La presse est unanime.
Ah ! ce qu’on se marre à la lecture des gazettes ce jeudi !
Si on avait pu sortir le premier ministre des décombres de son gouvernement six mois après le séisme qui a vu la N-VA entrer en irruption, nos équipes qui attendent toujours le feu vert pour le faire à Katmandou (1), ne seraient pas restées les bras ballants.
Ce n’est pas l’avis des sondés qui voient dans leur boule de cristal le MR doubler le PS en Wallonie : 26,1 % contre 25,8 % des intentions de vote. Voilà de la précision suisse. L’électeur wallon condamne l’action du gouvernement libéral, mais il plébiscite son parti !
Loufoque le journal, déjanté le sondeur ou maboul le sondé ? Et si les trois avaient en commun un petit quelque chose d’incongru et de déficient ?
À Jodoigne, berceau du michelisme, on pavoise. La fête du muguet sera triomphale. Plus on a de chômeurs, plus on vote libéral ! L’avenir est à l’éradication des chômeurs pour une société heureuse. On cherche une terre éloignée et inhabitée pour leur déportation massive. Quelqu’un a suggéré de repeupler les territoires conquis par Daech et singulièrement déserts ces temps-ci. Des jeunes gens, libéraux dans l’âme, n’ont pas attendu les charters. Ils sont partis en éclaireurs.
Pendant ces discussions sur l’avenir des populations désœuvrées, la FGTB prépare son Premier Mai par renoncer à sa journée de grève générale du 18. Voilà qui va encourager les militants à rester chez eux. D’autant qu’il fera caillant et que voir les majorettes en survêtement n’est pas en soi une promesse de redressement.
Toujours secourable envers ses compatriotes de gauche, l’ardent pharmacien recyclé en président du MR, suggère à son homologue Di Rupo de transformer une opposition trop agressive en une méditation sur une icône du parti : François Mitterrand, qui revient à la mode depuis que l’autre François, celui de la belle Julie, se prend pour un nouveau Tonton providentiel.
Sur fond de gare de Mons qui prend du retard, le vieux machin du PS avait déjà pris un sacré tournant dans les tons rose clair. Il est donc sur la bonne voie pour que les trains partent à l’heure de l’apaisement.
Quant à la dernière trouvaille pour accabler Laurette Onkelinx, en remontant des bas-fonds de l’histoire celle de son grand-père collabo, c’est bien là une perfidie de gazetier qui rapporte les vapeurs d’égoûts d’un journaliste flamand. Il eût été plus élégant de la part de ce plumitif-propagandiste MR, de stigmatiser cette idée particulièrement dégueulasse de reporter la faute d’un mort sur la tête de ses descendants.
On sait que les journalistes du Soir manquent de délicatesse. À force de servir la soupe à des malfaisants, ils le sont devenus !
Pour ce qui en est du maïorat sous l’Occupation, il en est de même des autres fonctionnaires de la police et de la gendarmerie qui ont été des collaborateurs sans le vouloir, à une époque où il fallait fermer sa gueule pour garder son statut ou entrer dans la Résistance. On le sait aujourd’hui, les héros n’ont jamais été nombreux dans la classe politique.
Le mot de la fin de cette revue de la presse qui n’ose pas dire son nom revient à Joëlle Milquet qui va concocter un programme inédit à la jeunesse qui ne veut pas suivre des cours de religion ou plonger dans la philosophie. Je propose un cours d’histoire des étapes de la carrière de Joëlle Milquet : ses démarches, ses discours, ses amours, avec tabloïd et photos osées.
Ainsi la Communauté française n’aurait plus à débourser les salaires des fonctionnaires détachés au service de Joëlle Milquet, lors de ses campagnes électorales. Il suffirait de sélectionner les meilleurs élèves de ce cours.
Je tairai l’apologie de Maggie De Block par l’ensemble de la presse francophone. Elle est victime de ce qu’on appelle « la présence » pour un comédien au cinéma. À la différence d’un Gabin ou d’un Delon, Maggie a surtout le talent de prendre à elle seule la totalité de la pellicule d’un plan rapproché, ce qui fait qu’on ne voit que le début de la calvitie de Charles Michel et trois boutons du veston du fils De Croo.
C’est un avantage que les grands-gros connaissent bien dans les partis. Quand ils arrivent au premier rang, l’électeur derrière ne voit plus rien.
C’est con quand même, l’engouement public !...
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1. Écrit avant que l’équipe plie bagage.