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La grande pitié des besogneux de l’écrit.

Voilà bien les faux-culs de la presse belge démasqués dans l’affaire Chodiev. En donnant la priorité à l’information selon laquelle Armand De Decker pourrait aller en justice suite aux « accusations mensongères et calomnieuses » portées à son égard dans l’affaire Chodiev, la presse belge escamote l’affaire proprement dite en la faisant passer au deuxième plan. Les derniers rebondissements et les témoignages, ainsi que le rapport de Tracfin deviennent des détails !
Si bien qu’elle épouse la cause d’Armand De Decker et embarrasse les lecteurs.
Est-ce Bel Armand qui a convoqué les Roule-ta-Bille ou a-t-il envoyé une lettre comminatoire aux gazettes, genre « droit de réponse » ? Personne ne le sait.
Vous me direz, les lecteurs mécontents pourront toujours s’informer dans la presse française.
En pratique, on met moins de gants et moins de conditionnels, quand il est question d’une affaire mettant en cause un citoyen ordinaire. Vous voyez d’ici ce que ça donnerait : « Dupont envisage de porter plainte pour diffamation dans l’affaire des becs de cane volés dans un supermarché ».
Pourquoi ne croit-on plus les journaux quand un personnage politique important est mêlé à une affaire qui pourrait tourner au scandale ?
Parce que la presse n’est plus ce qu’elle était aux mains d’actionnaires trop près du pouvoir, au point d’en avoir perdu toute crédibilité, dans des affaires qui touchent « la raison d’État ».
En outre, les journaux ne sont plus en Belgique d’investigations, mais des organes de presse de défense des autorités en place. Les journalistes ne sont plus indépendants, ils doivent en référer aux instances pour les affaires « sensibles ». Ils entérinent les actes – même délictueux – perpétrés en haut lieu.
Bien entendu, quand « celui qui pourrait porter plainte » est enfoncé jusqu’au cou dans une affaire où il n’a pas assez joué à l’Indien effaçant toutes les traces de son passage, personne ne peut plus rien pour lui, sinon l’indulgence de la Justice qui depuis la Libération n’a flanqué aucun haut personnage en prison, pour concussion et trafic d’influence. On pense immanquablement à Kubla, traînant d’autres casseroles que la marmite à pression de Chodiev.
Et encore, lui aussi finalement, pourrait porter plainte suite « aux accusations mensongères et calomnieuses ».
Et il serait bien capable de gagner un procès de ce genre ! La recette est simple, il suffit de détacher des accusations, celle qui paraît la plus fragile, formulée sans preuve parce qu’elle découle logiquement des autres.
N’importe quel escroc est rompu à cette technique.
Et puis, il y a la force que confère le pognon, quand on en a ramassé à gogo, en distraire 10 ou 15 % pour la voracité des robins, ce n’est rien. Comparativement, avec son salaire minuscule, un journaliste ne fait pas le poids.

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Il lui restera toujours la ressource d’un démenti afin de rassurer « la victime » des calomnies. On voit d’ici l’article :
« Nous avons diffusé une information qui paraissait recoupée par des sources différentes, mais qui s’est avérée inexacte. Cette information étant de nature à porter préjudice à un tiers, la rémunération légitime qu’un avocat aurait perçue pour la défense de son client ne pourrait être considérée comme une faute. Nous prions cette personne de croire à nos regrets sincères »
Le grouillot regrette, ne cite pas de nom, mais tout le monde sait qu’il a enlevé son froc et reçu le coup de pied au cul de « L’Haut-Lieu » outragé.
Ensuite, ce qui pourrait arriver de pire serait la lettre de licenciement six mois plus tard de sa direction, pour restructuration ou pour incompétence, au choix.

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