La déclaration…
Malgré leurs caractères plus ou moins universels, les règles de morale ne se déduisent pas par l’usage de la raison, elles sont du ressort du sentiment et du sens commun. Voilà pourquoi la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, dans sa rigidité écrite, est à la fois un absolu atteint difficilement et en même temps une déclaration généralement admise… et contournée par tous. Elle ne guide pas les actes, elle ne fait qu’accompagner le désir d’agir et la volonté, sans fournir de motifs d’action.
Voilà venu le moment d’écrire que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, respectée par les uns, décriée par les autres, n’est le plus souvent qu’une théorie inapplicable par les dictatures (on comprend pourquoi) et par les démocraties qui s’en prévalent, tout en les ignorant.
L’histoire de la Déclaration remonte bien avant 1789. Déjà en 1688 en Angleterre et en 1776 aux États-Unis, des textes garantissaient les droits de ceux qu’on appelait alors des Habitants, avant qu’ils ne deviennent par la suite des Citoyens.
Inspirés par Montesquieu, les réformateurs français adoptent à l’unanimité le 2 octobre 1789 les dix-sept articles fondamentaux.
Depuis le premier principe : la séparation des pouvoirs et les droits naturels de l’Homme, jusqu’au dernier, nous voyons cette chose étonnante d’une association contre nature des principes de la Déclaration cohabitant avec le développement d’un système économique, également universel, dont les règles commerciales sont tout à fait contradictoires !
L’abolition de l’esclavage de l’une s’oppose à l’obligation de travail de l’autre. Comment des Hommes poussés par la nécessité, c’est-à-dire par la violence, peuvent-ils être conduits à prendre leur part de travail, par la vertu du bien collectif à faire prospérer ?
Comment redresser la barque, alors que le principe même de la réussite économique est individuel, dans une lutte hégémonique incessante entre les Hommes en compétition constante ?
Les philosophes du XVIIIme siècle relevèrent que la noblesse de naissance n’était rien, et que celle innée du cœur était tout. Comment faire croire que les hommes naissent égaux en droit, puisque cette noblesse de naissance est prépondérante depuis que le titre nobiliaire est remplacé par l’argent ? Où est la différence, quand on passe du droit divin au rendement de l’Obligation des Fonds de pension ?
Mieux encore, l’argent accompagne le pouvoir politique pour n’en faire qu’un principe très inégalitaire qui affirme le pouvoir du riche sur le pauvre, du patron sur l’ouvrier, du ministre sur ses administrés !
Celui qui dépend d’un autre pour sa survie économique comment peut-il revendiquer une prise de parole égalitaire,?
Ce qui nous concerne directement n’est jamais évoqué, sinon avec hypocrisie par les chefs dans leur crédo d’une économie mondialisée. Quand les syndicats s’en préoccupent à la conquête d’une vie meilleure, ils nous reconnaissent implicitement inférieurs par des accords négociés avec les détenteurs des capitaux.
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen voilà, bien le miroir aux alouettes dont se prévalent les démocraties. Les menteurs sont partout et comme ils sont nombreux, puisque nous sommes sous la loi du nombre, ce sont les mensonges qui sont devenus vérités et les vérités qui sont des mensonges.
Voilà pourquoi nous croyons presque tous que le système économique s’allie harmonieusement à la Déclaration et sert même à sa propagation à travers le monde !
Comme l’écrivait Paul Valéry « La liberté est un de ces détestables mots qui ont plus de valeur que de sens ; qui chantent plus qu’ils ne parlent ; qui demandent plus qu’ils ne répondent.