Une lâche complicité (suite)
Après ma réflexion d’hier sur les atermoiements lamentables de Milquet, je ne suis pas loin de considérer qu’un grand ministre serait celui qui déciderait que les cours de morale sont obligatoires et les cours de religion facultatifs !
Ce qui m’emmerde dans le cafouillage entourant les croyances, ce ne sont pas les prodiges réalisés pour nous séduire, c’est le fait que les prosélytes des différentes religions revendiquent tous un Dieu unique : le leur. Tous les autres sont des ersatz, des imposteurs, des moins que rien.
Les croyants se croient l’âme militaire et se tapent dessus d’une chapelle à l’autre. Quant à la foi, il faut avoir beaucoup d’imagination pour sortir des réalités et de la philosophie pratique. On peut dire que le croyant n’en manque pas.
Cela n’aurait pas été plus loin, si l’on s’était arrêté à la mythologie gréco-romaine. Il y en avait pour tous les goûts. Des guerres se nouaient et se dénouaient, mais c’était entre eux. Zeus ou Jupiter créèrent des sous-dieux ou des demi-dieux, que nous les eussions appelés des Saints ou des prophètes par la suite, le tour était joué. Mais non, il a fallu déjà qu’un esprit concurrentiel précapitaliste s’installe, pourrait-on dire, et qu’on en arrive aux mains pour l’affirmer.
Personne n’ose imaginer depuis, qu’ils sont peut-être tous des supercheries nées de l’imagination des hommes, et qu’il n’y a finalement personne au-dessus de nos têtes.
L’histoire se répète. En 2015, croire ou ne pas croire est redevenu dangereux !
Parce qu’il y a un retour du religieux sous une forme directement politique ? Non, parce que nos dirigeants sont des lâches et des calculateurs.
Aujourd’hui, l’Islam est la cause des désordres. Hier, c’était une autre chanson tout aussi « miraculeuse ». Malgré les dérapages nombreux, l’Occident ne veut pas entendre parler des causes et ne parle que des dérives, par exemple que les musulmans violents seraient de faux musulmans. On comprend bien une démarche qui ne veut pas mettre tout le monde dans le même sac et qu’il faut, bien entendu, écarter du soupçon une multitude de croyants qui n’ont pas des intentions belliqueuses, mais est-ce pour autant qu’il faille prétendre que, de cette religion ne naissent que des âmes nobles et charitables ?
C’est ici que la laïcité a perdu toute son efficacité pratique dans nos démocraties, par le peu d’enthousiasme que les partis mettent à la défendre.
Cette crise se manifeste par la volonté de remettre en cause les formes diverses de la laïcité.
On a vu ainsi que la gauche ne s’est pas privée de grossir ses rangs par la pêche aux voix en préconisant une laïcité « ouverte ». Qu’est-ce sinon une lâcheté intellectuelle à l’égard des religions, par le refus de procéder à la critique de leur manque de rationalité ?
Évidemment, on peut être « citoyen et croyant ». Il n’y a pas incompatibilité. La croyance s’exprimera éventuellement dans le vote. Mais il ne saurait y avoir de « citoyens croyants », soit des citoyens faisant de la démocratie qui est par principe une tribune laïque, un moyen de s’exprimer publiquement en qualité de croyants. Les fonctions électives doivent avoir pour objectif de n’être en rien impliquées dans les religions. Le fait de s’afficher avec un voile pour siéger dans des instances politiques montre bien qu’il y a un amalgame qui ne peut être toléré.
C’est une question de principe. Mais, la défense des principes impose à ceux qui les défendent d’en être pétris… pas que les religions qui fourmillent d’imposteurs.