Une conscience tardive.
Deux hélicoptères trop près l’un de l’autre finissent par se toucher et c’est le drame.
Ce fait-divers a ceci de particulier qu’il entraîne la mort de célébrités et met en lumière « le travail » en amont des producteurs de télévision.
Ce qui s’est passé lundi sur le tournage de « Dropped » est malheureusement ce qui se passe tous les jours en mer, sur les routes et moins souvent dans les airs. On n’en aurait pas fait le battage actuel si la voiture de Dupont avait percuté celle de Durand sur l’A2 faisant dix morts.
Sauf, que dans les circonstances actuelles, les hélicos participent à un tournage et si le deuxième hélico a percuté le premier, c’est parce qu’il fallait pour le besoin de la prise de vue, filmer les vedettes les yeux bandés dans le premier appareil, le plus près possible.
Et cette prise de risque n’est due qu’aux exigences des producteurs.
Contrairement à tout ce que vous avez pu lire dans la presse concernant l’irresponsabilité de TF 1, si ce fait est avéré, il incrimine au moins la chaîne et ses mandants d’avoir décidé une prise de risque dangereuse mettant en péril la vie d’autrui.
La réponse à cette question permettra de clarifier les responsabilités.
L’éditorialiste du Soir a beau présenter la chose comme une activité ordinaire qui présente des risques, il faudra voir si les enquêteurs n’iront pas dans le sens que j’explique ci-dessus.
Pour le reste, on peut s’interroger sur les tournures grandguignolesques des téléréalités, sinon attirer l’attention du téléspectateur de plus en plus blasé. L’imagination des ramasseurs d’audience est sans limite.
Faire de l’audience, c’est faire monter les prix de la pub. La qualité, la culture, on s’en fout. C’est au nombre de beaufs que ça se joue. Plus le spectacle est « con » mais sensationnel, plus on se fait de fric, parce que c’est ça qui attire les masses jouisseuses et incultes, donc achetant les produits proposés entre deux scènes de cascades.
D’une certaine manière, les « vedettes » qu’elles soient sportives ou de la variété qui participent à ce genre d’émission, le font avant tout pour le fric. Car, ils n’y ont rien à prouver. Pour la plupart ils sont célèbres et retraités de leur spécialité. Ils y entretiennent un peu leur notoriété qui risque de s’oublier. Le figurant et la bimbo y courent le cachet et espèrent que si leur image passe bien, ils pourront prendre une place dans le showbiz et ramasser de gros biftons.
Voilà ce monde qui passionne les foules et pourquoi des hélicoptères partent en vrille pour des transports sur des lieux de tournage, tandis que dans le champ à côté, on en est toujours à la houe et à la fourche, pour accomplir des choses autrement plus importantes.
Pourquoi des chaînes comme Arte et la Cinq française font si peu d’audience, alors que ce qu’ils produisent est cent fois supérieur aux nanars de TF1 et RTLtvi confondus ? Mais, c’est à cause de plus de cinquante années de bourrage de crâne et d’abêtissement volontaire des populations.
Maintenant que le mal est fait, on se demande encore ce qui maintient en vie des chaînes culturelles, sinon la honte des autorités d’un possible naufrage.
C’est amusant de lire dans des journaux comme Le Soir, à propos du crash « …cette télé-là est le miroir de ce que nous sommes. Des amateurs de sensations fortes, des voyeurs invétérés, des gogos… Pour chacun de ces profils, il y a une téléréalité qui pétille et virevolte, peu importe qu’elle verse dans la bêtise, la sensiblerie ou la violence. Elle est un commerce universel et nous sommes ses clients consentants. », quand on sait qu’avant et après cet éclair de lucidité, les critiques et les journalistes renoncent à fustiger l’adoration imbécile des abonnés, c’est plutôt bouffon.
Nos pamphlétaires occasionnels feraient mieux de balayer devant leur porte.