Toboggan !...
Les revanchards de la bourgeoisie malveillante, ceux qui, sans discontinuer, sont passés directement de la collaboration avec les nazis, au business américain à la Libération, de la foi chrétienne à la foi dans les affaires, puis dans le repli méfiant sur leur compte en banque, lors des Trente Glorieuses, cette même droite dissimulée dans les partis traditionnels, de gauche à droite, avec quand même une prédilection pour le MR N-VA, triomphe enfin dans les mesures réduisant les gagnepetits en crève-la-faim.
Ne tenant compte de rien, hormis son intérêt, la droite a trouvé dans l’Europe et dans la mondialisation, des alliés complaisants et sûrs.
Pour les années futures et dans la perspective d’une nouvelle crise annoncée par des spécialistes, la droite éternelle pourrait encore creuser de nouvelles sapes de revanche, puisque l’électeur déboussolé se prend pour le Christ, il croit qu’en se faisant crucifier, il montera plus vite au ciel !
Voici les treize stations au cours desquelles il aura l’occasion de tomber pour la ixième fois.
1. Pourquoi pas, au lieu du petit jeu des ouvertures des magasins le dimanche, faire de ce septième jour de la semaine un jour ouvrable comme les autres ?
2. On y travaillerait normalement dix heures par jour, mettant du coup la semaine de travail à 70 heures.
3. L’exception ne serait que dans l’ouverture des magasins de la nuit. Établir un rôle de garde permettrait dans chaque quartier de faire des emplettes de nuit, nécessaires à la suite de la prolongation des journées de travail et du temps passé dans les transports.
4. Évidemment pour le remboursement de la dette, le calcul de la rémunération du niveau zéro, à savoir l’essentiel de la population, serait établi par un comité des sages des partis traditionnels d’après des normes du Sri-lanka.
5. Les allocations sociales chômage / maladie seraient supprimées, de même les pensions allouées par l’État. Les hôpitaux et les maisons de retraite seraient payants. Ces mesures auraient pour effet de réguler la population par une hausse des morts parmi les inutiles et les vieux.
6. Les efforts des Administrations seraient portés sur la police, l’armée et la délation. Tous les autres services seraient supprimés. Seuls les parlementaires et les administrations, concourant à célébrer le renouveau démocratique, subsisteraient.
7. L’instruction publique n’existant plus, un système payant remplacerait l’école actuelle. On y enseignerait aux élèves toutes les sciences de progrès possibles. Cette élite serait chargée d’éduquer à son tour dans les usines les travailleurs nécessaires à maintenir les productions, dans la mesure des besoins de l’industrie et en fonction des tâches déterminées par ceux qui savent.
8. L’illettrisme ne serait plus considéré comme un fléau, mais comme la condition nécessaire de laquelle les plus inventifs et les plus convaincus sortiraient par un travail acharné et une volonté accrue de satisfaire les ordres de ceux qui savent.
9. Un nouveau code du travail régirait les rapports entre ceux qui savent et les illettrés. Par exemple, toute absence pourrait être sanctionnée par un renvoi immédiat sans indemnité. La pose de midi serait d’un quart d’heures maximum et non déduite des dix heures de travail. Elle aurait lieu sur le chantier ou dans le hall de l’usine. Tout dommage ou toute souillure résultant de cette pose pourrait être déduite du salaire sous forme d’amende.
10. Les syndicats et les partis de gauche (le PS étant un parti du centre) seraient interdits, comme le rassemblement de plus de cinq personnes à proximité des lieux de travail. En cas d’exception, ce rassemblement pourrait être réduit à trois personnes.
11. Les lois contre le racisme seraient élargies aux propos malveillants contre ceux qui savent, à toute velléité d’avoir une opinion sur la voie publique et à l’exprimer au détriment de l’ordre public.
12. La presse n’étant plus nécessaire aux illettrés, elle ne serait plus qu’électronique pour ceux qui savent, sauvant ainsi la forêt et la nature.
13. Il sera procédé tous les six mois à un durcissement de ce qui précède pour le bien général.
C’est une blague ? Non, ces treize stations des petites gens sont à peine exagérées. Elles se sont trouvées sous des formes diverses dans des codes de travail depuis le 22 frimaire de l’an VIII, la loi Le Chapelier, les codes successifs qui ont façonné l’ère industrielle en passant par des dates clés : décembre 1852, la répression des Communards 1871, la révolte russe de 1917, la SFIO 1922, 1945, droit de grève, 1968, etc.
Depuis 2009, point culminant du manège, le wagonnet, se trouvant au-dessus du toboggan, redescend à toute vitesse vers le 22 frimaire.
Ah !... on ne frime plus.