L’Éthique à Nico... mac !
Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais le scandale de l’affaire HSBC, le proxénétisme aggravé que l’on juge actuellement à Lille et la dette grecque qui étouffe l’économie du pays ont un point commun : la corruption et l’immoralité des élites.
L’argent achète du pouvoir et le pouvoir s’échange contre de l’argent. Les gens de pouvoir, de ce fait, ont une vision dénaturée des autres et d’eux-mêmes.
Les livres de morale appris par cœur, les « vérités » proférées aux petites écoles pour les enfants d’ouvriers, les conduites honnêtes, les vies professionnelles accomplies scrupuleusement, l’amour de la patrie et du bien public, s’arrêtent au seuil d’un autre monde, celui que la démocratie nous commande de respecter sur des valeurs qui sont les nôtres, mais qui ne sont pas les leurs : le monde de l’argent.
C’est tout le drame de notre société.
Tous les psy vous le diront : on ne peut échapper à son milieu. Juste un petit nombre d’entre nous passe d’un milieu social pauvre à l’autre plus riche (notamment les carrières politiques), ce qui ne modifie en rien la règle.
Et c’est bien compréhensible. L’homme est incapable de faire abstraction de ce qu’il est ou de ce qu’il est devenu pour porter un jugement impartial sur autrui. Il est totalement incompétent pour conduire la société qui est, comme chacun sait, plus étoffée en pauvres, qu’en riches, puisque le pouvoir n’est dévolu qu’aux riches et qu’à ceux qui ont l’ambition de l’être.
Que ce soit un tricheur empêtré dans le scandale SwissLeaks, Dominique Strauss-Kahn, englué dans ses histoires de fesses monnayées ou un banquier alignant les chiffres de la recette des « loyers » que lui doit la Grèce, tous suivent la logique qui les innocente en conscience de ce qu’ils sont. Leur jugement est dénaturé par leur mode de vie.
Le plus terrible, c’est qu’ils ont un cœur et une conscience autour desquels ils ont bâti une sorte de logique qui leur fait croire qu’ils sont honnêtes, pour ceux que les questions d’éthique traversent encore.
Et en réalité, dans la société dans laquelle ils évoluent, les pouvoirs et l’argent leur donnent raison, mieux, leur facilitent l’accès à être ce qu’ils sont. La justice ensuite, lorsque le scandale arrive, leur procure mille et une façons dilatoires d’échapper au mauvais sort dans lequel sombrent, à coup sûr, les classes inférieures.
Par exemple, si Charles Michel avait seulement la moindre idée des drames que sa politique perpètre lorsqu’il modifie les règles sociales comme celle du chômage ou des salaires, s’il avait encore la moindre parcelle d’humanité, il en serait épouvanté, au lieu de se rengorger sur le cap d’une politique qui maintient ses avantages et réduit ceux des autres.
Le cynisme est l’humour du riche, le raisonnement qui en découle le conforte dans son bon droit et de sa supériorité sur les autres.
La Grèce est aux abois. Non pas que le peuple ait failli, mais il a été dupé par ses élites. Or, ce sont les mêmes élites sous des nationalités différentes qui poursuivent les malheureux pour d’éventuels retards, lorsqu’elles présentent les créances impayées au peuple.
Il y a là, sous couvert de démocratie, un monstrueux malentendu.
Enfin, cerise sur le gâteau, nous avons en DSK le parfait esclavagiste des temps modernes. Sous le boisseau, les patrons achètent et vendent de même leurs semblables, mais l’échange se limite à un travail fourni, sans violation des corps. DSK fait mieux, il achète parfois des corps qu’il utilise à sa guise et d’autres fois, les ayant réduits à l’état d’esclaves, les malmènent à satiété de son vice, sans que cela lui coûte. Cet homme « utilise » des femmes, qu’il appelle dans un jargon révélateur « le matériel ». C’est dire l’abjection dans lequel il est tombé.
Je ne dis pas que des julots de bas-fond n’en font pas autant. Les moyens limitent les pervers de bas étage à des pratiques plus risquées. L’ex patron du FMI, lui, entreprend son monde entouré de gredins de haut-vol, une sorte d’aristocratie du vice qui se permettait tout, lui-même dans l’état de dépravation n’a-t-il pas songé à devenir président de la république ?
La boucle est bouclée, l’élite chère à Gerlache s’étale au grand jour dans son populisme à rebours.
Je gage que les procès, les expositions des puissants à la connaissance des peuples, les découvertes d’une vie de pouvoir, les méandres des affaires d’argent, serviront de prétexte pour nous faire croire que la justice passe partout, qu’il y a une sorte d’équilibre entre le riche et le pauvre, entre les hommes de pouvoir et ceux qui n’en ont pas, que la démocratie fonctionne encore.
Personnellement, je n’en crois pas un mot.
La viande faisandée a atteint le corps social tout entier. Le pouvoir et l’argent ont corrompu tous ceux qui y ont goûté.
Le seul remède serait de renverser la table et même d’interdire aux chiens ces mets corrompus.
On peut toujours rêver.