Rigueur et négligence.
C’est un mélange très répandu dans les milieux décisionnels. 250 contrôleurs de l’ONEM pour le contrôle des chômeurs et une poignée de fonctionnaires à la chasse des gros fraudeurs au Ministère des Finances. Cherchez l’erreur ?
Après « son » 1er mai à Jodoigne, Bart Tommelein (VLD) ne pouvait en rester là. Quand on fait partie du gouvernement Michel, on doit rassurer les grands acteurs de l’économie, et les convaincre qu’on ne visera que les petits fraudeurs. Et pour y parvenir, tout est bon, y compris l’amalgame qui aboutit à suspecter tous les chômeurs.
Cet Ostendais, secrétaire d'État à la Lutte contre la fraude sociale, à la Protection de la vie privée et à la Mer du Nord (curieux mélange) a choisi sa croisade : celle de la traque du chômeur. Et pour cause, la protection de la vie privée n’existe pratiquement plus, depuis que le salafisme fait tâche d’huile chez les jeunes musulmans. L’Intérieur permet à n’importe quel flic bien placé de sonder les esprits et les fonds d’armoire. Quant à la Mer du Nord, c’est du domaine exclusif de la N-VA et ce n’est pas à un peigne-cul libéral qui mettra le nez dans les dossiers de Bart De Wever.
Reste le chômeur, unique cible, comme le dit jadis Camille dans l’Horace de Corneille : « Rome, unique objet de mon ressentiment ». Ça tombe bien Bart Tommelein l’exècre, à l’image de son cher Alexandre De Croo, lui aussi grand profileur des petits fraudeurs.
Ce VLD raisonne ainsi : « Comment vivre avec moins de mille euros par mois sans frauder ? Moi qui vis avec trente fois plus et même davantage (merci la démocratie), il m’arrive parfois de ne pas boucler mes fins de mois ! Donc tous ceux qui perçoivent si peu doivent frauder pour survivre ! »
Raisonnement sublime, comme l’ont parfois quelques génies de la scélératesse.
Tommelein et le chômeur vivent des deniers publics. Ils ont cela en commun, c’est un fait. La comparaison s’arrête là. Le ministre perçoit son fric comme un dû et prend de haut les bailleurs de fonds, cette race maudite d’hypertaxés que nous sommes. Ils ne dépendent pas moins l’un et l’autre d’une certaine bonne volonté de l’électeur à les nourrir. Ce qui n’empêche pas le premier d’être le chien de chasse aux chausses de l’autre. En ma qualité de bailleur de fonds, si je puis me permettre, ça ne me gêne pas du tout de verser ma contribution au sauvetage du chômeur. Par contre, à la pensée que je doive nourrir Bart Tommelein mes cheveux se hérissent, surtout que ce type à un appétit inquiétant, puisqu’il consomme à lui seul, plus que trente chômeurs réunis !
– Des pauvres qui volent le pain des riches, c’est le monde à l’envers !
L’Ostendais enrage qu’on ne puisse pas mieux désosser les fraudeurs au domicile. On sait qu’une poignée de sous sépare le cohabitant de l’isolé. Vous me direz, n’y aurait-il pas mieux à faire dans le domaine de la fraude ? Rien qu’à se poster un jour ou deux par mois devant les banques luxembourgeoises ou reprendre sérieusement en main les intérêts notionnels et voilà quelques millions d’euros récupérés vite fait bien fait, chez des voyous de haut vol, plutôt que de grappiller quinze euros par-ci et trente par-là à des misérables !
Tommelein ne l’entend pas ainsi. Il va mobiliser un personnel déjà surchargé pour des missions autrement exaltantes à éplucher les factures de gaz, d’électricité, d’eau et autoriser les contrôles inopinés au domicile des personnes bénéficiant d’une allocation de chômage.
Quand on pense au discours du premier mai de ces hardis coquins que sont les libéraux, avec le pompon : la gueulante d’Olivier Chastel tendant la main aux syndicats et au parti socialiste, pour une concertation autour des problèmes sociaux, quel cynisme !
La loi Onkelinx qui consistait à prévenir le chômeur de la visite d’un inspecteur, c’est trop pour Tommelein. Dorénavant le chômeur n’aura plus aucun droit, y compris l’inviolabilité de son domicile comme tout un chacun. C’est presque « À poil sur le palier au coup de sifflet pour la fouille au corps ». C’est tout juste si le chômeur aura droit au port obligatoire du doigtier pour la visite « in the baba » !
Pour un ministre protecteur de la protection de la vie privée, on peut dire qu’on n’est pas loin des méthodes de la Gestapo !
Le secrétaire d’Etat libéral flamand espère surtout que la mesure aura un effet dissuasif.
On ne croit pas trop à son petit geste à la saisine d’un juge d’instruction au cas où le chômeur garderait porte close obstinément. Ces messieurs vont trouver une astuce dans la loi pour la défoncer, cette foutue porte !
Ce Tyrannosaurus rex ressuscité du Crétacé pour notre plus grande honte est heureusement Flamand. On espère ainsi, à la scission du pays à partir de la législature suivante, qu’il poursuivra sa carrière sur un sol étranger et que, dans une Wallonie indépendante malgré elle, on lui refusera un visa d’entrée.
Commentaires
Je peux vous dire que votre article a fait le "buzz" sur FB....
Bonne soirée Henri
Postée le: reiter | mai 5, 2015 11:02 PM