Munitionne-moi, Darling !...
Le businessman de nos démocraties nous dit « fais-toi du pognon si t’es un homme ». Il ne nous dit pas la morale, ce faisant. On en a conclu qu’on pouvait se faire du blé par tous les moyens, y compris illégaux, et qu’il n’y avait qu’une astreinte « faire gaffe à ne pas se faire prendre ».
Si bien qu’on a une gamme d’entrepreneurs allant du petit malfaisant au grand, les autres industriels végètent. La plus grosse part des hébétés sont honnêtes et bossent pour un employeur qui l’est moins.
Voilà en gros, le spectacle qu’offre notre système aux yeux ébahis du Huron de Voltaire.
Ces entrepreneurs engraissent pas mal les États pudibonds qui se félicitent sous cape des zonings bien fournis en mitraillettes derniers modèles. C’est la corporation des fabricants et des marchands d’armes.
Si l’industrie sait vous vendre une foreuse 1000 Watts pour 39 €, la même peut vous sortir une kalachnikov pour le même prix, même moins cher ! C’est dire le pognon que ça peut faire quand l’outil à tuer peut être vendu cinquante fois plus, parfois même davantage, de son prix de revient.
La cigarette de contrebande paie moins et la came exige des réseaux, des chimistes, des transports à risques, si bien que les armes offrent plus de pognons pour moins d’angoisse. Les drogués en manque forment une clientèle pas très rassurantes, tandis que l’EI (l’État Islamique) est réglo et paie cash.
Que demander de plus à l’homme d’affaires, qu’il soit américain ou russe, voire belge ?
Pour les licences d’exportation, il suffit d’avoir dans sa manche un pays du golfe ou voire la Turquie qui voit d’un mauvais œil les Kurdes se faire un État à sa frontière avec la bénédiction des Occidentaux.
Le monde croule sous les armes. De la Syrie à l’Irak, du Sahel ou du Nigéria, de l’Égypte à la Palestine la guérilla s’équipe vite fait, bien fait, au prix de gros. Quant aux pièces lourdes, l’arsenal de Kadhafi bien pourvu en tanks et canons y pourvoit, les revendeurs se font des couilles en or, dans ces contrées « charmantes » où les têtes des ennemis remplacent les pigeons de terre cuite, dans le Tir au Clays.
Ne nous y trompons pas, Daech ne massacre pas à l’aveugle ceux qui ne croient pas à ses fariboles, les techniciens dont elle à besoin, fussent-ils israélites ou évangélistes, sont accueillis avec de grands égards.
La dernière édition du Small Arms Survey : Weapons and the World établit le montant global des ventes d’armes personnelles. Il a presque doublé entre 2001 et 2011. Depuis, il augmente régulièrement, avec 5 milliards de dollars échangés sur ce marché en 2012. Et ce n’est que la partie émergée du trafic. Le reste, dans les obscurités propices aux gros marchés, on n’a pas idée de l’ampleur du business.
Bien entendu, les costauds de l’achat/vente sur le marché mondial, restent les Américains, talonnés par les Russes. Poutine a monté un commerce mondial de la kalach qui croule sous les commandes. La Chine montre son museau en 3me position, après les chemises à 2 €, les armes sont à prix sacrifiés.
Pourquoi ces messieurs hautement moralistes se gêneraient ? Le job est parfaitement légal.
Les revolvers, pistolets automatiques, fusils, carabines, pistolets-mitrailleurs, fusils d’assauts et fusils-mitrailleurs, se plient en quatre et se transportent en kit, dans des boîtes en plastique moulées autour. Le matériel plus lourd s’achemine en caisses vers les oasis.
La guérilla équipée de neuf est combattue par « les forces de l’ordre », avec le même armement provenant du même marchand d’armes.
Le roulement vente-utilisation-hors d’usage est bref !
L’instabilité croissante du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord depuis la fin des printemps arabes y trouve son origine. Vous voyez d’ici Daech réduit à l’arme blanche ? Si le salafiste se résignait a poignardé un vendeur chiite de loukoums dans un souk de Sidi-Bel-Abbès, le fait-divers de trois lignes dans Alger-Matin, passerait inaperçu !
Je l’ai toujours dit, ce n’est pas Daech le problème, c’est le fournisseur.