Benoît Lutgen bouillonne le 28.
Les temps sont aux grands chantiers de l’opposition. Di Rupo a balisé la palais des congrès de Liège. Il compte sur ses têtes de gondole pour maintenir un ton convenable et une approche social-démocrate dans les commissions, des fois qu’un hurluberlu se serait mis en tête de provoquer la direction centrale sur des thèmes touchant le système économique auquel adhère le PS comme la N-VA.
Le CDH ne pouvait pas être en reste, question d’équilibre. Benoît Lutgen voulait son grand chantier. Il débute ce samedi 28 mars à Marche-en-Famenne.
Le défenseur de la langue française se devait de trouver un truc en anglais, pour brouiller les pistes. On mit en avant "Tomorrow lab". Manque de pot, un artiste sous hangar avait déjà déposé l’anglicisme.
Ce sera désormais "Tes idées peuvent changer le monde !"
Rien que ça. Milquet avait osé les oranges. Lutgen choisit de révolutionner la planète ! À défaut, il se contentera d’étonner en Famenne liégeoise.
À voir les rémunérés de la chose publique qui vont se presser au portillon, le président du CDH aura beau appeler au bouillonnement, tout au plus aura-t-il des Bouillonnais.
Comme Élio, il veut faire semblant d’ouvrir son parti. On entre dans le corral. La barrière se referme. Et le membre lambda se retrouve tout seul devant un taureau commandé à distance par madame Simonet.
Lutgen veut faire exploser la créativité, en-dehors des quatre murs du parti bien entendu, pour faire face à la triste réalité. Depuis treize ans que Joëlle a dit nom au séducteur Gérard Deprez qui voulait fermer la boîte et l’entraîner au MR, passé du PSC au CDH n’a été qu’une lente descente vers un sûr déclin.
Les ravages du temps se lisent sur les visages fatigués. La période Play-boy de Milquet est terminée. Dorénavant les structures sont comme les soutiens-gorge. Il faut renforcer l’armature pour soutenir les roploplos.
Gérard Deprez calfeutré à vie au MR (encore un mandat à l’Europe avant la quille), a ses pantoufles à côté du feu de bois de la famille Michel qui accueille tout qui ne peut plus sentir Reynders. Il doit s’amuser de voir son ancien parti à 2,86 % en dessous du résultat de 1999, jugé alors dramatique. Et ce n’est pas moi qui le dis, mais Pascal Delwit, le pince-sans-rire le moins drôle de l’ULB.
Ce qui fait bondir Benoît !
Il croit dur comme fer à sa spécificité chrétienne et centriste. Siphonné sur la droite par le MR et en son centre par le PS, il ne reste plus à Lutgen de faire croire que l’humanisme est dans la foi chrétienne. Par rapport à ses autres concurrents en matière d’humanisme religieux, il n’a pas tort. Hélas ! la jeunesse se fout de sa religion, ce qui reste d’esprit religieux adhère au nounours de Fadila Laanan ou pire s’exerce au dépôt de chaussures à l’entrée d’un local où il est de bon ton de se prosterner sur des carpettes.
De fait, Lutgen reconnaît que sa spécificité est plus difficile à comprendre.
Il nous dit ce brave homme « C'est moins clivant, moins identifiant, je peux être d'accord là-dessus, mais dire que le centre n'est pas une identité politique, c'est intellectuellement faux. »..
Reste que faire du bouillonnant en parlant du centre est une tâche au-dessus des forces des élites de quelque parti que ce soit. Le danger est même de tomber dans la caricature, surtout si on laisse Delpérée bouillonner en équipe.
Il aurait une chance au centre si Charles Michel poursuivait sa collaboration avec l’extrême droite flamingante. Lutgen pourrait recueillir dans les classes moyennes les voix du quarteron de Wallons irréductibles à la compromission du chauve avec Bart De Wever.
L’ennemi du CDH n’est autre que Benoît Lutgen lui-même, son ton cassant, ses manières de petit caporal, la façon dont il a débarqué Anne Delvaux pour asseoir son petit protégé Josly Piette à sa place, sont des manières de campagnard rustaud.
Rusé bastognard, il a gavé ses concurrents à la présidence : Joëlle Milquet et Maxime Prévot ont reçu de quoi entretenir leur ego. Catherine Fonck est devenue cheffe de file de l'opposition fédérale et Melchior Wathelet est dégoûté.
À vouloir trop bien faire le vide pour être seul sur le pavois, on risque d’être seul aussi au milieu du désert.