La thérapie de la corde.
Avec la crise, on sent la déprime submerger le monde du travail. Les éclopés du social et les vieux ont des poussées de mélancolie depuis.
Les trafiquants de la bonne humeur, de la morale au beau fixe et de la liberté de bosser à fond la caisse, nous fourguent leurs recettes du bonheur à prix d’ami. Le business a la martingale imparable : la joie par la résignation !
Ils ont tellement la soif de vendre, que ce ne serait pas étonnant qu’ils fournissent aussi Deach des couteaux à trancher la carotide des infidèles.
Il paraît que le business du bonheur marche à fond. Les dépressifs se ruent sur les remèdes miracles au prix des soldes. Ils ne s’en suicident pas moins nombreux, mais c’est dans la joie et la bonne humeur. Ils en arriveraient même à vanter les délices de la masturbation aux solitaires. N’est-ce pas faire l’amour avec celui ou celle qu’on aime le plus ? (Woody Allen)
Nous devons ce commerce juteux à quatre spécialistes qui ciblent parfaitement les pauvres, deux hommes et deux femmes pour faire l’équilibre. Jacques Séguéla dont on ne se lasse pas d’admirer la Rolex et l’incontournable Jacques Attali, Pic de la Mirandole de tous les Régimes. Les femmes : Florence Servan-Schreiber qui depuis Jean-Jacques, son grand ancêtre pourvoyeur d’artiches pour trois générations, ne bosse que lorsque l’envie lui prend et Christine Lewicki, la feuilletoniste de l’amitié sincère, chez Eyrolles, éditeurs, spécialiste de l’extase au travail.
Ce quatuor archi comblé en accessoires haut de gamme pour une vie en marge des 35 heures se permet de faire commerce de peps aux trimards que nous sommes, dans le plus absolu mépris qu’ils nous portent. À croire que nous nous ruerions sur leurs merdes à prix d’or. Et c’est malheureusement ce qui arrive. Le populo a besoin qu’on lui raconte des craques pour supporter la vie qu’il mène.
On est en plein délire du commerce mondial de type américain. La morale US s’inspire du douteux slogan du new deal : le bonheur est une conquête et c’est en bossant dur qu’on est le plus heureux. Si vous n’alignez pas les biftons de la réussite, alors suicidez-vous, vous êtes nul et le pays n’a pas besoin de vous.
On use du bonheur comme une marchandise. Vous consommerez, si vous êtes digne. Et pour le savoir, bossez d’abord. On verra ensuite.
Comme morale, on a fait mieux, même dans les temps antiques. L’esclave était maltraité, mais au moins lui, on ne l’emmerdait pas avec des slogans qui ne sont que des idéaux de soumission. Chez lui pas de perversion du stoïcisme. Il avançait le pied des maîtres au cul. Il n’y avait pas de fausse morale. Ainsi tout était réglé par un rapport de force et bon nombre de maîtres par un revers de fortune, apprenaient à leur tour la rudesse de la caligula de l’esclave !
On a changé d’époque et de nom. Les esclaves sont devenus des travailleurs. Les maîtres s’appellent aujourd’hui des patrons. L’esprit d’un monde dur et impitoyable, s’est transformé en celui d’un monde impitoyable et dur.
D’où le succès des recettes pour ne pas s’aller pendre après une journée de travail humiliante et sans intérêt.
Qui a besoin de se farcir les livres de ces dames et les conseils de ces messieurs ?
Des être fragiles qui se demandent ce qu’il leur arrive, happés juste après l’enfance et qui ne comprennent pas qu’un maître d’école qui les entourait de son affection, les envoie à l’abattoir social sans les munir d’un esprit qui les armerait contre la redoutable adversité qui les attend !
Qu’ils la mettent donc où je pense, leur pensée positive MM Ségala et Attali, puisque le seul effet de celle-ci est d’empêcher de penser.
Sous couvert de « sauver » l’humanité souffreteuse, ces gens jouent le rôle des poissons nettoyeurs des grands requins de la finance. Très utiles pour le système, ils sont absolument inutiles et nuisibles, pour le reste de la population.
Bon sang ! que les gens se dépendent et les pendent. Ils ont le matériel.
Ce serait la meilleure thérapie.