Nathalie Wood ? Non, Susan Wood !
Les premiers ministres font trois petits tours et puis s’en vont, sans autre forme de procès. On les retrouve bien pourvus et planqués quand ils sont encore « avenants », comme Guy Verhofstadt qui s’est jeté dans l’arène européenne ou Élio Di Rupo, retour au bercail, pantouflant dans ses docteurs Jeva, laine et feutre garanti, et qui se méfie du PTB et de son populisme.
Il y a aussi des vieux timoniers blanchis sous le harnais, qu’on dépose dans le cocon d’une banque et à qui on promet des funérailles nationales. C’est le cas de Jean-Luc Dehaene, mort comblé d’honneurs.
Enfin, il y a ceux, importants aussi, mais qu’on hésite à caser, parce qu’on sait qu’ils se feront remarqués et, qu’en général, on n’aime pas que les gens recasés la ramène sur leurs problèmes personnels et sur leurs manies d’enfant gâté, à qui on passe tout. C’est le cas d’Yves Leterme.
Les gens sérieux qui suivent la politique belge ont froncé les sourcils à la manie de Leterme d’envoyer des tweets personnels, lorsqu’il était en déplacement officiel. Est-ce le roi Albert II qui l’aurait inspiré ? Le tweet du Congo est resté dans les annales. Son "Not at all. I Want to learn to know you. You to ?" (Non pas du tout. Je veux apprendre à te connaître. Toi aussi ?) a fait le tour de la planète. D’autres encore ont suivi. À l’été 2011, il s’est un peu calmé ! Avait-elle enfin appris à le connaître ?
Où caser cet oiseau-là après l’apothéose de deux fiascos de gouvernement, assortis de nombreux gags, dont la Belgique, qui n’aime pas le populisme, s’est sortie par des pirouettes linguistiques ?
La pénurie d’emplois n’existant pas à ce haut niveau, on l’avait planqué à l’OCDE, à Paris. Belle rémunération, appartement de fonction VIIme arrondissement et un temps fou pour la pause de midi, la sieste pendant les fortes chaleurs et la possibilité de facturer les tweets galants par les fonds-sources. La vie de château en roue libre…
Mais l’orgueil, on avait oublié l’orgueil, quand on a été premier ministre, ça vous monte des couilles à la tête. On en sait quelque chose avec Di Rupo, très chatouilleux sur son Mons 2015, qu’il incarne comme s’il était la grand-place en personne. Et Yves Leterme n’était que secrétaire ou directeur général, on ne sait plus, ADJOINT de l’OCDE ! Adjoint, le mot est atroce pour certains hauts destins.
La honte, en quelque sorte pour un homme qui espérait encore décevoir tant de monde, avant de prendre sa retraite.
Changer de crèmerie ? Il fallait faire vite. Le CD&V sera-t-il encore influent dans les années à venir ? La N-VA est son tyrannosaure Rex en Flandre.
Sauvé de l’opprobe en 2014 ! L’adjoint disparaît. Le titre de secrétaire général à l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale est plus ronflant. C’est quand même autre chose.
C’est la parfaite tarte à la crème. Le job consiste à offrir de l’argent à des États corrompus pour organiser des élections apparemment conforment à ce que doit être un état démocratique. On voit que les critères sont élastiques et que seuls sont exclus les populistes trop visibles. Heureusement que dans les pays qui bénéficie de l’aide de l’IDEA, aucun des dictateurs ne l’est.
Une seule obligation pour le secrétaire général : pas d’histoire de tweets, que l’on pourrait traduire par « pas d’histoire de cul » et une conduite irréprochable dans le domaine des factures et appels d’offres.
Patatras ! la Libre nous publie un de ces malheureux papiers dont la gentry belge aurait pu se passer : « L’ancien Premier ministre belge, actuellement à la tête de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA), est critiqué pour la gestion de cette organisation intergouvernementale basée à Stockholm. Un ancien membre du personnel l’accuse dans la presse suédoise de favoritisme et de gaspillage d’argent, des accusations qu’Yves Leterme rejette en bloc. »
Toujours trahi par les femmes, notre impétueux twitteur aurait été « dénoncé » par une ancienne collègue chargée de communication, qui s’est exprimée dans le quotidien suédois Dagens Nyheter. Susan Wood, employée depuis octobre 2014 à l’IDEA. Elle a été licenciée au mois d’avril. Elle affirme avoir été renvoyée après avoir refusé de verser une facture de 26.000 euros à un consultant flamand pour le lancement d’un livre sur l’IDEA. D’après elle, le consultant n’avait pas correctement fourni le travail demandé, mais a tout de même bénéficié de la protection d’Yves Leterme. Toujours selon l’ancienne collaboratrice d’IDEA, Yves Leterme aurait engagé deux Flamands qu’il connait bien, alors que l’un d’eux n’était pas arrivé en tête de la procédure de sélection.
Ce n’est pas tout :
Susan Wood accuse également l’ancien Premier ministre de gaspiller de l’argent. Elle évoque ainsi un ouvrage qui aurait coûté 600.000 euros, dans lequel d’anciens dirigeants du monde parlent de procédures électorales. Des accusations que Leterme rejette en bloc, tout comme l’info selon laquelle les autorités suédoises auraient ordonné une enquête à l’encontre d’IDEA.
On en est la. Leterme va se défendre comme un beau diable. La Belgique stricte et antipopuliste compte sur lui.
Tout le monde sait bien qu’on ne s’engage pas à défendre la démocratie chez les dictateurs en étant soi-même un drôle d’oiseau.
J’ai essayé de surprendre Susan Wood sur Google. Un visage avenant aurait tout expliqué. Je n’ai vu que la silhouette de Nathalie Wood, la star d’Hollywood au temps de la guerre froide. Elle avait, dit-on, la capacité de réchauffer n’importe quel bonhomme à plusieurs mètres de distance !
« You to Susan ? ».