La bataille des mots.
Époque curieuse, les mots revêtent une telle importance, que le législateur en interdit certains ! Et nous trouvons ça normal.
Sans avoir l’air de subir une contrainte, nous entrons dans une sorte de corset de la pensée, dans la crainte qu’une expression mal interprétée passe pour raciste.
Quels sont les critères des porteurs du bien dire qui permettent la distribution d’anathèmes à ceux que l’on désigne à la désapprobation civique ?
Cela oblige les citoyens au conformisme sous peine d’être repris dans l’autre camp, celui des Le Pen, Zemmour, Dieudo, Soral, etc. Difficile de réfléchir dans de telles conditions, puisque réfléchir, c’est déjà trop pour certains.
À l’usage, dans les villes à fortes concentrations de personnes d’origine exogène, ancienne ou plus récente, les interprètes de la pensée citoyenne nous ont fait croire que l’amalgame des populations nouvelles, aux populations anciennes, allait nous ouvrir à d’autres cultures qui enrichiraient la nôtre et vice versa, et que c’était une question de temps.
L’enseignement a perdu ses repères, la culture ses moyens. Les familles se referment sur elles-mêmes comme des huitres. La société se disloque, tout au moins celle qui travaille pour des salaires de plus en plus bas.
L’esprit du capitalisme est passé par là. La glorification des égoïsmes a profondément dévoyé le culturel pour en faire une foire aux vanités et à l’individualisme. Le rapport avec le travail et l’argent a distendu les liens déjà existants, inutile de penser à ceux qu’il faudrait créer. En même temps, notre patrimoine intellectuel sombrait dans l’indigence des connaissances.
Le philosophe-humoriste Scutenaire a très bien résumé la situation (Mes Inscriptions), lorsque cinquante ans avant le désastre dans lequel nous sommes, il s’écriait : « Moi, je ne suis pas raciste, je déteste aussi bien les Noirs que les Blancs. ». Il aurait pu compléter la liste de sa détestation, s’il avait encore vécu, par « Juifs et Arabes ».
En réalité, la belle âme, que voulait nous forger principalement le socialisme, était comme une mayonnaise. Pour la réussir, il fallait doser l’appoint d’huile d’olive pour que l’amalgame devienne consistant et compact. Aujourd’hui, les partis ont beau nous mettre en vitrine les Belges venus d’ailleurs pour nous faire croire que la mayonnaise a pris, tout le monde voit bien qu’ils nous ont cuisinés de la vinaigrette.
Manuel Valls l’a rappelé hier : la mixité sociale et la mixité ethnique sont en panne. Ce point de vue s’applique à la Belgique.
Les citoyens venus d’ailleurs ne s’intègrent pas pour la plupart. Sinon, s’ils le font c’est une façon de revendiquer la différence des mœurs, des cultures et des droits, et là on les comprend, d’ouvrir des lieux de culte partout où ils sont en nombre.
C’est de cet échec que se nourrit, entre autres le Front National qui n’a pas ou presque pas d’écho en Wallonie, par rapport à la Flandre avec la N-VA et le Vlaams Belang. Ce qui est une chance pour nous.
Le précipice qui s’ouvre sous nos pas est aussi le produit de notre propre inculture, de nos divagations en matière de gadgets, de notre futilité, lestant de leur lourdeur la démocratie, qui coule à pic dans le bouillon de l’argent roi.
Et qui va tirer les marrons du feu de ce ratage ? L’économie libérale au nom de laquelle s’engouffre l’ancienne gauche, dans les partis MR et PS !
Nietzsche a écrit « Notre prochain, ce n’est pas notre voisin, c’est le voisin du voisin ».
Voilà pourquoi nous nous apitoyons sur le sort de millions de gens, tant qu’ils sont loin de nous. Parce que nous savons bien que s’ils étaient proches, leur attitude et la notre seraient différentes. Il y a aujourd’hui en France six millions de musulmans ! Ils auront doublé d’ici vingt ans.
Certains couples tiennent parce qu’ils ne vivent pas ensemble.
Aucun peuple ne peut vivre sans évaluer les valeurs, mais s’il veut se conserver, il ne doit pas évaluer comme évalue son voisin.
Nous devons nous ouvrir aux autres et les aider, si besoin est, tant que nous le pouvons. Mais, ce n’est pas comprendre le sens de l’hospitalité que de voir s’épanouir le visiteur au détriment de son hôte, au point que bientôt, il ne le prendra plus pour tel.
Les partis traditionnels nous ont fichus dedans. Les nouveaux racistes s’ajoutant aux anciens, nous sommes dans une situation explosive.
Les politiques veulent nous faire porter le chapeau d’une situation qui leur échappe, comme ils l’ont fait avec succès lors de la crise économique de 2008-9.
Universaliste, ouvert à toutes les cultures, athée disposé à accueillir l’étranger croyant, persuadé d’être un homme parmi les hommes et que vaut n’importe qui, j’entends bien pourtant, conserver mon droit de rester moi-même.