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Macron face, Philippot pile.

Exercice de style d’Emanuel Macron, plus donneur de leçons que lui tu meurs, sur France 2, hier soir.
Charmeur, beau gosse, il y a quelque chose de trop parfait chez cet homme, pour ne pas avoir une pensée qui dit tout : hier, le public a assisté à un spectacle « fabriqué », l’imprésario François Hollande, le sponsor la banque Rothschild, France 2 la salle de spectacle, la distribution des seconds rôles à des acteurs connus.
On a bien vu, avec Philippot venu au quatrième acte apporté la contradiction du Front National, que l’ENA a cloné les bons élèves et que durant un quart d’heure on avait devant soi deux Macron ou deux Philippot. Il suffisait pour cela de fermer les yeux.
Pouvoir vient « d’avoir la capacité » ou « la possibilité de faire ». Il ne serait pas exclu d’imaginer un être bégayant, moche, peu sûr de lui, mais possédant une grande capacité de faire intelligemment son travail.
Il n’aurait aucune chance d’accéder au pouvoir dans notre système électoral réputé le plus démocratique au monde. La raison est simple, dans cette société du spectacle, l’important c’est l’apparence et le bien dire. Le bien dire ne signifie pas bien « utiliser » le pouvoir, mais l’exercer dans la présentation la plus proche de ce qu’est un homme politique, imaginé par l’électeur.
Et c’est ce qu’on apprend avant tout aux études supérieures de droit et d’administration.
L’essentiel n’est pas d’aligner les méthodes après un bon raisonnement, afin de parvenir au stade terminal de l’accomplissement, mais d’y employer une forme de style grammaticalement correcte, soutenue par une élocution impeccable.
Quand on sait les relais actuels de l’économie : l’Europe, les grands partenaires commerciaux, les banques, la mondialisation des échanges, lorsqu’on n’ignore pas les rapports qui existent entre le social, le travail et l’actionnariat, il vaut mieux faire croire que l’on va changer tout cela pour le bien de tous, alors que l’on ne va strictement rien faire, sous peine de brouiller les lignes, ce qui est formellement interdit aux belles carrières.

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Dernier élément en faveur de Macron, à l’origine le statut de l’élite n’était pas accordé à la détention du pouvoir, mais à l’autorité morale. On n’hésitait pas de consulter le sage dans sa caverne. Aujourd’hui que l’argent a dissout cette qualification, il faut néanmoins préserver l’apparence de l’autorité morale, tout en se fichant de l’avis du sage. Il est donc nécessaire de paraître tiré à quatre épingles, si possible avec une cravate et sans traîner des casseroles. Le public fait le lien entre autorité morale et l’élégance du costume, entre la sagesse et le visage avenant, sans oublier les mains lavées à l’extrême, si douces, si blanches, qu’il est impossible qu’elles aient tenu un jour une clé de douze.
En 2015, occupant par définition une position enviable, l’élite n’a plus rien de sage, ni d’intuitif, voilà les huit dixièmes au moins de l’intelligentsia qui n’existent pratiquement plus. Les artistes : les poètes, les créateurs, les auteurs, les philosophes et même d’une certaine manière les ingénieurs comme le fut Léonard De Vinci et les compositeurs comme le fut Mozart, sont rayés définitivement du groupe Macron Philippot. On ne tolère les plus connus d’entre eux que pour être à leur côté sur l’affiche.
L’aspect le plus curieux de ce phénomène est de compter ce type de société parmi les démocraties, alors qu’elles se placent d’elles-mêmes, dans le camp des inégalitaires !
Macron représente bien l’État, comme un moyen de domination entre les mains des détenteurs du pouvoir économique.
Seul manque de lucidité, la façon méprisante avec laquelle il a répondu au nouveau secrétaire général de la CGT. Il est vrai que le peu d’ouvriers (5 %) qui restent affiliés au parti socialiste est un signe de la mutation de ce parti vers le centrisme. Mais, ce n’est pas une raison.
Reste l’objet de cette soirée : les réformes Macron.
Mirage de l’ENA, c’est de ça dont on a parlé le moins. Les graphiques et les chiffres ne veulent plus dire quand chose, tant ils sont abondants et contradictoires.
Ce qui ne l’est pas, c’est le chômage, la panne du secteur social, les pensions médiocres, bref tout ce qui fait que Hollande ne sera pas réélu en 2017.
Macron a fait du vent, brassé des idées, occupé le terrain.
Le beau mannequin une fois disparu, on s’est demandé tout de suite après, ce qu’il était venu faire !

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