Un chantier à Liège ?
On en serait réjoui, car les grands travaux, comme à Mons ou ailleurs, c’est toujours bon à prendre. Hélas ! la gare Calatrava, c’était le maximum. De fortes chances, pour que la désolation autour le reste un certain temps !
Mais non, un chantier aura bien lieu, celui de la parlotte au PS à la pêche aux bonnes idées.
Le président Di Rupo essuie les mauvais vents de la perte de prestige (le tout Mons lui fait du tort), la disparition des affiliations (pas de nouveaux inscrits malgré la cure d’opposition à un gouvernement exécrable) et la perte de sens d’un parti qui passe du socialisme au libéralisme, sans Congrès ni changement des statuts (Charte de Quaregnon où es-tu ?).
Pour se rabibocher et renouer avec le succès (difficile quand on voit où en est le PS en France), les deux têtes de gondole Di Rupo et Onkelinx font la promo en ce moment d’un « Chantier des idées » qui devrait s’ouvrir à Liège le 22 mars prochain.
Pourquoi Liège, alors que Monsieur de Mons et la dame bruxelloise ont démontré combien Liège les insupportait, l’un par son égocentrisme hennuyer, l’autre par sa fuite dans la capitale pour un destin national ?
La réponse est simple : on n’installe pas un symposium du mécontentement général dans des centres d’avenir. On vide ça dans les dépotoirs des zones sinistrées.
En l’occurrence, Liège, c’est l’idéal.
Si le mauvais esprit finit par l’emporter, on en imputera la faute à ces gens impossibles qui croient encore que Liège est une principauté. Si, contre toute attente, on a des idées intéressantes, on essayera de les « belgiciser » à 50/50 Bruxelles-Borinage.
La Fédération liégeoise est archi recuite par des vieux briscards qui en sont restés à l’assassinat d’André Cools et qui, depuis, n’ont plus jamais émis une idée progressiste.
La Ville, pourtant bastion socialiste, c’est la caverne d’Ali Gaga, propriété d’un Demeyer qui regarde passer les trains de son pré carré, sans jamais en prendre aucun.
Le risque, ce n’est pas les dépassements des jeunes, les cris, les chants et de la vie, c’est l’endormissement général aux discours et l’extase obligée devant le génie du chef, tout au moins au passage de son passé glorieux de chef du gouvernement. Pas de risque qu’une planche d’Arne Quinze vienne lui écraser les orteils.
Quelle idée aussi d’appeler tout ce qui pourrait réveiller la douce somnolence de la socio-libérale compagnie, un « chantier » !
Comme si, parmi les honorables, il y avait eu des carrières mixtes en salopette avec casque de chantier, le matin et costume trois pièces, l’après-midi à la Chambre ! Sauf aux inaugurations et visite d’atelier, on n’a jamais vu personne au PS à la truelle, que celle en argent massif, du mortier inaugural d’honneur.
Il y a fort à parier qu’on y parlera de choses non vécues et à cent lieues de la réalité.
Si c’est cela qui va servir à redynamiser le PS et l’aider à trouver sa place dans l’opposition fédérale, foi de Marcourt, ça risque la débandade. Et il s’y connaît, le bougre !
Laurette est comme Nathalie Baye, elle est sur le retour et n’attend plus qu’un César de remerciement pour sa carrière. C’est ce qui lui fait dire « c’est Elio qui va lancer le chantier. Il va de nouveau être au cœur de tout. Il fallait juste lui laisser un peu de temps. »
Pourquoi ne pas faire la « réunion éblouissante » à Mons, justement le cœur de tout (1) ! L’aire d’autoroute de Spy ne serait pas mal non plus. Parce que si on décompte du chantier tout le personnel élu, les employés et cadres de la Mutu et de la FGTB, il n’y aura pas dix pauvres types de base en règle de cotisation au fond de la salle. Et c’est justement eux qu’on devrait entendre, plutôt que les culs bénis des chaises numérotées aux trois premiers rangs. Alors, autant faire l’impasse du palais des Congrès.
Déjà on devine la tournure que prendra la réunion de durcissement des mous : une salve nourrie et ininterrompue de reproches au gouvernement Charles Michel.
Le principal reproche, on n’en touchera pas un mot. C’est celui d’avoir évincé les socialistes du gouvernement et coupé ainsi le robinet des planques aux militants méritants. D’autant, que comme Aznavour, Monsieur de Mons s’y voyait déjà.
Parlons-en, justement, de la législature précédente.
Législature où s’est confirmée la véritable fascination du PS pour le monde libéral, par l’approfondissement des assises de la social-démocratie. Premier ministre en seconde législature, Di Rupo, aurait fait perdre la moitié des adhérents au PS. Il n’en fera perdre qu’un quart, grâce à la cure d’opposition. Et ça, c’est la seule bonne nouvelle.
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1. Appeler Di Rupo, Monsieur Cœur-de-Tout, ne serait pas mal.