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On remet à demain ?

L’homme public, qu’il soit dans le privé ou dans le business électoral est avant tout un expert en communication. Il ne dit rien qui soit de nature à freiner sa carrière dans un élan vers le succès.
Voilà pourquoi dans ses apparitions sur les chaînes de télévision ou à la radio, il apparaît si mesuré, si terne en fin de compte, avec une phraséologie qui finit invariablement par ne dire que des choses banales et conventionnelles.
Ce comportement se répercute dans sa vie professionnelle. Il répugne à se lancer, à prendre des responsabilités où il pourrait être seul à subir un échec le mettant en évidence aux yeux de l’opinion.
Comme l’anaphore de François Hollande, la procrastination est un mot qu’on n’employait plus dans le langage courant, revenu à la mode à propos des tergiversations de François Copé l’année dernière.
Mais, il dénonce parfaitement cette valse hésitation de la politique d’aujourd’hui qui a sur les grands thèmes pris l’habitude de toujours remettre au lendemain, ce qu’elle n’est pas du tout décidée à faire le jour même. Hélas ! le lendemain est un terme qui veut dire le plus souvent « jamais » !
C’est la maladie mortelle des civilisations moribondes : la nôtre !
La morosité générale, nourrie en grande partie par la tournure inattendue que l’économie a prise, pousse les Belges à la conviction que le siècle, à peine à ses débuts, est fini… si l’on excepte ceux qui professionnellement vivent de l’exposition de leur bonheur.
Et c’est vrai qu’avant le dérapage du capitalisme carnivore, le monde déjà fort imparfait, était mieux fichu. Les plus malheureux y avaient encore l’espérance des jours meilleurs au fond du cœur.
À chaque apparition de Charles Michel, on a l’impression qu’il va s’arranger pour nous retrancher un petit quelque chose, à l’image de Bacquelaine pour les pensionnés.
Au lieu de réagir à cela en contre-attaquant, les partis de contestation sont atones. Le PS est le creux des ronds-bosses du MR, l’extrême gauche cherche à recruter des militants, il en vient, mais pas assez.
Au lieu de s’apercevoir que les travailleurs travaillent et que les machines sont de plus en plus performantes, quelqu’un quelque part vole les bénéfices du labeur des gens. Nous entrons dans le jeu des économistes mondialistes et de leurs valets que sont devenus nos hommes politiques. Nous croyons que pieds nus et en chemise nous remettrons la Belgique à flots, alors que le navire n’a jamais si bien navigué quand on voit les mines épanouies des riches et des ministres !
Pourquoi se gêneraient-ils en haut-lieu ? Les procrastineurs procrastinent, ils ne se sont jamais si bien portés ce faisant. Et pas qu’en Belgique…

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Charles Michel procrastine en ne prenant pas les décisions qu’exigent la montée d’un chômage structurel et en saupoudrant sa politique d’attente de mesures anti ouvrières, dans l’illusion qu’engraisser le capital, c’est relancer l’activité économique.
Obama procrastine en ne renvoyant pas de troupes en Irak face à Daech. Hollande, Merkel et encore Obama ne font rien pour réduire les monstrueuses inégalités dans le monde. Ils s’en fichent et selon leur point de vue, ils n’ont pas tort, puisqu’une majorité d’électeurs trouve qu’ils procrastinent bien !
L’Europe s’est faite une spécialité de la procrastination. On laisse mijoter la Grèce au milieu d’un océan de désastre et Christine Lagarde du FMI préconise encore de diminuer les pensions des Hellènes comme garantie d’un nouveau prêt, tandis que dans le port d’Athènes les yachts des milliardaires internationaux balancent mollement au-dessus de l’accore, retenus par des cordages de soie.
Sans parlement propre à la zone et un budget européen on ne prend pas de décisions salvatrices, sur le temps que meurent en Méditerranée des êtres humains coupables de fuir des pays en guerre, parce qu’ils croient à l’accueil des européens.
On invente partout des mesures intermédiaires afin de marier l’huile et le feu : les religions avec la laïcité, en espérant que se résoudront seuls par des comédies amoureuses, les problèmes issus des confessions différentes de plus en plus exigeantes, dans la brûlante actualité de la montée de l’islamisme violent.
Quant aux entreprises, il n’y a que des procrastineuses. À se demander si d’embaucher le moins de monde possible ne constitue pas un moyen d’obtenir le plus d’aides non remboursables de l’État.
Bref, on croit qu’il vaut mieux d’attendre que faire. À ce petit jeu, seuls les riches s’en tireront toujours. Le jour où les électeurs comprendront cela, ils ne procrastineront plus. Pour Charles Michel et consort (Di Rupo est dans le consort), les pommes seront cuites et nous recommencerons à espérer.

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