plomber davantage le déficit de la sécurité sociale.
Ces petits détails devraient quand même alerter l’opinion publique via les médias. Évidemment, si le citoyen belge attend d’être informé des coutumes et traditions du capitalisme heureux de l’être, surtout que ce scandale se passe en France, il peut toujours courir.
Les médias et l’Etat, nimbés de la bourgeoise ambiance, n’ont aucune envie de réagir. Alors, vous pensez si les socialistes au pouvoir ne font rien en France, le Charles Michel national, tout fier de sauter l’index en bon libéral, ne va pas chercher des poux à un confrère belge de Brandicourt, dans la liste des « grandes réussites nationales ».
Au final, ce n’est pas de savoir si le bonus de bienvenue à Sanofi est justifié ou non, l’essentiel c’est de le placer dans le contexte d’une démocratie où la misère des gens explose. L’est-il davantage moralement ou non ?
Les Etats ont-ils encore un pouvoir envers ces entreprises mondialisées ?
Enfin question suprême, est-ce que cette organisation du monde peut durer longtemps avec ce cynisme des barons du système ?
Bientôt, comme vont les choses, des Européens devront aller combattre Daech en Syrie et en Irak. Les morts le seront-ils pour la liberté et un monde libre ou pour les intérêts de quelques particuliers ?
C’est vieux comme la démocratie, c’est même Anatole France qui l’a écrit : « On croit mourir pour la patrie et on meurt pour les industriels. ».