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« Soumission » de Houellebecq.

Cette chronique au jour le jour a vu de tout, sauf la critique automobile et la critique littéraire ou si peu. Aucune chance d’aborder les sports mécaniques, pilotage et description technique des bolides, c’est encore la critique littéraire qui me convient le mieux.
Justement, j’ai lu le dernier livre de Houellebecq « Soumission ». Ajouter un brin à tout ce qui a été écrit est hasardeux. Le romancier est déjà tellement révéré… ou exécré !
Avant d’entrer dans le détail, honnêtement j’ai des a priori. Je n’aime pas la facilité de Houellebecq à faire du remplissage à l’aide des textes de Wikipédia à peine modifiés, comme un mauvais élève qui sèche sur une description d’un site qu’il est sensé connaître. Les parties dites « osées » sont plaquées sur la trame de l’histoire, uniquement pour racoler une certaine catégorie de lecteurs. Ces moments de sexe ne sont gênants que parce qu’ils n’ont aucun rapport avec le récit. Ils interfèrent sur l’intrigue. Enfin, question style et choix des mots, la phrase suggère qu’une armée de grammairiens et de linguistes se sont emparés du brouillon pour l’épurer de telle sorte qu’on a perdu, en cours de route, la personnalité même de l’auteur et que, par conséquent, le texte est devenu moins intéressant par excès de la belle page « sans faute ». Houellebecq ne serait donc qu’un produit de marketing !
Que Houellebecq soit classé à droite et nous dit « détester la gauche » ne me fait ni chaud, froid. Je ne suis pas de ceux qui jugent un auteur sur sa couleur politique. Céline était un produit peu recommandable de la droite maurrasienne, cependant c’est un génie incontestable qui a marqué les lettres françaises, comme peu de grands écrivains l’ont fait avant et après lui.
« Soumission » est un livre trop long, trop à thèse, assez emmerdeur surtout vers son milieu. J’ai sauté quelques pages, lorsque l’intention de l’auteur devenait par trop visible. Néanmoins, il met en avant les interrogations les plus cruciales de notre temps sur notre avenir, que nous nous posons au risque de passer pour suspects dans les partis de gauche : les progrès de l’islam sur le continent européen !
Nous n’en sommes pas encore à la soumission et trop insister est aussi nuisible que trop en dire.

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Le seul critère sur lequel dans l’immédiat, nous nous référerons, est la perte de ce qui fait la culture et l’intérêt de la langue française par l’envahissement d’une multiculture qui n’est en réalité que les progrès de l’inculture dont l’islamisation n’est pas tout à fait responsable. Mais, conjuguée aux méfaits de la société de consommation, elle accélère la chute. Le cocktail est détonant. Il gagne du terrain et est encouragé par l’internationalisme aveugle de la gauche (Ici Houellebecq a raison). Faire abstraction de ce que nous sommes, parce que ceux que la gauche défend, outre qu’ils soient étrangers à notre culture, sont aussi des pauvres et des exploités, risque de mélanger les genres et de ne rien résoudre.
Qu’une sagesse et qu’une culture orientale naissent de l’envahissement « paisible » au point que Mohammed ben Abbes, le président de la république dans le roman, ait trouvé le moyen d’apaiser les scrupules de l’élite, et de concilier les cultures, mais pas les mœurs (ce qui est fort probable dans la réalité future), il n’en demeure pas moins que si un tel événement devait survenir (un musulman à la présidence de la république), ce serait probablement la fin de la culture française en même temps, que l’embrouillamini avec la culture musulmane.
Dans cette conjecture, non encore survenue mais peut-être proche, « Soumission » devient un livre prémonitoire.
Tout au long de l’ouvrage, Houellebecq admire Joris-Karl Huysmans et la vie littéraire foisonnante de la fin du XIXme siècle. Auteur complètement absent de la nouvelle culture lycéenne et encore moins présent dans celle des banlieues, j’avoue n’avoir lu Huysmans qu’avec peine et ennui, (À rebours), il y a bien longtemps. Il n’a jamais hanté mes nuits par son atticisme, comme le ressentit Gainsbourg et probablement Houellebecq.
François, le héros de l’auteur, professeur d’université dans le livre, le cite abondamment. La référence est significative. Huysmans s’est converti sur le tard au catholicisme. Il finira bigot. Alors qu’on devine François, sur le point d’adopter par confort et intérêt, la religion musulmane.
Soumission nous entraîne à Rocamadour en visite à la vierge Noire. François se retire à l'abbaye Saint-Martin de Ligugé où Huysmans fit retraite.
Par les citations et renvois à la littérature du XIXme siècle, Houellebecq a beaucoup lu les écrivains de cette période (1), avant de découvrir les vertus des encyclopédies virtuelles.
Quelques mots sur Léon Bloy, ce mystique enragé de la Sallette dont il ne dit rien du pélerinage, préfèrant Rocamadour. Avec quelques beaux poèmes de Péguy, il cite également Barbey d’Aurevilly et Rémy de Gourmont, que je considère comme le grand oublié du siècle.
Le livre nous prépare à une domination douce de Ben Abbes et de son parti La Fraternité Musulmane. Les laïques pourraient en être atterrés, mais que ne font-ils pas pour accréditer cette possibilité, quand ils pensent être au-dessus de la mêlée des religions, en les favorisant toutes.
Ali Baddou a donné son avis sur la valeur du livre « Soumission ». Il s’en est expliqué sur Canal «Je suis de culture musulmane, ça, c'est le hasard. Je suis profondément laïque, ce livre m'a foutu la gerbe. Autant le dire aussi simplement que ça. Je me suis senti insulté.»
Où je rejoins Baddou entièrement c’est que dans l’hypothèse d’une France mixte de Houellebecq, les femmes seraient reléguées à la maison. Elles n’existeraient plus dans le corps social, qu’en qualité d’épouses et de mères.
Pour Houellebecq, c’est le prix à payer d’une tranquillité retrouvée. C’est une des raisons de ne pas accepter la soumission, telle que la dépeint l’auteur !
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1. Le journal Littéraire de Paul Léautaud paru au Mercure de France est un beau raccourci pour se familiariser avec l’époque. Il est en dix-neuf volumes, mais les trois premiers suffisent pour comprendre cette riche période littéraire.

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