Encore une occasion ratée.
La victoire du parti conservateur de Benjamin Netanyahu en Israël confirme l’électeur dans sa tentation de maintenir la droite au pouvoir. Les médias avaient bien tenté le coup « d’un léger frémissement » pour une autre politique. Hélas ! ce sera pour une autre fois. Le blocage de toute négociation pour un État palestinien et la poursuite de l’emprise d’Israël sur ses voisins par la politique des « colonies », se poursuivront.
Il ne faut donc pas compter sur ce pays pour une solution pacifique au conflit palestinien, ni pour un rapprochement des religions.
On est reparti pour un prolongement de l’affrontement d’Israël au reste du monde, malgré les résolutions des Nations Unies. Ce petit pays poursuivra sa politique, contre vents et marées, soutenu par sa diaspora, une opinion occidentale à 50 % favorable et l’indéniable culot des supporters de Bibi qui font usage de leurs relations, et de leur habileté à prolonger la victimisation des Juifs depuis 75 ans. Ce qui malheureusement est de nouveau d’actualité, faute d’avoir pu faire la paix avec leurs voisins. À la décharge des partisans de la force du côté juif, il faut dire que l’extrémisme musulman s’arrange, ces temps-ci, pour leur donner raison.
Cela signifierait-il, selon Netanyahu, qu’il n’y a pas place pour deux États en Palestine et qu’Israël est condamné à tout annexer, comme il a annexé le plateau du Golan ! C’est-à-dire entrer dans une guerre perpétuelle et sans pouvoir en sortir honorablement ?
Le rêve du Grand Israël des rabbins, c’est ça la politique que l’Europe va cautionner ?
Du point de vue géopolitique, l’opinion occidentale est partagée entre deux tendances, celle de protester pour la frime, lorsque Israël ravage Gaza et que l’Europe paie la casse en reconstructions et subsides, et celle d’une lassitude d’être l’intermédiaire à qui personne ne concède quoi que ce soit, en matière de paix.
L’Europe ne peut pas être le tiers payant, mutualisant les rapports entre les Palestiniens et les Israéliens.
C’est quand même inouï que le seul argument de l’Europe, la paix, est en train de ne plus en être un pour les Européens, depuis que des enragés n’ont de cesse d’y vider leurs querelles !
Les amis et les ennemis d’Israël, les chiites contre les sunnites, les Bachar et les antis Bachar, Daech, Al Qaïda et les autres fondus contre tout le monde, les Régimes forts du Maghreb contre leurs opposants intérieurs, l’Afrique noire en proie à la corruption et à l’extrémisme musulman, tout le monde adore l’Europe pour défourailler les armes à la main, dans les cris et les fureurs, alors que nous avons assez de cris, ceux de nos pauvres et de nos chômeurs, que Bruxelles broie dans notre système économique.
C’est vrai que nous traînons derrière nous les casseroles de nos Stanley, Livingstone et Brazza, qui ont fait des petits. Ils se sont engouffrés dans des pays aussitôt baptisés colonies et même si nous avons quitté ces contrées lointaines depuis plus de cinquante ans, nous payons toujours le poids de leurs crimes.
Netanyahu sait tout cela. C’est un orfèvre en exploitation des erreurs passées des autres et un grand oublieux des siennes.
Il a déçu Barak Obama. C’est dire comme Bibi fait confiance aux hobbies US favorables à Israël, pour faire l’impasse de presque deux ans d’amitié avec le président des États-Unis. C’est vrai qu’Hillary Clinton, le successeur probable de Barak, a été sénatrice de NY, traditionnellement citadelle inconditionnelle des intérêts d’Israël aux USA.
Bref, cette élection que l’on croyait dans la poche des progressistes tombe dans celle des conservateurs. Bibi a, une fois de plus, joué sur la peur pour faire la différence.
C’est un peu le même jeu de la droite en Europe.
En Israël, aucun électeur n’a vu que souffler sur les braises ranime les haines, en même temps qu’on réclame des lois et des armes pour maîtriser l’incendie que l’on provoque.