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Une lâche complicité.

Qu’elle soit au Fédéral ou au Régional, Joëlle Milquet n’a jamais pu s’empêcher de gloser partout et d’émettre un avis sur tout, même sur ce qu’elle ne sait pas et qu’elle apprend la veille de prendre une décision.
Les journaux : « La ministre de l'Education, Joëlle Milquet, a préconisé vendredi soir de "rendre à nouveau le cours de morale neutre", après la révélation d'un arrêt particulièrement critique du Conseil d'Etat à l'égard de son avant-projet de loi sur l'encadrement pédagogique alternatif (EPA). »
Mais justement, un cours de morale ne peut pas être neutre. N’est-ce pas le seul lieu où il est possible de défendre la laïcité et comment la défendre sans démontrer les nuisances qui l’entourent, afin de dégager les principes qui différencient le bien du mal ?
Si c’est baptiser « cours de morale » une pédagogie qui s’arrête à la défense de cracher par terre, de répondre poliment à un passant qui vous demande l’heure et de ne pas nuire à son prochain (et encore sans entrer dans des explications), voilà qui ne servira pas l’élève dans son devenir de citoyen.
Et donc ne servira à rien.
De même le Conseil d’État qui a retoqué le chef-d’œuvre jésuitique de la brouillonne ministre, bat le beurre aussi en parlant de problème de neutralité.
Mais que ce soit le cours de morale ou le cours de religion (surtout ce dernier) et aussi l’EPA (Encadrement Pédagogique Alternatif), la neutralité n’est que l’illusion qui cache la réalité d’une volonté de mainmise du religieux sur tous les domaines qui touchent à l’éducation des enfants.

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Comment justifier un cours de morale sans s’aventurer dans les malheurs du siècle qui sont les purs produits des religions ? Du reste, les cours de religion ne se privent pas d’en remettre tout autant sur « l’horreur » de ne pas croire en Dieu de ceux qui fréquentent le cours de morale.
Pour peu qu’un enseignant soit quelque peu lettré, oui il en existe encore, il est difficile de passer sous silence la critique fondamentale du religieux, par presque tous les philosophes et résumée par Spinoza.
1. La critique du concept culturel du religieux dans son rapport extérieur à Dieu : l’adulation et non l’adoration devant laquelle la foi disparaît.
2. La dénonciation de l’incongru de l’apparat dans un monde misérable. Les religieux se servent de la foi et ne la servent pas.
3. La relation complice de la religion avec les puissants, quand les prêtres et les ayatollahs ne se substituent pas eux-mêmes au pouvoir séculier.
4. L’attachement aveugle aux Écritures divines ou inspirées qui ne peuvent être critiquées dans leurs formes et leur origine et qui conduisent à des aberrations de jugement et des valeurs.
5. Enfin les luttes souvent sanglantes entre les religions censées promouvoir l’amour et la paix.
En vérité de ces cinq points qui font partie de la libre discussion en cours de Morale, Spinoza ne fait que souligner ce que toute projection un peu censée sur « l’esprit » des religions devrait ouvrir à tous : la dénonciation de l’absurdité intellectuelle et la violence dogmatique hors de la raison et de toute forme d’intelligence, des croyances.
La Cour constitutionnelle, en ouvrant la possibilité pour les parents de l'enseignement officiel de demander dorénavant que leurs enfants soient dispensés de suivre les cours de morale ou religions, se débarrasse de la responsabilité de défendre la laïcité essentielle à toute démocratie. Joëlle Milquet se conduit en marchande de tapis d’un souk d’Arabie Heureuse.
Ce n’est pas ainsi qu’on pérennisera la liberté des cultes et la liberté de les critiquer.
Ce n’est pas ainsi que l’on défendra le principe démocratique de la liberté de conscience.
Le laxisme de l’une et l’autre est profondément écœurant. Après le relâchement de l’étreinte des curés, nous voilà sous l’étreinte des ayatollahs et des mollahs.
Dans un pays où la lâcheté tient lieu de prudence et la servilité de politesse, on ne pouvait pas plus mal tomber que d’avoir une Joëlle Milquet et une Cour constitutionnelle acoquinées, même si officiellement elles divergent.

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